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L'Allemagne signe un accord énergétique avec le Qatar

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© SatyaPrem - Pixabay
Écrit par Emma Voglimacci Stephanopoli
Publié le 30 mars 2022, mis à jour le 31 mars 2022

Afin de ne plus dépendre du gaz russe, l’Allemagne cherche de nouveaux fournisseurs. L’accord trouvé avec le Qatar met la coalition et en particulier les Verts, dans une position ambiguë.

 

Avec la guerre en Ukraine et le système de sanctions européennes, l’Allemagne doit à tout prix trouver une solution pour diversifier ses approvisionnements de gaz. Aujourd’hui les livraisons russes représentent 55 % de ses importations, la rendant particulièrement fragile dans le cas où Moscou déciderait de fermer le robinet. Une position qui la met en danger pour l’hiver prochain, car si les réserves de gaz ne sont pas renouvelées, les prix risquent de flamber au point que les allemands les plus pauvres ne pourront plus se chauffer. Déjà en février, le porte-parole du ministère de l’Économie et du Climat annonçait que le niveau des réserves de gaz était descendu à 35 % contre 80 % en 2020, un niveau inquiétant.

Sur le plan européen, cette dépendance est handicapante. En s’opposant à la mise en place d’un embargo européen sur le gaz russe, elle empêche l’Union d’atteindre la Russie sur l’un de ses plus gros marchés. L’Allemagne n’a plus le choix, elle doit trouver d’autres fournisseurs.

 

En conséquence, le vice-chancelier et ministre fédéral de l'Économie et du Climat Robert Habeck a fait le tour des pays producteurs. Après un voyage aux États-Unis en début de mois, puis au Canada et en Norvège, il s’est arrêté aux Émirats arabes unis et en particulier au Qatar.

 

Un accord énergétique qui embarrasse les verts

Le 20 mars, le porte-parole du gouvernement annonce la conclusion d’un accord énergétique sur le long terme avec le Qatar. Bientôt, les entreprises concernées entreront « dans les négociations contractuelles concrètes » afin d’approvisionner l’Allemagne en gaz liquéfié (GNL).

Si cet accord est une bonne nouvelle en terme d’indépendance énergétique puisque l’Allemagne réussit à se diversifier, cela reste un geste politique risqué.


En entérinant cet accord avec l’autocratie arabe, Robert Habeck dévie de la ligne de son parti qui était de favoriser une « démocratie des valeurs ». Ce changement de cap a choqué les allemands, en particulier à gauche. Die Zeit s’interroge : « veut-on continuer à dépendre sur le plan énergétique d’États autoritaires ? » et affirme : « c’est un acte de réévaluation politique majeur pour le ministre écologiste Robert Habeck ». Cet accord est pourtant nécessaire car l’approvisionnement norvégien et américain n’est pas suffisant pour garantir la tranquillité de l’Allemagne. « Nous avons besoin de la sécurité énergétique et de la transition écologique » a déclaré le ministre. En effet, le gouvernement souhaite que le gaz naturel négocié serve d’énergie de transition pour fermer les centrales nucléaires et les centrales à charbon. Le pays veut l’utiliser pour passer à une production électrique 100 % renouvelable, d’ici à 2035.

 


Malgré ces motivations, le choix d’un accord avec le Qatar reste politiquement risqué, en particulier pour les Verts qui pourraient être désavoués par ses électeurs pour ne pas avoir respecté ses promesses. Il ne reste plus qu’à patienter pour voir si cela créera des conséquences sur le long terme sur la popularité du parti.

 

 

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