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"Le confinement nous a fait prendre conscience de la qualité de l’air"

Frédéric GiraudetFrédéric Giraudet
Frédéric Giraudet, DG d’Aldes Espagne (© José Pedro Salinas)
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 11 mai 2020, mis à jour le 12 mai 2020

Avant la crise du Covid-19, nous passions déjà 90% de notre temps dans des espaces confinés. Or, l'air intérieur est jusqu'à 8 fois plus pollué que l'extérieur. Frédéric Giraudet, DG d’Aldes Espagne, nous explique la relation entre la qualité de l’air et les maladies, et comment y remédier. 


12.000 litres, c'est la quantité d'air que nous respirons chaque jour, au bureau, à l'école ou à la maison. Alors, mieux vaut que cet air soit le plus pur et sain possible. En effet, selon une étude de l'OMS, l'air intérieur pollué est responsable de 28% des accidents vasculaires cérébraux, 18% des crises cardiaques et 17% des cancers du poumon. Les enfants et les personnes âgées sont les plus exposés aux risques environnementaux, l'impact étant le plus important chez les enfants de moins de 5 ans et les personnes âgées de 50 à 75 ans. En conclusion, l'OMS affirme qu'une meilleure qualité de l'air intérieur permettrait aux gens de gagner jusqu'à 9 mois de vie.

Pourtant, nous ne faisons pas attention à cet air intérieur et nous avons même tendance à nous sentir plus à l’abri face aux agressions venues du dehors. "Une des problématiques de l’air intérieur –déclare Frédéric Giraudet, Directeur général du groupe Aldes en Espagne, un des leaders européens du secteur de la ventilation- c’est la densité des polluants. Comme l’explique l’OMS, l'air intérieur peut être jusqu'à 8 fois plus pollué que l'air extérieur. Et cette accumulation de contaminants souvent invisibles sont d'origines diverses. Il peut s’agir de parfums, de cires, de colle, de la respiration, les vapeurs de douche, bref toute sortes de polluants chimiques ou biologiques, microbes, virus et autres allergènes. En plus, les enfants sont particulièrement exposés puisqu’ils inhalent deux fois plus de polluants qu'un adulte". 


Ouvrir les fenêtres toutes les 3 heures

Étant donné que nous passons près de 90% de notre temps dans des espaces fermés -et cette donnée date d’avant le confinement- pas étonnant que 25% de la population souffre d'allergies. La solution semble donc simple : il faut renouveler l’air. Il est d’ailleurs recommandé d'ouvrir les fenêtres 10 minutes par jour, en été comme en hiver, pour combattre la mauvaise qualité de l'air intérieur. Cependant, pour lutter contre l'effet de confinement, l'air intérieur devrait être renouvelé complètement toutes les 3 heures environ, et l'air extérieur, filtré en entrant dans la maison.

"Ouvrir les fenêtres est un geste utile -affirme le Directeur général d’Aldes- mais insuffisant pour garantir un air sain tout au long de la journée et dans toutes les pièces de la maison. En plus, ce n’est pas toujours possible à cause du bruit ou de la contamination extérieure. En Espagne nous avons la chance qu’il fasse beau mais finalement nous sommes aussi enfermés pour nous protéger du soleil ou de la chaleur ; et on vit avec la clim', sans faire attention à la qualité de l’air intérieur. C’est le problème du secteur de la ventilation : l'air est invisible. On ne le voit pas et donc on n’y pense pas. Ce n'est pas comme le chauffage ou la climatisation que l’on ressent. Du reste, lorsqu’on construit ou rénove, on pense à bien choisir sa céramique, mais on oublie la qualité de l’air du logement où l’on va pourtant vivre au moins dix ou vingt ans".


Aldes collabore à la réglementation espagnole

La France a pris conscience assez rapidement de cette problématique, et est devenu l’un des pays référents dans le domaine de la ventilation mécanique contrôlée. Grâce à la réglementation qui existe depuis 1969, une ventilation au moins basique est présente dans tous les logements construits depuis lors. En revanche, en Espagne il a fallu attendre 2006 pour avoir une réglementation à ce sujet, un texte dans lequel ont d’ailleurs participé des experts d’Aldes. 

Il faut dire que cette entreprise familiale française, présente dans 60 pays, est arrivée en Espagne il y a plus de 20 ans, et s’est vite forgée une belle réputation. Aldes a ainsi été l’un des précurseurs à proposer toutes sortes de solutions de ventilation et de traitement de l'air pour les habitations individuelles et collectives, ainsi que pour les hôtels, les écoles ou les bureaux. Elle représente maintenant entre 25 et 30% du marché. 


Fenêtres étanches et condensation

Depuis l’arrivée de Frédéric Giraudet il y a 3 ans, Aldes est passé à la vitesse supérieure. "L’Espagne est un marché très important –précise-il- avec un potentiel énorme. La majorité du parc de logements actuels n'intègre aucun système de ventilation. Et souvent, les projets de rénovation ne les prennent pas en compte. Nous avons de nombreux cas de personnes qui font une rénovation et qui installent des fenêtres bien étanches pour faire des économies d’énergie. Et le manque de renouvellement de l’air finit par générer de la condensation ou des champignons".

La crise du Covid-19 et le confinement a au moins eu le mérite de rappeler l’importance d’une bonne ventilation. Différentes études japonaise et finlandaise montre que les éléments -comme les gouttelettes microscopiques après un éternuement, une toux ou la sueur- peuvent rester en suspension des heures, alors qu’elles disparaissent rapidement en ouvrant les fenêtres. Une bonne ventilation mécanique permet par contre de renouveler dix fois par jour le volume total de l’air dans une pièce, et ainsi d’assurer ce "nettoyage" de manière permanente.

 

el aire es vida


 

L’air c’est la vie

Précisément, ce même confinement a donné l’idée au responsable d’Aldes de lancer sur Instagram une initiative solidaire intitulée "el aire es vida" (l’air c’est la vie). "Nous avons imaginé -raconte Frédéric Giraudet- une activité ludique et qui fasse réfléchir nos enfants sur la qualité de l’air, pour construire un futur plus sain. Un concours a été lancé et les interventions les plus pertinentes seront récompensées". 

Les questions posées sont simples : "Pour toi, qu’est-ce qu’un air propre ?" ; "Pourquoi est-ce important que l’air que tu respires soit propre ?" et enfin, "Où respire-t-on le mieux, à la maison ou dans la rue ?" Les premières conclusions sur les vidéos reçues sont pleines de bon sens. "Les enfants -signale Giraudet- ont vite fait la relation entre l’air et la santé, même si l’on note une méconnaissance entre l’air extérieur et intérieur, qui reflète bien l’ignorance de la société sur cette problématique. C’est important aussi de faire réfléchir les parents sur ce sujet et nous invitons tout le monde à y participer". 
Pour cela, vous pouvez envoyer un mail avec vos vidéos à comaldeses@gmail.com qui les postera ensuite sur Instagram.