Le 11 février 2015, Yoann Barbereau a été arrêté par des hommes cagoulés, sous les yeux de sa fille. Cinq ans plus tard, il témoigne du complot monté de toutes pièces par le FSB dans un livre intitulé Dans les geôles de Sibérie.
Une arrestation sans motif
En 2015, Yoann Barbereau est directeur de l'Alliance française d’Irkoutsk et entretient une amitié avec le maire de la commune, un opposant à Vladimir Poutine. Un matin, il est violemment arrêté par deux hommes portant des cagoules. Il se pose deux questions : "Qui sont-ils ? Que veulent-ils obtenir de moi ?". Il comprendra que ce sont des agents du FSB (les services de renseignement russes), les successeurs du KGB.
Accusé de diffusion de documents pédopornographiques, puis, de viol sur sa propre fille, il est jeté en prison. Il est condamné à quinze ans de camp et y restera 71 jours. Son ordinateur a été trafiqué et son accusation a été inventée de toutes pièces. Il parle d’un "Kompromat", une méthode consistant à utiliser des documents et créer un dossier compromettant pour décrédibiliser une personne.
Après son séjour en prison, il est assigné à résidence à Irkoutsk. Un dimanche, il prend son courage à deux mains et recouvre son bracelet électronique de papier aluminium pour couper le signal. Il constate alors qu’il n’y a pas de réaction de la part des agents russes. Il en conclut qu’il peut s’évader et avoir un temps d’avance d’une durée de 4 à 5 heures sur ses traqueurs.
Sa fuite rocambolesque
Yoann Barbereau usurpe une fausse identité et décide de rejoindre l’ambassade française à Moscou en covoiturage. Pendant quatorze mois, il attend en vain un geste de la France. Les diplomates français bouleversés par cette affaire, craignent des complications dans leurs relations avec les Russes. Ils entrent en discussion avec eux, ils répliqueront : "Le jour où, publiquement, on révèle que Yoann Barbereau est au sein de l’ambassade, alors nous ferons le siège de l’ambassade et jamais il ne sortira."
Pendant plusieurs mois, il étudie les cartes satellites et repère un point de passage en Estonie. Il traverse la forêt estonienne avec l’aide d’amis russes et quitte le pays. "Les véritables héros, ce sont mes amis russes. Eux ont pris des risques pour aider au nom de l’amitié et de la fraternité." se souvient-il.
Le 8 novembre 2017, il revient en France par avion. Après la séparation avec sa fille pendant près de trois années, il déclare "J'étais séparé de ma fille, elle avait cinq ans. Je retrouve une petite fille de huit ans. C'est un enfant qui a grandi sans son père."
Son livre Dans les geôles de Sibérie
En 2020, il sort son livre Dans les geôles de Sibérie pour raconter sa cavale et le dédie aux agents du FSB. Il révèle la difficulté de survivre au milieu de bandits, de mafieux et de criminels. Il affirme : "Le plus dur, c’est de vivre à 10 dans 25/30 m2 dans des conditions sanitaires difficiles." Le Français raconte la violence exercée par les gardiens, plus que celle des codétenus. Le 14 février, des gardiennes ivres s’en sont prises à lui en lui ligotant les mains et en le frappant au niveau des testicules. "Le but, c’est que les détenus soient obéissants, c’est de l’intimidation, du dressage et puis c’est pour casser en fait, pour casser systématiquement la volonté."
Il dénonce la peur des autorités françaises face à la Russie. Elles ont mis plus d’un an pour comprendre ce qu’il se passait sur place. Actuellement, le Français espère que la justice française pourra reprendre l’affaire en main. Il fait l'objet d'un mandat d'arrêt international émis par Moscou.