Ce mercredi à 14h, les activistes de "Letzte Generation" se sont rendus devant le Reichstag pour trouver un accord avec le gouvernement allemand et mettre fin au blocage de la circulation.
Lundi dernier, le groupe écologiste a entamé une nouvelle semaine de blocage des autoroutes aux abords des grandes métropoles allemandes. À Berlin, les activistes se sont installés sur la sortie d’autoroute de Messedamm et de Konstanzer Strasser à Charlottenburg-Wilmersdorf, mais aussi près de l’Oberlandstrasse à Neukölln. Ce lundi, 21 personnes ont été interpellées. Depuis le début du mouvement, une trentaine d’actions de blocage ont eu lieu dans la capitale.
"Sauver la nourriture, sauver des vies"
Depuis la fin du mois de janvier à Berlin mais aussi à Hambourg, Munich ou Fribourg, des activistes de l’association écologiste "Letzte Generation" ("la Dernière génération") protestent contre l’inaction du gouvernement allemand face à l’urgence climatique. Ils revendiquent l’instauration d’une loi anti-gaspillage qui obligerait les supermarchés à faire don de leurs invendus. Les activistes souhaitent également la mise en place de règles pour réduire les émissions de gaz à effet de serre issues de la production agricole. Pourtant, le gouvernement a déclaré travailler depuis le mois de décembre sur ces sujets afin de mettre en place des mesures de réduction de la production de nourriture, ou de faciliter les dons en cas de surplus alimentaire.
Insatisfaits par ces réponses, les militants ont donc décidé au début de l’année de manifester. Pour ce faire, les membres de "Letzte Generation" obéissent au principe de désobéissance civile, à l’image d’autres groupes d’activistes comme "Extinction Rebellion". Leur action se veut pacifique, contraire à la loi, dans le but de faire évoluer la politique actuelle.
En s’asseyant sur les autoroutes à la sortie de la capitale allemande et des autres métropoles du pays, les manifestants déploient de larges banderoles sur lesquelles on peut lire : “Sauver la nourriture, sauver des vies“. L’objectif de ces actions radicales est d’attirer l’attention des femmes et hommes politiques, mais aussi celle des médias. Plutôt rares et inhabituelles, ces formes de protestation surprennent davantage et leur ampleur est donc plus importante. L’utilisation de mots forts et percutants permet aussi d’attirer l’attention de l’opinion publique. Sur la page d’accueil du site officiel du groupe, on peut ainsi lire :
Il s’agit d’une urgence. Nous avons 98% de chances de tuer nos enfants.
De nombreuses réactions au sein du gouvernement et de la société civile
Les actions de "Letzte Generation" divisent au sein du gouvernement allemand. Steffi Lemke, ministre de l’environnement des "Verts" a récemment confié au Tagesspiegel qu’il était normal de manifester ses préoccupations et d’utiliser une forme de désobéissance civile. Le ministre de l’Économie Cem Özdemir assure lui aussi comprendre les revendications du groupe et se sentir personnellement concerné par ces questions. À l’inverse, le ministre de la Justice Marco Buschmann affirme que cette forme de manifestation, non déclarée, est illégale au regard du droit allemand, et que la désobéissance civile ne doit pas être un prétexte pour troubler l’ordre public.
À Berlin, la maire de la ville Franziska Giffey a condamné ces blocages : "Si des personnes estiment qu'elles peuvent exprimer leur protestation politique de cette manière, cela dépasse les limites“. De son côté, Luisa Neubauer, leader du mouvement "Fridays for Future", à l’origine des manifestations des jeunes européens contre le réchauffement climatique, n’a pas pris position. Elle déplore toutefois que certains activistes agissent de cette manière bien qu’elle admette l’inaction du gouvernement allemand.
Les autorités allemandes ont par ailleurs reçu de nombreuses plaintes contre les activistes. À Berlin, environ 200 plaintes ont été formulées au cours des dernières semaines. Il faut dire que ces blocages peuvent être source de tensions et parfois de violence physique entre manifestants et usagers. Celles-ci restent quand même rares.
Une nouvelle action qui fait beaucoup parler
Mardi dernier, des militants ont pénétré par une porte dérobée dans le ministère de l’Agriculture. Ils y ont déversé du fumier de cheval pour protester contre la politique climatique du gouvernement Scholz. Un grand nombre de policiers ont été envoyés sur place quelques minutes après cette intrusion. Plusieurs photos de l’action montrent une dizaine d’activistes sur un tapis rouge à l’intérieur du ministère, tenant une pancarte sur laquelle est écrit : "Cher gouvernement fédéral, votre politique en matière de crise climatique est de la merde et c’est pourquoi vous recevez de la merde aujourd’hui". Au même moment, d’autres activistes avaient réussi à entrer dans le ministère de la Justice avec des banderoles. Leur action a vite été stoppée.
La tension semble toutefois être retombée depuis ce matin. Le groupe a refusé de bloquer les routes aujourd’hui, préférant manifester devant le Reichstag pour une éventuelle rencontre avec le chancelier Scholz et ses ministres. Reste à savoir si cela pourra déboucher sur un consensus. En cas de désaccord, "Letzte Generation" compte poursuivre ses actions tant que l’exécutif ne répondra pas à ses attentes.
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