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Seollal ou comment est célébré le nouvel an lunaire coréen

Des sud-coréens célébrant SeollalDes sud-coréens célébrant Seollal
Écrit par Adèle Lavezzi-Amiez
Publié le 20 janvier 2023, mis à jour le 29 mars 2024

Plats et habits traditionnels, rituel à l’égard des ancêtres : le nouvel an coréen a lieu le 22 janvier cette année, incarnant toutes les valeurs traditionnelles coréennes.

 

Cette fête arrive avec trois jours de congé : la veille et le lendemain du nouvel an coréen sont fériés. Cette fête est reconnue institutionnellement et pourtant, cela n’a pas toujours été le cas.

 

Sous l’occupation japonaise, entre 1910 et 1945, les autorités interdisaient formellement les Coréens de fêter « Seollal » : la nouvelle année devait se fêter pour tout le monde selon le calendrier grégorien. Lors de la libération du pays, il n’est pas réintroduit pour autant en tant que fête nationale. Il faudra attendre 1985 pour que les Coréens bénéficient de jours de vacances quand vient l’évènement. En 1989, le ministre Roh Taewoo décrète que « Seollal » est le nouvel an coréen officiel.

 

Les origines de Seollal

Cette fête nationale fait partie des traditions coréennes héritées du confucianisme. Le confucianisme est une philosophie pensée par un philosophe chinois au 4ème siècle av. J.-C. : Confucius. Ses principes fondamentaux sont vertu, piété et respect des ainés. La reconnaissance de l’existence du monde spirituel est aussi une ligne directrice de ce courant philosophique.

Confucius affirmait que c’était à travers la politique et l’éducation que devaient se transmettre ces valeurs. Au 2nd siècle av. J.-C., cette philosophie devient la religion d’État de la dynastie des Han.

En 109 av. J.-C, le royaume fondateur de la Corée, Gojoseon, est envahi par la dynastie des Han. La philosophie confucéenne était déjà connue de par les mouvements migratoires et échanges commerciaux précédents entre les deux nations. Mais c’est à ce moment qu’elle s’implante définitivement dans la culture coréenne.

Encore aujourd’hui en Corée du Sud, certaines valeurs comme le respect de la hiérarchie, l’importance du cercle familial ou encore la reconnaissance du monde spirituel sont héritées du confucianisme. La célébration de « Seollal » en est un parfait exemple.

 

Le nouvel an coréen, une fête familiale

Lorsque chez certains Européens le nouvel an se fête entre amis, chez beaucoup de Coréens « Seollal » constitue un évènement familial. Parfois, le séjour est coupé en deux entre les différents membres de la famille, c’est ce qu’a l’habitude de faire Kanghyien, 25 ans : « La veille du nouvel an, je me rends chez mes parents et le jour même on va tous ensemble chez mes grands-parents ».

 

Le premier jour de vacances, c’est-à-dire la veille du nouvel an, il est de coutume pour les proches de se retrouver et de préparer ensemble les plats qui seront servis le lendemain. C’est aussi l’occasion de passer un moment privilégié avec les membres de la famille : « Très souvent, la veille de « Seollal », je m’occupe de mon petit cousin : nous lisons des livres ensemble ou nous allons promener son chien » partage Dahye, 29 ans.

 

 

 

Traditions et rituels de Seollal

Le jour même de « Seollal », lorsque la famille est reposée et a profité de ses retrouvailles, certains d’entre eux se prêtent à porter l’habit traditionnel : le Hanbok. Ce sont les jeunes mariés qui ont tendance à le porter, ou alors les parents qui habillent leurs enfants en bas âge : « Quand nous sommes petits, on porte des hanboks parce que nos parents nous trouvent mignons avec, mais en grandissant on cesse d’en porter. », précise Khanghyien.

 

Beaucoup de familles coréennes ont recours au rituel de «Saebe» considéré comme très important lors de cette célébration. Très tôt le matin du 1er Janvier, les proches se lèvent, se lavent le visage, s’habillent et se rejoignent. « Saebe » consiste à rendre hommage à ses ainés et aux défunts de la famille.

