Le Lycée français de Séoul est un établissement historique qui a fêté en 2024 ses 50 ans. Son proviseur, Cédric Toiron, dévoile les projets de l’établissement pour 2025 : agrandissement des infrastructures, renforcement de la francophonie et célébration des 140 ans de la relation franco-coréenne. Dans cet entretien avec lepetitjournal.com, il nous explique aussi les particularités du lycée, son accompagnement des élèves et sa politique linguistique ambitieuse, orientée vers l'internationalisation.
Quel a été votre parcours avant votre prise de fonction en tant que proviseur du Lycée français de Séoul ?
Avant d’arriver à Séoul, j’ai exercé pendant cinq ans en tant que personnel de direction au Grand Lycée Franco-Libanais de Beyrouth. Il s’agissait de ma première expérience à l’étranger. Auparavant, j’ai occupé un poste similaire à l’île de la Réunion, au collège Les Aigrettes durant quatre ans. Avant cela, j’étais professeur agrégé d’éducation physique et sportive. J’ai enseigné à l’université de La Réunion pendant plusieurs années, après avoir exercé dans des établissements du secondaire.
Quelles sont les particularités du Lycée français de Séoul ?
Le Lycée français de Séoul est un établissement singulier, qui a célébré son 50ᵉ anniversaire en 2024. Contrairement à d’autres établissements français à l’étranger, il a été conçu dès l’origine pour accueillir un public expatrié. À titre de comparaison, au Liban, plus de 90% des élèves étaient libanais, et l’offre éducative visait principalement une population locale voulant suivre un programme français. Ici, la logique est différente : il s’agit avant tout d’une école destinée aux enfants d’expatriés.
Pour cette raison, pendant longtemps, l’établissement est resté très franco-français, mais il s’est progressivement ouvert. Aujourd’hui, environ 40% des élèves sont français ou franco-coréens, tandis que la proportion d’élèves coréens est limitée à 30% par la réglementation locale. De plus, pour être admis, ces élèves doivent justifier d’au moins trois ans de scolarité à l’international, car l’État coréen encadre strictement l’éducation. Le reste de nos élèves ont d’autres nationalités, avec une présence croissante de familles américaines, canadiennes ou encore d’Amérique centrale, qui choisissent le système français.
Notre établissement est en pleine croissance et nous faisons actuellement face à un problème de capacité. Nous atteignons nos limites en termes d’espace, ce qui nous pousse à rechercher des solutions d’agrandissement. Par ailleurs, nous constatons une évolution dans le profil des familles expatriées. À l’échelle mondiale, leur nombre tend à diminuer, car les entreprises réduisent les contrats d’expatriation, jugés trop coûteux. En parallèle, notre établissement attire de nouvelles populations, notamment issues d’autres continents, séduites par le système éducatif français.
Combien d’élèves sont actuellement scolarisés au Lycée français de Séoul ?
Nous comptons actuellement 561 élèves, pour une capacité maximale de 576. Théoriquement, cela signifie qu’il nous reste 15 places disponibles. Cette limite de 30% d’élèves coréens est à respecter par classe, et nous avons déjà atteint ce quota dans certaines classes. Nous ne pouvons accueillir de nouveaux élèves que dans deux niveaux : la quatrième et la seconde. Pour les autres niveaux, nous sommes complets.
"Le Lycée français de Séoul est un établissement singulier. Il s'agit avant tout d’une école destinée aux enfants d’expatriés" explique Cédric Toiron, directeur du Lycée français de Séoul.
Comment le Lycée français de Séoul accompagne-t-il ses élèves dans leur parcours académique et leur intégration, qu’ils viennent de France ou d’autres pays ?
Cette question est particulièrement importante pour nous, car chaque année, entre un quart et un tiers de l’établissement est renouvelé. Bien que cette tendance soit en légère baisse, nous comptons environ 100 nouveaux élèves par an pour un total de 560, soit environ 20 % de la population scolaire. Nous mettons donc un accent particulier sur l’accueil bienveillant de ces élèves, ce qui est essentiel à nos yeux.
"Notre objectif est de permettre à tous nos élèves de poursuivre leur parcours vers l’enseignement supérieur, qu’il soit en France ou à l’international" développe le directeur.
D’un point de vue académique, nous avons mis en place un dispositif de classe passerelle pour les élèves non francophones, afin qu’ils puissent apprendre le français dès leur plus jeune âge. Pour les élèves venant de France, nous proposons également un soutien renforcé pour l’apprentissage de l’anglais, car le niveau d’anglais au sein de l’établissement est particulièrement élevé.
