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Éric Mangin U2Guide: "ONG et entreprises doivent fonctionner ensemble"

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Écrit par Mathilde Dumur
Publié le 12 mars 2019, mis à jour le 18 février 2021

Il a vécu au Cambodge, à Dakar, ou encore en Chine et aujourd’hui il est à Madrid. Éric Mangin a fondé une plateforme de voyage qui permet de mettre en lien voyageurs, guides locaux et ONG locales. Pour lui, l’entreprise de demain doit être sociale et responsable. Ce mardi 12 mars, il était reçu au Quai d’Orsay, en tant que lauréat au Trophée des Français de l’étranger dans la catégorie entrepreneur.

 

Il y a seize ans, Éric Mangin quittait la France. Cet ancien biologiste, originaire des Vosges partait en mission humanitaire au Cambodge. « Je suis arrivé dans un village, et il y avait pas mal de choses à faire. J’y suis resté trois mois, ce fut un énorme coup de cœur » raconte-t-il. Puis, son âme de voyageur l’emmène à Dakar au Sénégal pour des travaux scientifiques, mais au final « les longues recherches ce n’est pas pour moi, j’ai besoin que les résultats soient concrets et rapides », découvre-t-il. Puis le Cambodge lui manque, alors il y retourne, avec un projet co-écrit par lui et un associé : Le projet Soleil Levant. Il arrive alors dans un petit village dans la campagne cambodgienne. « On pensait aider à développer la riziculture, mais au final on s’est tournés vers de nouvelles activités économiques pour aider le village. Alors on s’est penchés sur le tourisme et l’artisanat ». Une belle initiative, mais qui laisse certaines personnes dubitatives. « Il y a toujours des gens sceptiques, c’est normal, ils ne comprenaient pas l’enjeu touristique de leur village et de leur mode de vie. Mais on a persévéré et un pourcentage de tout l’artisanat qui était fabriqué sur place était reversé au village ». Petit à petit, le projet se développe, et le village avec. « L’école est devenue gratuite, les fermiers recevaient aussi, ça marchait si bien que le gouvernement nous a demandé de reproduire le même genre de projet, mais en plus gros ». 

 

Il est possible de financer le projet qu’on est en train de monter par le tourisme

Après quelques temps, Éric retourne en France, tout en gardant son statut de directeur de d’association au Cambodge. Il rencontre alors un entrepreneur qui lui demande de s’occuper de la filiale chinoise de sa structure. « Je me suis retrouvé bien loin de ma profession de biologiste de base » admet le jeune homme. « J’ai fait ça pendant huit ans, et je suis même devenu directeur financier de l’entreprise ». Mais sa passion pour le Cambodge n’est jamais bien loin, de même que son engagement pour son pays de cœur. En 2014, il est en train d’essayer de financer un projet d’accès à l’eau potable dans un village quand il pense à quelque chose. « Le tourisme se digitalise de plus en plus, avec les plateformes comme Booking, Airbnb, et je me dis qu’il est possible de financer le projet qu’on est en train de monter par le tourisme, comme on avait déjà fait auparavant, mais de manière plus poussée ». C’est là que naît U2Guide.

 


De U2Guide à lauréat des Trophées des Français de l’étranger

U2Guide, « c’est un enrichisseur de de voyage à l’attention de voyageurs responsables ». L’équipe de ce beau projet est à Madrid, où Éric vit depuis quatre ans. « U2Guide propose en fait des expériences de voyages en dehors des sentiers battus, qui ne sont pas solidaires mais responsables. On fait ce qui s’appelle du profit for non profit. On propose des voyages abordables, et un certain pourcentage de ce profit est reversé à l’une des 27 ONG avec qui nous travaillons. Ces ONG ont toutes des profils différents ; de la cause environnementale à la scolarité dans le monde, à la protection des animaux etc. On tient à ce que les gens soutiennent une ONG qui correspond à leurs valeurs. De plus sur place nous travaillons avec des guides locaux, qui s’engagent aussi à reverser au moins 1% de leurs revenus à une ONG. Et quant à nous, nous reversons 50% de nos bénéfices nets à ces ONG, locales et de confiance ». Les voyages proposés sont variés, selon les pays et selon les missions. Au total, ce sont 70 destinations qui évoluent en fonction des saisons hautes et basses. « La saison haute, on se concentre sur l’Europe, par exemple, et pour les saisons basses, c’est plus la Thaïlande, le Maroc… ».

 

Je crois en la justice sociale

Éric Mangin, c’est en fait un jeune homme plein de dynamisme, qui a mis ses ambitions au service de causes qui lui sont chères. « Je crois en la justice sociale, je crois et je suis convaincu que les ONG et les entreprises doivent fonctionner ensemble. L’entreprise a un côté social, qui peut et qui devrait être mis au service de ceux qui savent comment agir ». Selon lui, les voyageurs ont plus conscience des injustices dans le monde, et de cette manière se sentent plus concernés. « Ils comprennent ce que j’essaye de raconter ». Concernant le Trophée entrepreneur des Français de l’étranger, il est enthousiaste. « Je suis ravi, ça donne beaucoup d’espoir de voir que ce qu’on a créé devient quelque chose qui tient la route, et qu’on a de la reconnaissance pour notre entreprise sociale ». Et de conclure, « ce n’est pas tout de dire que le monde va mal, à un moment il faut agir ».

https://www.u2guide.com