 

Pour se faire, les Coréens s’agenouillent en faisant une révérence en baissant la tête une fois envers leurs ainés et font le même mouvement en baissant la tête deux fois à l’égard des défunts. « On considère que la nouvelle année est un renouveau du corps et de l’esprit. Lorsque nous présentons notre respect aux aînés, nous faisons un vœu soit à voix haute, soit dans notre tête. » explique Sora, 35 ans.

 

Une fois que les plus jeunes ont fait ce rituel, les aînés les récompensent d’argent de poche avec un montant gradué : « Les adultes donnent 10000 wons aux étudiants et 5000 wons aux lycéens », précise Ara, 30 ans, petite sœur de Sora.

 

Toutefois, d’autres personnes n’ont pas recours à cette pratique. C’est le cas pour certaines personnes de confession catholique comme Miji, 40 ans : « A la place, nous nous rendons à l’église le jour du nouvel an et faisons aussi une prière à l’égard des défunts. » Une fois l’hommage rendu, il est temps de passer à table et de déguster tous les plats qui ont été cuisinés la veille.

 

un repas de seollal

 

Des recettes spécifiques aux fêtes de Seollal 

Les Coréens ont des recettes spécifiques pour les grandes occasions qui réunissent les proches autour d’un repas. Pour la préparation de ces plats, ils peuvent être très généreux !

 

En entrée, le « tteokguk » est proposé. Cette soupe faite à base de gâteaux de riz est propre et représentative de « Seollal ». « Ma tante prépare le meilleur des « tteogkuk » : léger et délicieux ! » partage Kyowoon, 29 ans.

 

En ce qui concerne les accompagnements, on ne sait plus où donner de la tête : les « kimchi buchimgae » sont presque obligatoirement de la partie. Ce sont des galettes de kimchi dans lesquelles peuvent être ajoutés d’autres légumes ou de la viande. Des «dongtaejeon », ou pancakes de poisson régaleront plus d’un. Le « japchae » est aussi très apprécié durant les fêtes. Ce sont des nouilles de patates douces sautées, cuisinées avec des légumes comme des poivrons, des champignons et souvent assaisonnées de pousses d’épinard.

 

Du coté des plats faits à base de viande, il y en a pour tous les goûts ! Un des plats traditionnels coréens est le «dwaejigogi suyuk» : du porc bouilli présenté en tranches qui peut être enrobé de kimchi. Le «galbijjim» est un plat fait à base de côtes de bœuf braisées. Il est cuisiné avec des carottes et des champignons, baignant dans une sauce spéciale : « C’est le bœuf bourguignon coréen ! » plaisante Sora.

 

Quant à la boisson, on ne parle pas de champagne ! Le Sikhe, boisson sucrée faite à base de riz est typique de cette célébration : « Avec la parfaite quantité de sucre, c’est si rafraichissant. Je peux dire que c’est ma boisson préférée. » partage Kyowoon, 29 ans.

 

Comme cette fête est l’occasion pour la famille de se retrouver, des jeux de société sont souvent organisés, comme le « Yut noori » pour les enfants. C’est un jeu qui utilise 5 bâtons de bois, appelés « Yut ». « Je me souviens y jouer quand j’étais tout petit, c’était très amusant et un super jeu d’équipe qu’on pouvait faire en famille ! » se souvient Kyowoon. Si jamais il fait assez froid, il est aussi courant de sortir et de s’amuser avec la neige : « Seollal dernier, nous sommes sortis faire de la luge dans le voisinage avec mon petit cousin » se remémore Dahye.

 

Le troisième jour de vacances, c’est jour de repos en général. Les Coréens passent ce moment à la maison tranquillement avant de reprendre la route direction : la maison.

 

Mais toujours est-il que tous les ans, pas tout le monde à l’occasion de rejoindre sa famille. C’est le cas des sœurs Sora et Ara cette année : « Nous allons nous abstenir car nous n’avons pas le temps : chaque année les bus sont pleins, il y a des embouteillages à travers tout le pays pendant les jours de Seollal ! Notre famille comprend. ».

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