Inscrites au Patrimoine mondial de l'UNESCO, les rizières en terrasses de Banaue, au nord de l'île de Luzon, sont communément considérées comme la "huitième merveille du monde". Elles ont été construites à flanc de montagnes, il y a 2000 ans, par les Ifugaos, qui sont restés longtemps de féroces guerriers chasseurs de tètes. La route permet aujourd'hui de rejoindre Banaue et quelques villages, mais c'est à pied que l'on est le mieux à même de découvrir les rizières en terrasses et de profiter de l'hospitalité des Ifugaos. On emprunte ainsi des sentiers ancestraux qui s'enfoncent dans les montagnes jusqu'à des villages reculés où les traditions ont été préservées.
Quatre sites de la région de Banaue sont inscrits au Patrimoine mondial de l'UNESCO : le village de Banaue lui-même, Batad (et ses rizières en forme d'amphithéâtre), Bangaan et Mayoyao.
Situé à 1300 mètres d'altitude, à 350 kilomètres au nord de Manille, le site de Banaue reste difficile d'accès du fait de l'absence d'aéroport. Il faut compter au minimum neuf heures de route pour y accéder. En route pour Banaue, on traverse de superbes paysages : les plaines rizicoles du centre de Luzon, puis la Sierra Madre, chaîne de montagnes arides, enfin la vallée de Cagayan. Mieux vaut y arriver avant la tombée la nuit, car la route en arrivant est sinueuse et peut être dangereuse de nuit.
Une fois sur place, quelques pensions locales peuvent vous accueillir au c?ur même du village de Banaue. Il n'existe qu'un seul hôtel, le Banaue Hotel, situé un peu en retrait de l'agglomération. Cet hôtel appartient à l'administration philippine et emploie des fonctionnaires.
Le moyen de transport le plus facile à Banaue est le jeepney, qui peut déborder de passagers jusqu'au toit. On l'emprunte pour se rendre sur les sites incontournables de Bangaan, et Batad, où l'on peut profiter des impressionnantes cascades de Tappia.
Pour les plus aventureux, en quête de villages plus isolés, des randonnées sont possibles vers Cambulo, Pula, ou même jusqu'au sommet du Mont Ayuyao. On peut programmer facilement jusqu'à huit jours de trek dans les villages de Banaue et leurs environs. Il faut alors renoncer au téléphone, à internet, au confort de l'eau chaude? Une expérience hors du temps !
Aujourd'hui, l'administration philippine s'engage cependant au développement de cette région et facilite l'accès aux villages les plus proches en construisant des routes cimentées. C'est le cas par exemple de Batad. La marche pour rejoindre le village a en effet été réduite d'une heure à vingt minutes. Batad a maintenant l'électricité. Et l'administration locale recueille une taxe environnementale auprès de tous les visiteurs pour tenter de préserver le site. L'UNESCO estime que cet héritage inestimable est "rend[u] aujourd'hui vulnérable du fait des mutations économiques et sociales".
Au-delà du site naturel, c'est tout "un paysage culturel vivant d'une beauté incomparable" que l'UNESCO nous invite à découvrir. "Les rizières en terrasses d'Ifugao sont une contribution inestimable d'ancêtres philippins à l'humanité." Elles "représentent une illustration immuable d'une civilisation ancienne qui a résisté aux nombreux défis et revers causés par la modernisation". La mythologie et la spiritualité spécifiques des peuples autochtones restent en effet très vivantes. L'artisanat local en témoigne, notamment avec les célèbres sculptures en bois de certaines divinités. Les modes de culture, tournant le dos à notre modernité, sont également riches d'enseignement.
Et au-delà de leur réputation de coupeurs de têtes, les Ifugaos sont un peuple pacifique et accueillant. Les ancêtres racontent d'ailleurs qu'au village de Nagcor, un homme et une femme se sont mariés alors qu'ils n'appartenaient pas à la même tribu. Ils ont donné naissance à un enfant, considéré comme sacré, et symbole de paix.
Arlene GIANNI et François COUDRAY (www.lepetitjournal.com/manille) jeudi 23 février 2017
Première publication le jeudi 10 décembre 2015
arlenegianni@asiaventureservices.com
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