Tout le monde connaît AlloCine, Jeuxvideo.com, Xataka, SensaCine ou les plus grands YouTubers comme Cyprien, Norman, Natoo, Elrubius ou Vegetta777. Mais ce qu’on sait moins, c’est que derrière se trouve une entreprise française, Webedia. Son CEO en Espagne nous raconte la stratégie du Groupe.
On peut dire qu’Antony Dumas a immédiatement mis le pied à l’étrier du monde des médias et du digital après ses études dans une grande école de commerce. Il lance le premier site Internet de l’hebdomadaire L’Express en 1997, une époque où l’on en était encore qu’au tout début du numérique pour la presse écrite. Mais c’est une incroyable opportunité de travail au Brésil pour sa femme qui va définitivement changer sa vie. Dumas abandonne alors son poste chez Cdiscount, où il s’occupait de la stratégie marketing et fidélisation pour suivre son épouse. "Nous avons toujours fait en sorte de coordonner nos vies -explique Antony Dumas, CEO de Webedia Espagne- pour pouvoir être pleinement heureux autant professionnellement que personnellement. A Rio de Janeiro, j’ai d’abord été consultant dans le e-commerce et le digital pour plusieurs boîtes françaises et internationales. Ensuite j’ai eu une opportunité passionnante qui a été le lancement de la filiale d’AlloCiné au Brésil en 2011, appelée là-bas AdoroCinema, qui est très vite devenu le site leader du cinéma au Brésil. AlloCiné a été racheté par Webedia en 2013. Et ça a été la rampe de lancement pour grandir dans le digital en France et ailleurs dans le monde".
Cinq contenus clés : cinéma, jeux vidéo, lifestyle, cuisine et technologie
Créée en 2007, Webedia a construit en un temps record un réseau mondial unique de marques médiatiques, de représentation de talents, d'événements et de services, tous liés au monde du divertissement, avec plus de 70 sites et applications dans le monde (AlloCiné, PurePeople, Puretrend, Jeuxvideo.com, Gamestar, 3Djuegos, 750g.com, Easyvoyage, TudoGostoso, Moviepilot, SensaCine, Xataka etc.) et certains des influenceurs les plus puissants sur les plateformes sociales (Vanoss, Cyprien, Squeezie, Norman, Natoo, ElRubius, WillyRex, Grefg, etc).
"Depuis le début -raconte Antony Dumas- nous nous sommes toujours concentrés sur le divertissement numérique. Nous ne voulons pas rentrer dans le secteur de l’information généraliste, il y a déjà d’autres acteurs numériques très forts dans tous les pays où nous sommes présents, sans parler de tous les GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple)". Une stratégie qui porte indéniablement ses fruits, puisque le groupe français compte 250 millions d'utilisateurs mensuels uniques dans le monde entier, dont 35 millions en France et 20 millions en Espagne.
7e groupe de médias par audience sur le marché espagnol
"Ces chiffres sont importants –déclare le CEO de Webedia Espagne- mais ceux que nous aimons le plus sont les autres, les chiffres de leadership dans les cinq contenus clés : cinéma, jeux vidéo, lifestyle, cuisine et technologie. La stratégie de Webedia est en effet d’être le numéro un dans le secteur du divertissement digital dans tous les pays où nous sommes présents". Ainsi, Webedia Espagne est nº1 en technologie avec le site Xataka, nº1 en cinéma avec SensaCine, nº1 en jeux avec 3DJuegos, nº 1 en gastronomie avec Directo al Paladar et les publications Lifestyle Trendencias et Vitonica occupent la 2e place dans la catégorie mode de vie. Enfin, Webedia complète cette audience des médias numériques avec son activité de représentation d'influenceurs et de YouTubers. C’est ainsi qu’environ 10 millions d'utilisateurs uniques par mois visitent les chaînes des Talents digitaux qui travaillent avec Webedia sur YouTube, produisant plus de 400 millions de vidéos vues par mois ! Tous ces chiffres placent l'entreprise française comme le principal opérateur de divertissement en ligne en Espagne et le septième groupe de médias par audience sur le marché espagnol.
Pour atteindre de tels records en Espagne, à peine quatre ans ont suffi. Petit retour en arrière. Après six années au Brésil où le lancement d’AlloCiné avait été un immense succès -Le Brésil est d’ailleurs devenu le 1er pays du groupe en terme d'audience, avec 58 millions de visiteurs uniques mensuels- Antony Dumas retourne en France et s’occupe du développement international de Webedia. C’est une grosse période de croissance externe. Mais la famille Dumas ne se sent pas à son aise à Paris, sans doute le virus de l’expatriation. Toujours est-il qu’ils jettent leur dévolu sur l’Espagne. "Webedia n’était pas présent en Espagne -se souvient Antony Dumas- à l’exception d’une toute petite activité avec SensaCiné qui vivotait. J’ai alors décidé de faire acheter au groupe un site de jeux vidéo pour ainsi démarrer le divertissement digital dans le cinéma et les jeux vidéo".
210 employés, 180 à Madrid et 30 à Barcelone, 38 millions d’euros de chiffre d'affaires
En 2016, lorsqu’il fonde Webedia en Espagne, huit personnes travaillent avec Dumas. Ils sont aujourd’hui 210 employés, 180 à Madrid et 30 à Barcelone. Mais la croissance est surtout spectaculaire au niveau du chiffre d’affaires qui est passé en 4 ans de 500.000 euros à 38 millions d’euros. Il faut bien sûr prendre en compte les acquisitions, dont la dernière, Weblogs. Or, de tels résultats ne s’obtiennent pas en faisant payer pour avoir accès au contenu. Le secret est l’audience et, avec 20 millions de visiteurs uniques par mois, ce qui représente 65% de la population Internet en Espagne, l’objectif est atteint. "Si vous n'avez pas de marque historique très puissante -souligne Antony Dumas- il est très difficile de faire payer le public pour voir le contenu. Je dirais même que c’est une illusion. N’oublions pas qu’on peut obtenir pratiquement la même information à un click, donc il faut que le lecteur accorde vraiment beaucoup de valeur à une marque. Dans les pays anglo-saxons, il y a une proportion plus importante de la population qui est prête à payer sur Internet, mais ce n’est pas trop le cas en Espagne. La clé réside donc dans l’audience et nous ne voulons pas limiter notre capacité à toucher plus de public en créant un mur de paiement".
Être Youtuber c’est un métier qui requiert énormément de talent
C’est particulièrement vrai avec les plus grands influenceurs et YouTubers qui travaillent avec Webedia et comptabilisent chaque jour des millions de vues et de followers dans le monde. Mais, n’est pas YouTuber qui veut! "Être Youtuber -affirme Antony Dumas- c’est un métier qui requiert énormément de talent. Il y a beaucoup de gens qui ne les prennent pas au sérieux et qui pensent que c’est juste se mettre devant une caméra dans sa chambre! Or, tout le monde n’en est pas capable et encore moins raconter quelque chose d’intéressant, car il faut arriver à capter l’intérêt de l’audience. La dernière vidéo de Elrubius a fait 10 millions de vues en deux jours et il a 40 millions de followers. Il faut être très talentueux pour créer du contenu et savoir se connecter avec les jeunes, et ça, ce n’est pas donné à tout le monde".