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Rencontre avec Raphaëlle Dedourge des Nouvelles Voix

Raphaëlle Dedourge est la fondatrice et présidente des Nouvelles Voix, une association qui rassemble les femmes entrepreneuses francophones de Berlin.

Raphaëlle Dedourge Les Nouvelles VoixRaphaëlle Dedourge Les Nouvelles Voix
Portrait de Raphaëlle Dedourge - Les Nouvelles Voix © Julie Meresse
Écrit par Laura Dubois
Publié le 24 juillet 2023, mis à jour le 25 juillet 2023

Raphaëlle nous a donné rendez-vous dans le café de la Factory, un immense espace de co-working installé dans des anciens locaux industriels, juste à côté du Mémorial du Mur, sur Bernauer Strasse. Assise à une table près de l’entrée, Raphaëlle travaille à son MacBook. En plus de la gestion de l’association, celle qui est aussi mère d’une fille de 13 ans, est à la tête d’une agence de traduction. « Avec mon métier, on peut vivre et travailler où on veut, » explique-t-elle. Arrivée à Berlin en 2017 par « choix de cœur », la jeune femme fonde les « Nouvelles Voix » en 2018, un réseau de femmes entrepreneuses francophones.

 

De Facebook à la Factory

« On m’avait dit : ‘ Tu verras, c’est difficile de se faire un réseau à Berlin ! ‘ », se souvient Raphaëlle. La traductrice a longtemps exercé à Paris avant de prendre la décision de déménager. « En 1995, j’ai eu un coup de cœur pour Berlin, et j’ai toujours dit : ‘Un jour, je vivrai ici ! ‘ ». Très vite, Raphaëlle ressent le besoin d’appartenir à une communauté. Elle découvre la ville, son potentiel d’ouverture et de rencontres, ainsi que les immenses locaux de la Factory, où nous nous trouvons : « Et là, je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire ici. »

 

Ici, la musique rock en fond sonore complète le dynamisme des lieux où d’autres freelances sont installés. Plus loin, dans le prolongement du café, les grands espaces de travail et les salles de réunion coïncident avec l’univers « startups berlinoises » où se créent et se réalisent des projets innovants. Dont celui des Nouvelles Voix.

 

L’idée n’a jamais été de booster son entreprise, mais de créer un espace d’entraide, d’échange d’idées et surtout d’établir une communauté.
- Raphaëlle Dedourge, Présidente des Nouvelles Voix

 

« Au début, je voulais juste créer une petite communauté de femmes », raconte Raphaëlle. Après avoir ouvert un groupe Facebook privé et invité quelques amies entrepreneuses francophones à le rejoindre, une première réunion est organisée. Elles seront une vingtaine à se retrouver pour la première fois en 2018, à l’étage du lieu qui deviendra leur QG.

 

La première réunion a permis de sceller les valeurs et les objectifs des Nouvelles Voix. « L’idée n’a jamais été de booster son entreprise, mais de créer un espace d’entraide, d’échange d’idées et surtout d’établir une communauté. » Les femmes entrepreneuses présentes avaient en commun d’être confrontées aux mêmes doutes, aux mêmes difficultés notamment face à l’administration. « Très vite, on a voulu organiser des ateliers en fonction de notre métier, » se rappelle Raphaëlle. Une première volontaire a proposé de partager ses connaissances en marketing digital. Une seconde en relations presse, l’autre en sponsoring. Et c’est ainsi que les Nouvelles Voix sont nées.

 

Une communauté de femmes entreprenantes et engagées

Depuis, les « Nouvelles Voix » se sont constituées en association qui rassemble aujourd’hui 130 entrepreneuses francophones de Berlin. Sur Facebook, le groupe comptabilise près de 850 membres de tout âge et tout horizon. Chaque semaine, les Nouvelles Voix organisent des ateliers, des apéros par « métier », des rencontres, etc. Ces évènements sont destinés à un groupe de maximum dix personnes et ont lieu pour la plupart à la Factory : « On veut rester petit. L’idée est de favoriser le lien social, le sentiment de sororité, » souligne Raphaëlle. Cela permet de conserver des cercles très intimes et de créer des amitiés « très fortes ».

