Vendredi soir à la Quinta del Jarama, au nord de Madrid, plus de 250 dirigeants d'entreprises françaises et espagnoles se sont réunis autour de la Chambre franco-espagnole de commerce et d'industrie, de l'Ambassadeur de France en Espagne et de la ministre espagnole de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme, Reyes Matoro, pour fêter les 125 ans de l'institution créée en 1894. A cette occasion, le Président Laurent Paillassot a communiqué un certain relifting que se permet l'institution à son grand âge et dévoilé les nouvelles lignes de développement qui sont appelées à servir de fil conducteur à la CCI pour les années à venir.
Sous un format inédit et festif, la soirée annuelle de gala de La Chambre aura tenu certaines de ses promesses, notamment de regrouper autour d'elle une assistance plus nombreuse que de coutume, preuve de la fidélité que l'organisme ayant le plus œuvré au service de la relation entrepreneuriale bilatérale a su générer auprès de ses membres. Il n'y aura pas eu de remise de Prix à l'Esprit d'Entreprise cette année, au profit d'une cérémonie peut être moins solennelle, mais plus propice à l'échange et à la célébration. Créée en 1894 par un importateur de vin, la CCI, requalifiée de "franco-espagnole" en 1917, désormais "La Chambre" pour les intimes, cumule 5 quarts de siècle et autant d'expérience et de savoir-faire destinés à promouvoir le développement des activités entrepreneuriales de part et d'autre des Pyrénées, ce qui en fait une véritable "plateforme consolidée au service de la relation bilatérale", comme l'a souligné l'Ambassadeur Jean Michel Casa au cours de son allocution.
La France est le premier client de l'Espagne, son deuxième fournisseur
La cérémonie, détendue, riante, égayée par des acteurs déguisés à l'image des grandes figures des histoires françaises et espagnoles, de Marie Antoinette à Miguel de Cervantès, aura en outre eu le mérite de rassembler l'ensemble du dispositif français au service du développement des échanges commerciaux entre nos deux pays : "services économiques de l'Ambassade, Business France, conseillers du commerce extérieur et CCI française de Barcelone notamment". Si le rapprochement entre les deux chambres de commerce et de la somme de leurs quelque 1.000 membres est plus que jamais à l'ordre du jour, comme les différents interlocuteurs qui se sont succédés au micro n'ont pas manqué de le faire valoir, ce sont finalement, avec La Chambre et ce corollaire d'institutions, les plus de 2.000 filiales françaises, créatrices de plus de 350.000 emplois en Espagne, et génératrices de quelque 96 milliards d'euros de chiffre d'affaires qui étaient pour cet anniversaire aussi à l'honneur. La France est le premier client de l'Espagne, son deuxième fournisseur, elle constitue le 3e pays en volume d'investissement sur le territoire. "L'Espagne est un partenaire aussi important que la Chine pour la France, qui est elle même un partenaire qui représente autant de poids que l'ensemble de l'Amérique, de la Terre de feu à l'Alaska, pour le royaume", a rappelé Jean Michel Casa.
La France et l'Espagne doivent assumer un protagonisme spécial dans la relance de l'économie européenne
L'Ambassadeur en a profité pour rappeler le rôle à jouer par le couple franco-espagnol dans la relance de la croissance européenne, dans un contexte de partenariat étroit entre nos deux pays illustré on l'a vu par un volume d'échanges impressionnant, mais aussi d'incertitudes, liées au Brexit, à la remise en cause du multilatéralisme ou aux risques de ralentissement que connaissent certains membres de l'Union. Les défis de l'UE, comme la transition écologique et la transition digitale, ne pourront être relevés que si "la France et l'Espagne entreprennent, investissent et participent conjointement à la transformation de leurs économies". A quelques jours de l'accueil par Madrid de la COP 25, l'Ambassadeur a évoqué "une grande opportunité de collaboration entre deux partenaires, européens convaincus". Un discours auquel les mots de la ministre espagnole de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme ont rendu un parfait écho : Reyes Matoro a ainsi déclaré que "la France et l'Espagne doivent assumer un protagonisme spécial dans la relance de l'économie européenne", mais aussi contribuer au développement "de sociétés plus justes et plus respectueuses du développement durable".
Un espace privilégié de facilitation d'échanges
Dans ce contexte où le chaud (la relation bilatérale) et le froid (l'incertitude internationale) sont susceptibles de générer certaines perturbations, La CFECI joue donc un rôle de référent indiscutable pour la sphère entrepreneuriale. "On ne fait véritablement des affaires qu'en connaissant les personnes et les codes des pays où l'on s'installe", a ainsi défendu Sara Bieger, Présidente du Club d'Affaires France-Espagne de La Chambre. Ce rôle où l'humain est au cœur de l'action, La Chambre l'assume, via notamment ses 9 délégations, lui permettant de mailler le territoire au plus près, mais aussi de la multitude d'activités qu'elle organise au service des entreprises. Dans un monde toujours plus interconnecté, cet "espace privilégié de facilitation d'échanges" a son rôle à jouer, "car rien ne remplace les vertus du contact humain", a appuyé l'Ambassadeur.
Connecter les opportunités
A 125 ans, le nouveau slogan de La Chambre est justement "connecter les opportunités". Le Président Laurent Paillassot a ainsi expliqué que cet anniversaire constituait aussi l'occasion pour La Chambre de renouveler son image, ses missions et ses valeurs, afin d'adapter l'institution aux changements, tout en maintenant l'ADN des origines. Le travail des commissions (retail, 4.0, banque etc...) créés il y a 2 ans désormais est à cet égard essentiel. Il a pour mission de générer l'échange, l'apprentissage et le partage, mais il est aussi un outil pour "capter de nouvelles opportunités", a-t-il insisté. Entouré de deux anciens présidents, José Luis Castillo et Domingo San Felipe, et coupant un gâteau d'anniversaire aux couleurs de la France et de l'Espagne, Laurent Paillassot a réitéré : "Nous sommes une Chambre en mouvement, et nous devons nous adapter aux nouvelles formes de l'économie", avant de souhaiter de pouvoir accompagner "le plus longtemps possible" les membres de La Chambre.