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MADRID ACCUEIL - Groupe "vie pro" : ateliers d'expats vers le retour à l'emploi

Écrit par lepetitjournal.com Madrid
Publié le 8 décembre 2013, mis à jour le 9 décembre 2013

Depuis la rentrée l'association d'accueil madrilène propose à ses membres un groupe de réflexion et de partage pour les personnes en recherche d'emploi. Une vingtaine de participants se retrouvent mensuellement dans le quartier d'Arturo Soria, pour échanger sur leur projet professionnel, les méthodes de recherche d'emploi et les possibilités de création d'entreprise. Barbara Loyer, executive coach, anime ces sessions au cours desquelles l'entraide constitue le maître mot. Nous avons assisté à la dernière réunion.

(Photos lepetitjournal.com)

Neuf heures trente, Arturo Soria. Une quinzaine de personnes discutent autour de muffins et de café chaud, regroupées à l'occasion de la réunion mensuelle du groupe "vie pro", destiné aux personnes en recherche d'emploi. Une majorité de femmes et deux hommes, tous ou presque "conjoints d'expat", décidés à rebondir concernant leur carrière professionnelle. Après un moment d'échange à bâtons rompus, c'est parti pour 3 heures d'atelier animées par Barbara Loyer, executive coach, bénévole pendant la durée de la matinée et à l'origine de ce projet au sein de Madrid Accueil. Un projet qui répond visiblement à un besoin de la part d'un bon nombre de Français installés dans la capitale. Conjoncture économique oblige, mais aussi contingences de la vie d'expat, la nécessité d'une réflexion sur sa carrière professionnelle et la meilleure manière de se promouvoir sur le marché du travail espagnol s'avère particulièrement pertinente dans un bon nombre de cas.

Une question de confiance en soi
L'animatrice du groupe, connaisseuse de la question, explique le succès de l'atelier : "Il y a beaucoup de personnes qui ont arrêté de travailler pendant plusieurs années, pour suivre leur conjoint, se dédier à l'éducation des enfants, ou simplement profiter de la vie d'expatrié. Au moment du retour à l'emploi, se pose notamment une question de confiance en soi. Un doute accru par le fait de vivre à l'étranger, dans un pays où l'on ne contrôle pas parfaitement tous les codes". D'où l'intérêt de se retrouver avec d'autres personnes dans la même situation. Avec souvent des profils étonnamment brillants, des parcours professionnels mis entre parenthèses après des expériences de haut niveau, des aptitudes, comme régulièrement la connaissance de plusieurs langues, à réapprendre à mettre en valeur. L'atelier permet aux  participants de présenter leur projet à l'assistance, en recréant une situation professionnelle réelle : séance de networking, entretien d'embauche etc. L'audience donne son feed-back à l'orateur, ses conseils, ses interrogations. "Le travail en groupe est primordial", juge Barbara Loyer, "parce qu'il permet d'abord de se sentir moins isolé, d'établir qu'il y a d'autres personnes dans la même situation, mais aussi parce que les membres de l'atelier sont chargés de prendre eux-mêmes en main les rennes du groupe, en proposant des agendas et des ordres du jour".

Demander conseil au groupe
Trois sous-groupes sont constitués au sein de l'atelier : définition du projet professionnel, méthodes de recherche d'emploi et création d'entreprise. Des groupes perméables : "il y en a qui passe d'un groupe à l'autre, de la création d'entreprise à la définition du projet personnel, et vice versa... C'est assez flexible" commente Barbara. Au cours de la séance de décembre, 4e depuis l'existence du groupe, deux participants vont présenter leur "pitch" à l'assistance. Antoine*, directeur commercial, craint un remaniement du personnel au sein de son entreprise et anticipe une réinsertion dans le monde de l'industrie, pas forcément facile compte-tenu de l'état du marché du travail, de son expérience et des prétentions salariales qui devraient être les siennes. Il se prépare à postuler pour des postes moins qualifiés et demande conseil au groupe sur la meilleure manière de présenter sa candidature, le tout en espagnol. A la fin de sa présentation, chacun lui distribue un post-it, avec ses commentaires, positifs et négatifs. "Je sais que j'ai tendance à partir dans des envolées lyriques", déplore Antoine, "je dois apprendre à être plus percutant". Corinne* quant à elle se présente dans le cadre d'un événement de networking de l'industrie culinaire. "J'ai travaillé en Malaisie, à Londres, en Andalousie et à Paris", décline-t-elle, "je suis rompue aux différences culturelles". Prestigieux diplômes français de marketing et d'école de cuisine en poche, elle s'inquiète pourtant : "Les bonnes écoles françaises ne sont pas aussi bien valorisées ici".

Le CV à l'espagnole
Antoine, Corinne, Stéphanie (juriste immobilière pendant 10 ans), Nathalie (ingénieur en environnement)... et les autres. Les membres du groupe "vie pro" ont souvent en commun d'avoir derrière eux des formations de qualité, des parcours professionnels bien remplis et des aptitudes laborales indéniables. Reste à savoir mettre en avant un parcours peu orthodoxe, avec des trous dans le CV et une certaine dose d'incertitude concernant les projets à long terme. A chaque session, un intervenant espagnol invité pour l'occasion vient apporter son expertise au groupe. Cette fois, c'est Marta Carballal, conseillère en recrutement, qui décrypte le CV à l'espagnole et la meilleure façon de mettre les parcours d'expatriés en avant. "C'est important que ce soit une personne espagnole qui donne un retour d'information sur la situation de chacun", estime Barbara Loyer, "ça permet aux membres de se positionner concrètement". "Il y a deux marchés du travail", estime pour sa part Marta. "D'un côté, le marché classique, celui des grandes entreprises et corporations, avec les carrières très conventionnelles pour lesquelles vous risquez de vous trouver handicapés, du fait de votre curriculum souvent atypique. Et puis un second marché, plus déstructuré, plus flexible, plus moderne peut être, avec des missions plus ponctuelles, parfois externalisées : c'est sur ce créneau que vous avez le plus de chances". Et de signaler que de nombreux postes sont pourvus, sans même être annoncés dans les sites de recherche d'emploi. "Il faut arriver à se faire connaître auprès de l'entreprise ciblée, avant même que l'annonce n'apparaisse dans Monster", affirme Marta, "il faut être insistant, organisé, réussir à transmettre sa candidature via différents canaux et se présenter de façon originale".

Décrocher le gros lot
La consultante transmet quelques clés pour rédiger au mieux son CV et pour postuler de façon intelligente. "Les environnements confus, comme celui lié à cette crise économique, génèrent de grandes opportunités", juge-t-elle. "Si vous avez beaucoup d'imagination, si vous êtes persistants et très systématiques sur votre secteur de recherche, alors vous pouvez décrocher le gros lot", conclut-elle, signalant au passage : "La recherche d'emploi constitue à elle seule un travail à temps plein". Trois personnes du groupe ont trouvé un emploi depuis la rentrée, dont deux grâce aux échanges établis au sein de l'atelier.

Vincent GARNIER (www.lepetitjournal.com - Espagne) Lundi 9 décembre 2013

*Certains prénoms ont été changés par respect des carrières professionnelles des intéressés.

Pour participer à l'atelier "vie pro", il faut être membre de Madrid Accueil. Une participation annuelle de 20 euros est en outre demandée aux participants.

logofbespagne
Publié le 8 décembre 2013, mis à jour le 9 décembre 2013