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"La Ligne" d'Ursula Meier, un film poignant sur les relations mère fille

La ligne film Ursula MeierLa ligne film Ursula Meier
Margaret (Stéphanie Blanchoud) et Christina (Valeria Bruni Tedeschi) dans La ligne © Cinéart
Écrit par Ambre Lagraulet
Publié le 10 mai 2023, mis à jour le 10 mai 2023

Après Home et l’Enfant d’en haut qui traitaient déjà de relations familiales difficiles, Ursula Meier présente son nouveau film, La Ligne, projeté en avant-première à la Berlinale 2022. L'avant-première aura lieu le 16 mai au Cinéma Paris, en présence de la réalisatrice et de l'actrice principale Stéphanie Blanchoud.

 

La Ligne ou Die Linie nous plonge au cœur d’une famille dysfonctionnelle et ses relations mère fille conflictuelles, plus particulièrement entre Margaret, la sœur aînée, incarnée par Stéphanie Blanchoud, et sa mère, Christina, interprétée par Valeria Bruni Tedeschi.

 

Une dispute de famille

Le film s’ouvre sur une scène de dispute violente, accompagnée par un fond de musique classique de Vivaldi. Les assiettes et les vases volent en éclats, les partitions se heurtent au mur. On découvre Margaret, dont la colère imprègne le visage, et sa mère, qui tente de la fuir, mais qui ne peut éviter la gifle de sa fille. Dans un bruit sourd, elle se heurte au clavier du piano. Si on ne connaît pas encore le motif de cette violence, on en comprend rapidement les conséquences. Margaret se voit condamnée à une peine d’éloignement, elle ne peut plus approcher la maison familiale à moins de cent mètres. Sa mère est hospitalisée, on apprend qu’elle a perdu l’audition d’une oreille. Professeure de musique et pianiste, elle décide d’abandonner son métier, et de vendre son piano.

 

On comprend dès le début du film toute la complexité des liens qui unit cette famille. Margaret ne parvient pas à respecter la limite des cent mètres, ce qui oblige sa petite sœur Marion à tracer, à la peinture bleue, une ligne de délimitation autour de la maison. Et pourtant, les sœurs vont sans cesse se retrouver à la limite de cette ligne, que ce soit pour des cours de chant que Margaret donne à sa sœur cadette, où pour des retrouvailles à l’occasion de Noël avec sa sœur Louise, qui vient d’accoucher de jumeaux.

 

Une opposition mère/fille

Le personnage de Margaret ne laisse pas le spectateur indifférent. Derrière cette violence presque animale, et que l’on comprend récurrente au travers des mots de son ancien conjoint (incarné par Benjamin Biolay), on devine également une certaine fragilité. Sa voix, lorsqu’elle chante, révèle une grande douceur, qui contraste avec la fureur qu’elle peut exprimer. Margaret est protectrice, profondément attachée à ses sœurs. Alors même, il est difficile au spectateur de ne pas ressentir de l’empathie à l’égard de la jeune femme, on en vient même à comprendre, voir à excuser sa violence.

 

A contrario, il nous est difficile de compatir avec cette mère profondément toxique, qui ne semble pas avoir d’amour pour ces filles. Elle l’avoue elle-même : son piano est ce qui la rend le plus heureuse. Elle délaisse volontiers sa jeune fille Marion, âgée d’à peine douze ans, pour rejoindre un homme qu’elle vient de rencontrer. Ce personnage manque peut-être de subtilité, tant elle semble accumuler les défauts. Pourtant, ses filles l’aiment sincèrement, en témoigne la culpabilité profonde de Margaret quand elle apprend que sa mère a perdu l’ouïe.

 

Un final haletant

C’est d’ailleurs là qu'Ursula Meier nous surprend. Après une soirée de réveillon où Margaret apprend la vérité au sujet de la blessure qu’elle a infligée à sa mère, elle disparait. Elle qui venait tous les jours à la limite de la ligne, ne se montre plus, même lorsque la restriction des cent mètres est levée. On la pense déjà morte, la réalisatrice nous amène à penser qu’elle s’est jetée sous un train.

 

La ligne photo Margaret chantant
Margaret chantant dans une scène finale © Cinéart

 

Mais non, la voilà, entrain de chanter sur scène, acclamée par le public. Une scène profondément touchante où Margaret renoue avec son amour pour la musique. Puis, cette scène de fin, avant l’audience qui détermina du futur de la jeune femme. Cette scène contraste directement avec celle du début, elle se déroule sans musique, dans un silence pesant. Margaret et Christina se font face, le spectateur est en tension, on craint que tout éclate à nouveau : vont-elles se battre, ou s’enlacer ? Rien de ça. Margaret s’éloigne, elle semble avoir compris que ce lien qui l’unit à sa mère lui est nocif. On lui souhaite de voler de ses propres ailes.

 

Le film est porté par des actrices talentueuses, Stéphanie Blanchoud, et Valeria Bruni Tedeschi ont réussi à incarner parfaitement cette relation mère fille si particulière. Certains personnages manquent peut-être un peu de finesse, mais l’histoire nous convainc et nous emporte. La ligne est un film surprenant et explosif, un mélange bien mené de drame doté d’un soupçon de comédie.

 

Pour voir la bande annonce 

 

 

Avant première du film à Berlin au Cinéma Paris, à partir de 20h15.
Billets à partir de 14€.
Pour plus d'informations 

 

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