Édition Hong Kong

Hong Kong porte plainte contre les Etats-Unis

Le 1er février, les Etats-Unis annonçaient des droits de douane de 10% sur les produits en provenance de Chine et de Hong Kong. En réponse, la région autonome spéciale a décidé de déposer plainte contre Washington à l’Organisation Mondiale du Commerce.

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Les produits hongkongais sont désormais davantage taxés à la douane américaine (photo iBjorn sur CreativeCommons).
Écrit par Guillaume Clément
Publié le 16 février 2025, mis à jour le 18 février 2025

Droits de douanes, attaque et riposte

« Droits de douane est le plus beau mot du dictionnaire », avait menacé Donald Trump dès sa campagne. Joignant le geste à la parole, le 45e et 47e président américain a annoncé le 1er février une augmentation de 10 points de pourcentage des droits de douane sur l’ensemble des produits importés de Chine et de Hong Kong. Cette mesure est entrée en vigueur trois jours plus tard.

Ce même 4 février, Pékin a répliqué en décrétant à son tour des taxes douanières de 15% sur les importations de charbon et de gaz naturel liquéfié des Etats-Unis et de 10% sur le pétrole, les machines agricoles, les véhicules de sport de grosse cylindrée et les camionnettes « made in the USA ». La Chine a aussi annoncé des nouvelles restrictions dans les exportations de métaux et métalloïdes critiques vers les industries américaines et lancé une enquête contre Google et PVH Corp.

Dans le même temps, les autorités chinoises ont annoncé porter plainte contre Washington à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais, dans la foulée, une deuxième action judiciaire est arrivée sur le bureau des juges du commerce mondial. En effet, le 7 février, Hong Kong a aussi annoncé déposer une plainte devant cette même instance pour les mêmes raisons.

 

Autonomie commerciale de Hong Kong

Si les deux plaintes sont distinctes, c’est parce que la région administrative spéciale est considérée comme un territoire douanier distinct. Hong Kong est même entrée à l’OMC dès 1995, alors que la Chine n’a été admise dans cette instance qu’en 2001.

De ce fait, jusqu’en 2020, Hong Kong bénéficiait de privilèges commerciaux auprès des Etats-Unis qui n’étaient pas accordés à Pékin, arguant du fait d’être une entité à part dans le domaine du commerce international tout en étant une « partie inaliénable » de la Chine. En 2020 donc, Donald Trump ne s’est pas embarrassé d’une telle subtilité et a aussitôt mis fin au régime commercial favorable à Hong Kong.

De ce fait, la procédure déposée à l’OMC contre Washington a été justifiée par un porte-parole du gouvernement hongkongais par le fait que ces nouveaux tarifs douaniers sont « totalement incompatibles avec les règles de l’OMC et ignorent notre statut de territoire douanier distinct ».

 

Conséquences limitées pour Hong Kong

Pour autant, si Hong Kong tient à faire respecter ses droits, les conséquences des droits de douanes américains sur son économie devraient être limitées. Ils « ne devraient pas avoir un impact important », a notamment réagi Algernon Yau, le secrétaire au Commerce et au Développement économique du gouvernement local.

Selon les statistiques du Census and Statistics Department, en 2024, les exportations de marchandises de Hong Kong vers les Etats-Unis ont représenté 295 milliards de HKD (38 milliards d’USD), soit presque dix fois moins que ce qui est exporté vers la Chine. Cependant, le commerce de Hong Kong avec les Etats-Unis est très excédentaire, puisqu’en 2024 toujours, les importations américaines n’ont été que de 206 milliards de HKD (26 milliards d’USD). Il faudra donc attendre les statistiques de 2025 pour voir quel sera finalement l’impact de cette guerre commerciale sur le commerce américano-hongkongais.

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