Après plusieurs accusations d’agressions sexuelles envers le chanteur du groupe allemand, la coalition gouvernementale et les villes allemandes implémentent des mesures pour la sécurité des jeunes fans.
C’est l’un des groupes de métal les plus célèbres au monde, avec bientôt trente ans de carrière. Rammstein est actuellement en pleine tournée européenne, jouant dans des stades qui peuvent accueillir plus de 50.000 spectateurs, à guichets fermés. C’est dans ce contexte que Till Lindemann, le chanteur du groupe, a été accusé d’agressions sexuelles. Accusations que les autorités allemandes ont pris au sérieux, au point de mettre plusieurs mesures de prévention en place.
Des accusations sérieuses
L’affaire a débuté début juin, par le témoignage d’une jeune femme qui rapportait avoir été droguée et agressée sexuellement lors d’une after-party, par Lindemann, après un concert de Rammstein en Lituanie. Celle-ci avait été invitée à passer la soirée avec d’autres fans et les membres du groupe. Un premier témoignage qui en a entrainé d’autres, et qui a permis de libérer la parole pour d’autres femmes, qui relatent de faits similaires.
Depuis, plusieurs femmes ont accusé Lindemann d’agression sexuelle. Selon des enquêtes menées par plusieurs journaux allemands dont die Welt ou Süddeutsche Zeitung, une vraie organisation aurait été mise en place pour que le chanteur puisse sélectionner des jeunes femmes.
Les jeunes femmes qui se retrouvaient au premier rang, "Row Zero" étaient photographiées, afin que le chanteur puisse choisir celles qu’il voulait inviter à une soirée après le concert. Pour accéder à ce "Row zero", pas de billet : il fallait y être invitée par les équipes. Plusieurs d’entre elles affirment avoir été droguées et agressées sexuellement lors de ces after-party.
Samedi 10 juin, sur le réseau social Instagram, le groupe a publié un communiqué dans lequel il dément les accusations, et déclare condamner toute forme d’agressions. Les avocats de Lindemann ont déclaré vouloir engager "immédiatement des poursuites judiciaires pour toutes les allégations de ce type".
La mise en place de mesures de protection jugée nécessaire
Face aux accusations d’agressions sexuelles envers le chanteur, le gouvernement allemand et les villes allemandes ont exigé que des décisions soient prises. La coalition gouvernementale a ainsi déclaré vouloir mettre en place des mesures afin de protéger les jeunes femmes qui assisteraient au concert. Lisa Paus, ministre de la famille et membre du parti des Verts, s’est ainsi exprimée en ce sens, "les jeunes en particulier doivent être mieux protégés contre les agressions". Elle proposait de mettre en place des zones de protection lors des concerts, et d’exiger que des équipes formées aux violences sexistes et sexuelles soient présentes.
Le groupe était en concert à Munich pour quatre dates entre les 7 et 11 juin, où le "Row zero" a été supprimé, après décision des organisateurs Propeller Music et Event GmbH. De même, à la suite d’une décision prise en collaboration avec le groupe et les organisateurs, les afterpartys ont été supprimées. Enfin, des zones de sensibilisation avec des associations formées à l’accueil des victimes avaient été installées, prêtes à accueillir des jeunes femmes si ces dernières en ressentaient le besoin. Avant la première date, quelques militants ont protesté devant le stade contre la tenue du concert.
A Berlin, pas d’annulation envisagée
Les 15, 16 et 18 juillet, le groupe sera en concert à Berlin. Pour ces dates, aucune afterparty ne sera organisée. De même, le "Row zero" sera supprimé. Iris Spranger, sénatrice du SPD à l’Intérieur de la ville, a fait une annonce en ce sens cette semaine : "à Berlin, il n'y aura pas d'aftershow du groupe Rammstein". Si elle a rappelé la nécessité d’attendre les conclusions de l’enquête, elle a aussi rappelé l’importance de la prévention, "la protection et la sécurité des femmes sont ici une priorité absolue".
Innen- u. Sportsenatorin Iris Spranger: „In Berlin wird es in Liegenschaften, die ich verantworte, keine Aftershowpartys von #Rammstein geben. Es gilt die Ermittlungen abzuwarten, aber die Vorwürfe wiegen so schwer, dass Schutz & Sicherheit der Frauen absoluten Vorrang haben.“
— Senatsverwaltung für Inneres und Sport (@Innensenatorin) June 7, 2023
De même, sous l’impulsion du groupe des Verts au conseil municipal, la ville évaluera s’il est envisageable que des équipes de sensibilisation soient présentes au concert de façon obligatoire, aux frais des organisateurs. La présidente du groupe, Mona Fuchs, a déclaré que "les accusations des femmes concernées doivent être entendues et prises au sérieux". La présence d’associations formées aux violences sexistes et sexuelles permettrait aussi d’effectuer de la sensibilisation, de prendre en charge des jeunes femmes ou même d’intervenir en cas d’agression sexuelle.
Si certaines voix réclament une annulation des concerts, cela ne semble pas à l’ordre du jour. Dans un entretien avec le journal Tagesspiegel, Joe Chialo, sénateur pour la culture de Berlin, a rappelé la difficulté avec laquelle ils devaient procéder. Il s’agit à la fois de préserver la présomption d’innocence de l’accusé, tout en assurant la sécurité des jeunes femmes aux concerts. Selon ce dernier, il n’existe pas de levier juridique pour interdire les concerts.
A Berlin, le groupe die Linke propose, en vue de la séance du 14 juin, de réfléchir à l’ouverture d’une enquête contre Lindemann. Jusqu’ici, le parquet de Berlin n'enquête pas sur le chanteur. La tournée européenne de Rammstein n’est pas encore finie. Le groupe a des concerts prévus pendant l’été en France, Italie, Suisse, au Pays-Bas ou en Autriche.
Mise à jour le 14/06 à 16h : Selon les informations de la chaîne de télévision RBB, le parquet de Berlin a ouvert une procédure contre le chanteur Till Lindemann.
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