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Le gouvernement d'Olaf Scholz souhaite renforcer le droit à l'avortement en Allemagne

Pancarte pour le droit à l'avortementPancarte pour le droit à l'avortement
Progrès droit à l'IVG Allemagne © Karolina Grabowska - Pexels
Écrit par Ambre Lagraulet
Publié le 16 mars 2023

A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes ce 8 mars, plusieurs élus du SPD se sont prononcés pour une meilleure protection du droit à l’avortement. Ils souhaitent interdire les rassemblements et protestations d’activistes anti-IVG devant les hôpitaux et cabinets médicaux.

 

En Allemagne, comme dans le monde entier, il n'est pas rare de voir des activistes anti-avortement mener des protestations devant des lieux où l’IVG est pratiqué, notamment des centres du planning familial. Dans le pays, ces manifestants sont notamment issus de mouvement religieux, comme 40 Jours pour la Vie (40 Tage für das Leben) ou Les Jeunes pour la Vie (Jügend für das Leben). Ils tiennent des pancartes, crient des slogans, comparent l’avortement à un meurtre. Sur la page Facebook du mouvement 40 Tages für das Leben de Frankfurt, on trouve des photos de manifestants, en train de prier, genoux à terre, et pancartes autour du cou, daté du 5 mars.

 

Manifestation anti avortement à Francfort
Capture d'écran © 40 Täge fur das Leben Frankfurt am Main

 

Interdire de tels rassemblements permettrait à la fois d'éviter de propager des informations erronées sur l'interruption volontaire de grossesse, mais aussi de remettre en question le choix des femmes. L’annonce de certains élus du SPD de vouloir interdire ces agissements permettrait ainsi aux femmes allemandes d’avorter plus sereinement.

 

"Osez plus de progrès"

La coalition "feu tricolore" aspire à mener une politique ambitieuse pour les droits des femmes. Dans son contrat de coalition Osez plus de progrès, figurent ainsi des propositions comme la gratuité de l’avortement, un meilleur accès à l’IVG médicamenteuse, ou encore d’intégrer l’avortement dans la formation initiale et continue des médecins.

 

Une promesse déjà en partie tenue, puisque le 9 mars 2022, le gouvernement d’Olaf Scholz abrogeait l’article §219a du Code Pénal allemand, qui limitait la publicité pour l’avortement. Jusqu’alors, un médecin qui ne faisait que mentionner sur son site internet qu’il pratiquait l’IVG, pouvait faire l’objet de poursuites pénales. Le 24 juin de la même année, le Parlement allemand a officiellement adopté le projet de loi gouvernemental pour l’abrogation de l’article.

 

L’article avait déjà été révisé en 2019 par le gouvernement Merkel, sous l’impulsion du SPD. Les professionnels de santé étaient alors autorisés à mentionner qu’ils pratiquaient l’avortement. Cependant, les députés du CDU, CSU et de l’AFD s’étaient opposés à l’abrogation totale lors d’un projet de loi porté par les groupes de gauche du SPD, Die Linke et des Verts.

 

Cette révision n’avait pas empêché une gynécologue berlinoise, Bettina Graber, d’être condamnée en novembre 2019 à une amende de 2.000€, pour avoir indiqué qu’elle pratiquait l’IVG médicamenteuse. L’accès, pour les femmes, à une information fiable, était alors encore loin d’être garantie.

 

A présent, les médecins peuvent clairement indiquer quel type d’avortement ils pratiquent, mais également communiquer des informations sur le déroulement d’un IVG, ou sur d’éventuels risques. Un soulagement pour de nombreuses femmes, qui n’ont plus à craindre de prendre rendez-vous chez un médecin, sans savoir si celui-ci pratique bien l’avortement.

 

my body my choice avortement IVG allemagne 01.07.2022 - Emma Granier LPJ Berlin
Manifestation "my body my choice" le 1er juillet 2022 à Berlin © Emma Granier - LPJ Berlin

 

L'accès à l'avortement reste encore inégalitaire

En Allemagne, selon l’article 218 du Code Pénal, l’avortement reste un acte illégal, mais dépénalisé jusqu’à 12 semaines de grossesse. Il faut cependant respecter des procédures particulières pour pouvoir en bénéficier. Ainsi, une femme qui souhaite avorter doit obligatoirement assister à une discussion avec une personne du planning familial afin d'obtenir une attestion prouvant qu'elle prend cette décision en toute conscience. Trois jours après l'établissement de cette attestation, un rendez-vous avec un médecin pratiquant l'IVG peut avoir lieu. De plus, l’avortement reste à la charge financière des femmes, sauf dans des cas de viols ou de danger pour la vie de la mère.

 

Selon l’Office fédéral de statistique, le nombre de cabinets et cliniques pratiquant l’IVG a presque été divisé par deux en vingt ans, passant de 2.030 en 2003, à 1.096 en 2021. Un chiffre préoccupant pour les femmes les plus éloignées des villes qui doivent parfois redoubler d’effort pour trouver une clinique qui pratique l’IVG.

 

Tout n’est donc pas encore gagné : l’abrogation de l’article 218 ne figure pas dans le contrat de coalition gouvernementale, car cela divise les élus du FPD. Le chemin à parcourir pour libéraliser l’accès à l’avortement en Allemagne est encore long, mais le gouvernement d’Olaf Scholz semble décidé à progresser en ce sens.

 

 

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