 

Pour intégrer les Nouvelles Voix, il y a trois conditions à remplir : habiter à Berlin, se considérer comme « femme », et avoir le sentiment que la communauté a quelque chose à nous apporter, et vice-versa. « On a beaucoup de similitudes et ça fait du bien de se retrouver avec des personnes qui nous ressemblent, » explique Raphaëlle. En plus d’être un booster de confiance pour ces centaines de femmes, chacune y trouve son compte grâce aux connaissances des unes et des autres.

 

Notre fonctionnement repose sur un système horizontal où chacune a quelque chose à apporter, tout cela avec des valeurs de féminisme et d’écologie.
- Raphaëlle Dedourge, Présidente des Nouvelles Voix

L’association prétend également être engagée pour l’intersectionnalité des luttes.  L’écologie est ainsi motrice : leur site est issu du « web léger » basé sur un fonctionnement durable. « On fait en sorte qu’il n’y ait pas de vidéos uploadées et que le graphisme et les typographies utilisées soit accessibles aux personnes malvoyantes, » illustre Raphaëlle.

 

Sept femmes bénévoles aux commandes

Pour que tout ce petit monde puisse se coordonner et que l’association continue d’exister, sept femmes sont élues au sein du « Bureau » : une Présidente, Raphaëlle, une Vice-Présidente, Eloïse, une secrétaire, Adeline, une trésorière, Alice, une vice-trésorière, Julie, et plusieurs conseillères spécialisées dans la vie associative, notamment Elodie : « On est toutes bénévoles et pourtant, on fonctionne comme une mini-entreprise ». Les sept entrepreneuses se réunissent une fois par mois.

 

Le Bureau des Nouvelles Voix est composé de 7 femmes indépendantes
Le Bureau des Nouvelles Voix est composé de 7 femmes indépendantes © Les Nouvelles Voix - Julie Meresse

 

 

En 2022, l’association fondée par Raphaëlle a été approchée par I.S.I. (Initiative Selbständiger Imigrantinnen e.V.), une plateforme d’apprentissage germanophone pour les femmes indépendantes migrantes, financée par l’Union européenne, l’Etat et la ville de Berlin. ISI s’adresse donc à toutes les nationalités confondues et dispose de locaux, de conférencières rémunérées et d’une réelle structure d’entreprise : « Elles nous ont invité à développer leur pôle francophone et ainsi à présenter des cycles d’ateliers de 15 heures pendant cinq semaines ». Ainsi, les Nouvelles Voix se sont mises à rêver plus grand, et plus structuré. La prochaine étape pour l’association sera donc de rechercher des subventions et lever des fonds afin de louer des salles à l’année. « Mon rêve serait qu’on ait plus d’espace, et plus de temps encore.»

 

Aujourd’hui, je ne pourrais plus vivre sans les Nouvelles Voix. Travailler tout le temps, cela peut être néfaste pour la santé. Les ateliers et les rencontres nous permettent de sortir le nez du guidon.
- Raphaëlle Dedourge, Présidente des Nouvelles Voix

Depuis bientôt cinq ans que les Nouvelles Voix existent, Raphaëlle explique n’avoir jamais été aussi épanouie : « Aujourd’hui, je ne pourrais plus vivre sans les Nouvelles Voix. Travailler tout le temps, cela peut être néfaste pour la santé. Les ateliers et les rencontres nous permettent de sortir le nez du guidon. » La traductrice se sent fière de contribuer, de manière bénévole, à une sorte d’influence positive, de vivre l’expérience du donner et du recevoir, à son échelle, parmi une communauté de femmes engagées.

 

L’association continue de grandir essentiellement via le bouche à oreille et les communautés de femmes francophones à Berlin. Si vous êtes intéressées par rejoindre la communauté, inscrivez-vous sur leur groupe Facebook ou via leur site internet.

 

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