Les mesures économiques et les aides financières octroyées par le gouvernement espagnol aux entrepreneurs en Espagne sont jugées insuffisantes pour faire face à la crise exceptionnelle liée au Covid-19. Les représentants des autonomos lancent à l'État un véritable coup de gueule.
Le confinement des habitants et la fermeture de la majorité des activités commerciales empêchent de très nombreux auto-entrepreneurs de travailler. Malheureusement, leur situation est des plus délicates, et beaucoup d'entre eux se demandent s'ils pourront toujours maintenir leur activité après le confinement, ou bien si le poids de leurs charges financières les obligera à mettre définitivement la clé sous la porte. Les représentants de la fédération nationale des travailleurs autonomes, un collectif qui représente près de 18% de l'emploi en Espagne, se sont réunis cette semaine avec la ministre du Travail et la directrice des affaires liées aux auto-entrepreneurs, pour lancer un véritable cri de détresse au gouvernement espagnol et présenter leurs demandes.
Un report fiscal insuffisant
Le directeur de la fédération des auto-entrepreneurs d'Espagne a souligné l'insuffisance des mesures annoncées jusqu'alors pour venir en aide aux autonomos face à la crise du Covid-19. Rappelons que le gouvernement a proposé aux entrepreneurs de bénéficier d'un report du paiement de la TVA et de l'impôt sur le revenu, mais ce geste fiscal n'a pas convaincu : les entrepreneurs facturant moins de 600.000 euros annuels pouvaient reporter ce paiement jusqu'au 20 avril. Le conseil des ministres a validé ce mardi un prolongement de cette mesure pour un report possible jusqu'au 20 mai 2020. Les entrepreneurs qui facturent moins de six millions d'euros peuvent quant à eux bénéficier d'un report des impôts allant jusqu'à 6 mois, mais des intérêts leur seront prélevés au-delà de 3 mois. Les auto-entrepreneurs aimeraient que le report des obligations fiscales soit tenu au moins jusqu'au 20 juillet, date à laquelle doivent se présenter les déclarations du second trimestre de l'année.
Les cotisations des autonomos au cœur du débat
L'état d'alerte a été décrété mi-mars en Espagne, obligeant des millions d'entrepreneurs à tirer le rideau de manière exceptionnelle. Pourtant, dès le 31 mars, la cotisation mensuelle payée à la Sécurité Sociale leur a été prélevée dans sa globalité, et ce malgré la cessation de leur activité ou la baisse considérable de leur chiffre d'affaires. Les entrepreneurs réclament au ministre de l'Inclusion, de la Sécurité Sociale et des Migrations la suspension immédiate de ces cotisations, pour cesser leur paiement prévu fin avril et jusqu'à la fin du confinement, mais aussi pour obtenir un remboursement des cotisations payées en mars au prorata des jours soumis à l'état d'alerte. D'autre part, les autonomos sollicitent de manière exceptionnelle l'abaissement de cette cotisation mensuelle à la Sécurité Sociale à 100 euros pour une durée de six mois une fois la crise sanitaire terminée et le confinement levé, pour aider les auto-entrepreneurs les plus touchés à se remettre en marche. Le gouvernement ayant refusé cette demande pour le moment, le paiement des charges à la Sécurité Sociale devra être maintenu.
Faciliter les conditions d'accès aux aides
Lors de l'annonce de mesures économiques exceptionnelles pour faire face à l'état d'alerte, le gouvernement a promis une prestation financière pour venir en aide aux autonomos. La prestation est accordée à ceux qui ont dû stopper leur activité suite au décret publié dans le BOE annonçant le confinement dans le pays, ou pour ceux qui ont dû faire face à une baisse de leur chiffre d'affaires de plus 75% par rapport au six mois précédant la crise sanitaire. Mais sur les 3,2 millions d'auto-entrepreneurs du pays, près de 1,4 million de professionnels n'ont pas accès à cette aide, et sont littéralement abandonnés à leur sort. Et ceux qui y ont accès n'ont encore encaissé aucune aide à ce jour. Les représentants des auto-entrepreneurs demandent à l'Etat de revoir le critère d'accès à cette aide financière, en l'accordant à ceux qui justifient d'une baisse d'activité de 40% (au lieu des 75% actuellement en vigueur). La fédération de travailleurs autonomes a également souligné le cas particulier des jeunes mères autonomos qui reprenaient juste leur activité en 2020 : ne pouvant pas justifier de revenus déclarés sur les mois précédents le confinement (puisqu'elles étaient en arrêt pour maternité), elles sont de fait exclues de la prestation exceptionnelle.
D'autres points préoccupent de nombreux autonomos, comme la moratoire des crédits et des loyers qui est accordée uniquement pour les biens liés à l'activité professionnelle, le paiement des prestations accordées qui tarde à venir, ou encore l'unification des activités économiques suspendues. Vous pouvez retrouver l'ensemble des mesures sollicitées par la fédération des travailleurs autonomes d'Espagne ATA en cliquant ici. La ministre du Travail a assuré qu'un groupe de réflexion sur la situation des autonomos se réunirait chaque semaine jusqu'à la fin de la crise.