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Thibaut Griboval, une success-story « Made in France »

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Thibaut Griboval, fondateur de la société de conseil en management AION Consulting 
Écrit par Adrien Filoche
Publié le 7 février 2019, mis à jour le 21 mars 2019

Archétype de la réussite française à l’international, Thibaut Griboval a remporté le prix du public des Trophées des Français d'Europe, remis par la Banque Transatlantique. Il est à la tête de trois startups. La dernière en date, AION Consulting, lancée en septembre 2018, guide les entreprises européennes dans leur développement commercial et leur stratégie, sur la méthode du management décentralisé. 

Barbe parfaitement taillée et chemise impeccable, Thibaut Griboval, 31 ans, jouit d’ores et déjà d’un parcours entrepreneurial extrêmement riche. Tourné vers l’international, ce diplômé du Programme Grande École de SKEMA Business School (Lille) a en seulement quelques années tissé sa toile au-delà de l’Hexagone. 

En 2010, il initie sa percée dans l’univers du conseil en ingénierie en devenant business manager du groupe Mathis, une société de conseil en technologie, rachetée ensuite par la multinationale AKKA Technologies. 

J’ai trouvé cela intéressant de sortir du cadre franco-français. 

Sa mission : accompagner des leaders industriels, comme Toyota, Audi ou Engi dans l’amélioration de leur production et de leur stratégie commerciale. Le jeune entrepreneur ressort de cette expérience avec un réseau déjà fourni. Pugnace et porté par le désir de réussite, le Français prend en 2014 la tête de la filiale néerlandaise du même groupe à Eindhoven (Pays-Bas).

Le déclic néerlandais 

Thibaut y découvre une toute nouvelle philosophie dans le travail. Les moyens d’organisations, le relationnel et la hiérarchie diffèrent de la France et de la Belgique. « Les rapports sont beaucoup plus directs aux Pays-Bas. On considère que tout le monde a le même statut. » Il se remémore : « Lors d’une réunion du groupe Philips, des jeunes diplômés n’hésitaient pas à interpeller le Directeur général. Ça fait partie de la culture néerlandaise, qui est beaucoup plus participative. »

La société néerlandaise, cosmopolite, se caractérise par un fort attachement multiculturel. « Je gérais une équipe de 20 personnes. Aucun n’était néerlandais. Il y avait une vraie ambiance internationale. On fonctionnait plus sur le partage. Une fois par semaine, une personne ramenait un repas typique de son pays. Ça crée une atmosphère de travail incroyable. »

Parallèlement à ses activités, Thibaut prend la tête du pôle Belgique du groupe TMC Science & Technology. Enrichi d’une formidable aventure, il se dit que le modèle néerlandais était « quelque chose qu’on pouvait reproduire ailleurs. »

Répondre aux mutations du marché 

Après un retour sur expérience extrêmement positif, Thibaut regagne la Belgique. Le jeune entrepreneur met à profit ses connaissances, fraîchement emmagasinées, pour lancer en 2016 Sixty-Two. Destinée à accompagner les étudiants et les jeunes professionnels dans la formation au management et au développement commercial, Sixty Two est une société de coaching. Elle intervient aujourd'hui en France, aux Pays-Bas, en Italie, en Espagne, au Royaume-Uni et au Canada. En plus du volet formation, Thibaut accompagne les jeunes professionnels avec des conseils de carrière. « Nous les aidons à faire des CV, à écrire des lettres de motivation et à se préparer à un entretien d’embauche. Nous intervenons auprès d’établissements comme SKEMA ou encore l’Université Libre de Belgique. »

En 2018, avec l’aide de deux associés, le Français, plus motivé que jamais, fonde AION Consulting, une société de conseil destinée à accompagner les entreprises dans leur développement commercial et leur stratégie opérationnelle. L’objectif de la startup est simple mais ambitieux : trouver des solutions qui correspondent le mieux aux besoins du marché. « Nous suivons beaucoup d’entreprises multinationales comme le groupe AKKA Technologies. Ces très grands groupes ont besoin d’avoir un support commercial et de se remettre à jour. C’est assez étonnant car on s’attendait plus à des PME aux débuts de nos activités.» 

AION Consulting se différencie du coaching en entreprise par un véritable travail de terrain, axé sur le relationnel. « Nous fonctionnons via l’observation et une longue analyse. Nous allons chez nos clients, pour discuter avec eux et comprendre leur organisation, leur cycle de vente. » Les opérations sont réalisées au sein même des entreprises. L’accompagnement est quasi sur-mesure. « Chaque culture d’entreprise diffère d’une structure à une autre. Il faut donc être capable de s’adapter. Mais notre but n’est pas de se substituer à leur activité. Nous reprenons les fondamentaux, en cherchant à améliorer chaque étape de leur processus. » Une expertise qui s’accompagne aussi d’une formation technique.  