Notre objectif est de permettre à tous nos élèves de poursuivre leur parcours vers l’enseignement supérieur, qu’il soit en France ou à l’international. Cela nous permet d'attirer de nouvelles populations, car nos élèves ne se destinent pas uniquement aux universités françaises après le baccalauréat, mais aussi aux États-Unis, en Angleterre, ou en Espagne. Cette diversité de parcours nous incite à renforcer l’apprentissage du français et de l’anglais.
Nous accordons également une attention particulière aux sciences, étant donné le niveau élevé de la Corée dans ce domaine. En plus des soutiens académiques classiques, nous proposons divers clubs et concours qui permettent à nos élèves d’exceller ou, du moins, de progresser dans ces disciplines.
Quelle est la politique d'apprentissage des langues au sein du lycée ?
Nous avons mis en place une politique linguistique approfondie. Nous proposons une section internationale américaine dès la grande section maternelle, accompagnant les élèves jusqu’en terminale. En première et terminale, nos élèves peuvent choisir entre le bac français classique ou le bac français international américain (BFI). Ce dernier se rapproche de plus en plus des exigences américaines. Dès 2026, nous introduirons les Advanced Placement (AP), des cours américains dispensés en classe de première.
En primaire, les élèves bénéficient de 8 à 10 heures d’anglais en plus du programme classique. Bien que nous ne soyons pas sur du bilinguisme, nous nous rapprochons de ce niveau avec une forte accentuation de l'anglais. Environ 70% des élèves de primaire choisissent cette filière internationale. Pour ceux qui suivent un parcours plus classique, nous renforçons également l'enseignement de l’anglais, avec un partenariat avec Cambridge pour des tests de niveau dès le CM2.
En parallèle, nous proposons des cours de coréen, d’espagnol, d’allemand et de mandarin. Le coréen est obligatoire jusqu’en sixième et devient optionnel par la suite. Nous clarifions avec les familles que notre objectif est de donner une bonne initiation à la langue coréenne et non d’atteindre un niveau de maîtrise élevé. Ceux qui souhaitent aller plus loin dans l’apprentissage du coréen doivent s’engager dans des options supplémentaires, en dehors du cursus classique.
Quels sont les projets pour 2025?
En 2025, nous avons plusieurs projets importants. Tout d'abord, notre priorité est l'agrandissement de l'établissement. Nous recherchons actuellement un terrain pour construire un nouveau campus plus grand, afin d'accueillir l’évolution du nombre d'élèves pour les décennies à venir. C'est un projet fondamental pour l'avenir de l'école.
Nous avons aussi un projet centré sur la francophonie, car l'année 2025 sera consacrée à cette thématique. Nous allons travailler avec l'ambassade de France, ainsi que des ambassades partenaires comme celles de la Suisse, du Canada, et d’autres pays où le français est une langue principale.
Enfin, un troisième projet important concerne les 140 ans de la relation franco-coréenne. Cet anniversaire sera porté par l'ambassade de France et notre établissement y participera activement.
Nous avions déjà élargi nos infrastructures en 2019, mais le bâtiment a rapidement atteint sa capacité maximale. La pandémie de Covid-19 a joué un rôle crucial dans l’augmentation du nombre d’élèves, car la Corée a été un point de repli pour les expatriés, notamment en raison de ses mesures moins restrictives par rapport à d'autres pays asiatiques. L'attrait croissant pour la Corée, notamment grâce à la K-culture, a renforcé ce dynamisme. Nous pensons que cette tendance va continuer à croître, avec l'essor de grandes marques et du secteur technologique. Nous devons donc anticiper l'augmentation du nombre d’élèves et trouver des solutions pour y faire face.
Est-ce que vous avez un mot pour nos lecteurs ?
Je tiens à vous remercier, car depuis que je suis expatrié - cela fait huit années -, j'ai toujours suivi votre rédaction. Votre travail est un véritable accompagnement pour nous, il rassure, offre des conseils utiles et précieux. Les questions liées aux écoles et à l’hébergement sont souvent les premières préoccupations des familles qui arrivent, et c'est vrai que ce que vous écrivez, avec une qualité constante, est souvent la première clé d'entrée pour elles. Je l'ai moi-même vécu en tant que parent, et je le constate chaque année avec les nouvelles familles qui arrivent. Alors merci!
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