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Carlos de la Torre: "RCI finance 50% des véhicules vendus par l'Alliance"

CARLOS DE LA TORRECARLOS DE LA TORRE
Carlos de la Torre revient à Madrid, après 3 ans passés à Paris, à la tête des opérations européennes de RCI / DR
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Publié le 29 mai 2021, mis à jour le 2 juillet 2021

Il a pris en début d'année la direction pour la péninsule Ibérique de RCI, la financière de Renault Group, dans un contexte complexe, chargé de défis. Pour Carlos de la Torre, la transformation de l'industrie automobile, son adaptation aux nouveaux paradigmes imposés par la pandémie et par les objectifs de développement durable, passent aussi par de nouveaux modes de financement des véhicules, en adaptation avec l'évolution des mœurs et des besoins.

 

Avec un constat éloquent : "Nous finançons la moitié des véhicules vendus par l'Alliance", explique le nouveau DG de RCI Bank pour l'Espagne et le Portugal, "et ce en dépit de la chute du segment des particuliers". C'est traditionnellement sur ce canal que la financière a de fait su développer un taux d'intervention particulièrement élevé, de l'ordre de 70%. "Nous avons été capables, avec le temps, d'intégrer pleinement la stratégie du fabricant" décrypte Carlos de la Torre. Pour cet Espagnol diplômé de l'Ecole technique supérieure d'ingénieurs industriels de Madrid, le retour dans la capitale suppose aussi un retour aux sources, puisqu'après avoir débuté sa carrière en 1989 chez Renault et avoir occupé différents postes à responsabilité au sein du groupe, il a occupé les mêmes fonctions de 2013 à 2018, mais aussi et encore un retour dans le pays, après 3 ans passés à Paris, à la tête des opérations européennes de RCI. Francophile et francophone, Carlos de la Torre connaît donc sur le bout des doigts son marché et les enjeux de son métier, au sein du grand chamboulement que suppose la "Renaulution", le plan stratégique annoncé en début d'année par Luca De Meo, CEO de Renault Group.

 

Le temps moyen de détention d'un véhicule, largement supérieur en Espagne qu'en France

Un des grands défis auquel doivent faire face en Espagne les fabricants automobile est lié au temps de détention des véhicules dans le pays : 12 ans en moyenne, contre 7/8 ans en France, et 5/6 ans au Royaume-Uni. "Sur le marché anglo-saxon, la notion de possession de la voiture, au sens de propriété de cette dernière, a beaucoup moins importante que dans les pays latins", analyse de la Torre. C'est une évidence : plus la fréquence de renouvellement des véhicules est élevée, plus les fabricants ont l'opportunité de vendre des modèles -neufs et d'occasion. À cet égard, RCI a son rôle à jouer, notamment "en proposant des formules de financement qui s'adaptent aux besoins de chaque client". Mais c'est aussi une évolution des mentalités que la financière entend bien accompagner et promouvoir, via la formule "Preference", qui permet au terme du versement d'une partie de l'échéance totale, soit de conserver le véhicule, soit de le retourner, soit enfin de l'échanger contre un autre. "Le concept de propriété s'avère chaque fois plus démodé", estime Carlos de la Torre. "Ce qui compte désormais, c'est de disposer d'un service". Concrètement : disposer d'un budget mensuel dédié à la mobilité et jouir en contrepartie de l'usage d'un véhicule dont on pourra se désintéresser des questions relatives à l'entretien. "On pourra aussi disposer de véhicules disposant des dernières technologies", défend le DG Espagne de RCI, "mais surtout pouvoir, avec flexibilité, disposer en fonction des besoins de chaque instant de notre vie, du véhicule approprié". 

 

Livraison à domicile

En dehors du constat qu'en 12 ans de possession d'un véhicule les besoins des propriétaires sont forcément appelés à évoluer (arrivée d'un enfant, changement de lieu de résidence ou de travail, etc), le dirigeant de RCI constate en outre que "les clients sont toujours plus demandeurs de flexibilité à l'heure de s'engager sur un crédit". Pour Carlos de la Torre, la capacité de RCI à proposer de la flexibilité dans le crédit, notamment en termes de durée, ou de renégociation, mais aussi dans la digitalisation des processus, est essentielle. "Aujourd'hui, nous sommes capables de réaliser de la livraison de véhicule à domicile", illustre-t-il. Une première en Espagne, qui s'est matérialisée ce printemps. Si la livraison de voiture ne s'apparente pas encore à la livraison de pizza, il n'empêche qu'il est maintenant possible pour l'usager, du choix du véhicule à la négociation du financement, jusqu'à, comme on vient de le voir, sa prise de possession, de procéder à un achat totalement digitalisé, sans sortir de chez soi. A cela s'ajoute qu'en novembre dernier, le Groupe Renault en Espagne, à travers sa financière, lançait Renault Bank, une banque de dépôts pour le marché espagnol, 100% digitale. L'Espagne constitue ainsi le 6e pays dans le monde où le concept est actif et le développement dans le pays "est dans la lignée des objectifs fixés".  

Pour Carlos de la Torre, "la pandémie a accéléré des tendances qui existaient déjà. Nous avons pour notre part imaginé des solutions qui permettent de répondre aux nouvelles attentes des usagers, allant des nouvelles formes de mobilité, comme le véhicule électrique, aux nouvelles formules de financement". Il n'a échappé à personne que l'année 2020 a constitué une année en blanc pour l'automobile. Pour 2021, les dés ne sont pas encore complètement jetés. Autrement dit, il est encore possible de sauver le second semestre, "si le rythme de vaccination est maintenu et si la saison touristique est sauvée", estime Carlos de la Torre.