Entreprise libérée et holacratie

De la même manière que bon nombre d’entreprises néerlandaise, AION Consulting embrasse la philosophie de l’holacratie.Management décentralisé, transparence, partage des responsabilités, voilà les principes fondateurs. « Notre objectif, c’est de donner à chacun plus de responsabilités. Impliquer tout le monde, tout en gardant un groupe cohérent. » Il s’explique, en souriant : « Nous gardons évidemment une certaine structure, car sans règle, ça peut vite dégénérer en anarchie. »

L’holacratie passe par un rejet du système pyramidal classique, pour tendre vers une hiérarchisation plus horizontale. « Chez AION Consulting, nous fonctionnons avec des cellules autonomes de travail. Les prises de décisions sont collégiales. Ma voix ne compte pas plus qu’une autre. Tout le monde est au même niveau. »

Cette philosophie, qu’il considère comme adaptée aux évolutions du monde professionnel, Thibaut tente aussi de l’insuffler à ses clients. « Au début, ça intrigue beaucoup. Ils nous disent : ‘’Vous êtes certains ? On prend vraiment des décisions comme cela ? Ce n’est pas une perte de temps ?’’ On répond aux interrogations point par point. On leur montre au quotidien, notamment à travers notre expérience, comment ça fonctionne, que les niveaux d’engagement et d’implication sont plus forts au sein de l’entreprise. »

Le plus dur, ce n’est pas changement de l’organisation, mais plutôt des mentalités. C’est là où on doit faire la différence

Preuve de la réussite éclair d’AION Consultion, en seulement quelques mois d’activités, certains clients ont déjà signé des contrats sur trois ans. « Pour l’instant, les retours sont très positifs. On mange notre pain blanc !»  

Donner les clés de la réussite aux jeunes 

Un lancement réussi qui se traduit logiquement par une phase de recrutement. « En septembre, nous étions trois et aujourd’hui nous sommes huit. Six Français et deux Belges, pour une moyenne d’âge autour de 30 ans. On est embarqué dans une belle aventure ! Pour la fin de l’année, on souhaite être une dizaine de plus !»

De quoi donner des idées à certains jeunes fraîchement diplômés. Pourquoi ? Car l’holacratie va dans le sens de donner la priorité aux jeunes. Thibaut s’explique : « Offrir plus de responsabilités, c’est un formidable moyen d’impliquer les personnes qui arrivent sur le marché du travail. » Ce système, plus horizontal est « en lien avec les espérances des nouvelles générations. On constate tous les jours que les jeunes diplômés n’aspirent plus aux mêmes attentes qu’avant. Ils souhaitent une meilleure implication, plus de responsabilités. Une quête de sens, en quelque sorte. » 

Donner de la confiance aux jeunes, pour leur permettre de passer un cap, dans un monde où les entreprises sont souvent très corporateet attachées aux valeurs traditionnelles. « Le niveau d’engagement et de motivation sont beaucoup plus élevés dans une entreprise libérée. La collaboration est plus saine et chacun sait pourquoi il est là. Ilfaut montrer qu’on peut changer les manières de faire ! » 

Très vite, la demande des jeunes se fait ressentir. « Lors de nos phases de communication, ils sont intéressés. Les amphis sont pleins. Ils ne viennent pas pour notre nom, nous sommes encore peu connus, mais l’holacratie et l’entreprise libérée, ça les intrigue. »

Parfaitement conscient des problématiques rencontrées par les étudiants, Thibaut avait déjà lancée en 2015 l’application YAH! « L’idée, c’est donner un service aux professionnels, par exemple dans la restauration ou l’hôtellerie, pour trouver des renforts dans un délai de 30 minutes. » L’objectif est double : fournir un service aux entreprises mais aussi permettre aux jeunes d’arrondir leur fin de mois. L’application a d’ailleurs été sélectionnée pour rejoindre l’incubateur Station F. 

Ambition internationale et regard sur la France

Entre 2015 et 2018, Thibaut a lancé trois startups. Une prouesse qui lui demande un énorme investissement « Ça fait des grosses journées et des longs week-ends ! », livre-t-il, le sourire aux lèvres. « En quelques mois, j’ai énormément appris, à être efficace dans tous mes rôles. Et puis, en matière de réseaux et de collaboration, c’est très intéressant. »

Mais le jeune entrepreneur, insatiable, n’en a pas fini. « Pour AION, nous voulons ouvrir des bureaux à Paris en fin d’année.» Et si tout se déroule bien ? « Au Luxembourg en 2020, pour rayonner sur la France et tout le Bénélux. » Terminé ? Toujours pas. « On souhaite aussi poursuivre l’expansion en Europe, pour devenir à cette échelle la référence : la société de conseil qui prône l’holacratie et qui aide les sociétés à être plus efficace commercialement. »

Une ambition, qui confirme l’attrait de Thibaut pour l’international, sans pour autant qu’il mette de côté sa patrie française. « On l’oublie souvent quand on est en France, mais on a une chance incroyable d’être Français » Éloigné des clichés du Français égocentrique, Thibaut remarque qu’il y a « une plus grande ouverture d’esprit du côté de la France, plus d’attrait pour ce qui se passe dans le monde. Il y a un dynamisme retrouvé, un vent de fraîcheur. C’est agréable de constater tout cela de l’extérieur ! »

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Publié le 7 février 2019, mis à jour le 21 mars 2019
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