Depuis son retour du Moyen-Orient, John Lee a l’ASEAN dans sa ligne de mire. Il a en effet déclaré qu’il se rendrait prochainement dans les pays de l’Association des Nations d’Asie du Sud Est, partenaire commercial crucial pour Hong Kong.
Récents accords de libre-échange en ASEAN
La mission de John Lee consistera à entériner définitivement le retour de la ville sur la scène internationale et à renforcer son rôle de facilitateur de longue date de l'initiative "Belt and Road", plan chinois pour s’ouvrir au commerce mondial.
Les relations entre les deux acteurs sont d’autant plus cruciales que leurs accords de libre-échange sont entrés en vigueur début 2021, après de longues négociations qui avaient débutées en 2014. Signés il y a déjà près de six ans, ces accords visent particulièrement le commerce des marchandises et des services. L’avantage direct de ces derniers ? Apporter une sécurité juridique, un meilleur accès au marché et un traitement mutuel plus équitable en matière de commerce et d'investissement.
Un partenaire crucial pour Hong Kong
L’année 2022 a confirmé, malgré le contexte de lente reprise due à la crise du Covid-19, les liens étroits entre la RAS et l’Asie du Sud-Est : L’ASEAN est le 2e partenaire commercial de Hong Kong pour le commerce de marchandises, le 3e dans le secteur des services et en termes d’investissements directs à l'étranger, avec un stock de 600 milliards de dollars hongkongais. Le commerce total de marchandises entre Hong Kong et l'ASEAN a d’ailleurs connu un taux de croissance annuel moyen de 5% par an entre 2018 et 2022, donc même pendant la crise du covid-19. 20% des importations totales de Hong Kong proviennent de l’organisation.
Toutes les exportations de l'organisation qui entrent à Hong Kong depuis deux ans ne sont donc plus concernées par des droits de douanes, ce qui facilite le transit de produits essentiels pour la RAS, à savoir les machines, appareils électriques et équipements de télécommunications.
Les exportations de Hong Kong vers l'ASEAN, quant à elles, sont davantage de l’ordre de la compétitivité hors-prix : Bijoux, orfèvrerie et autres articles en matériaux précieux ou semi-précieux.
Sans oublier qu’en 2022, 84 entreprises du sud-est asiatique, basées ou constituées en société, étaient cotées à la bourse de Hong Kong. C’est le nombre le plus élevé pour un marché boursier hors des pays de l’organisation.
Une zone économique en plein boom
Les dix membres de l’ASEAN constituent la cinquième économie mondiale et la troisième économie la plus peuplée du monde (685 millions d'habitants). D’autant que la jeune population, dont l’âge médian dépasse tout juste trente ans, a un énorme pouvoir de consommation. Au cours des dix prochaines années, cette immense zone économique devrait ajouter 140 millions de consommateurs au marché mondial.
Hong Kong a déjà signé des accords de libre-échange avec 20 économies, dont les quatre derniers avec Macao, la Géorgie, l'Australie et donc l’ASEAN. La ville se démarque une fois de plus comme un environnement où la circulation des capitaux et les retours sur investissements sont libres, sans contrôle des changes. C’est l’occasion de renforcer cette image de marque écornée par la longue période Covid.
Entrée prochaine de Hong Kong au sein d’un large partenariat
Hong Kong s'apprête également à entrer dans le Regional Comprehensive Economic Partnership (RCEP), le plus grand accord de libre-échange au monde composé d’une large partie des Etats d’Asie-Pacifique, ce qui devrait encore renforcer ses relations avec les pays membres de l’ASEAN.
La demande d'adhésion du gouvernement est une étape très importante pour permettre à Hong Kong de signer des accords de libre-échange avec le Japon et la Corée, les deux seuls pays du partenariat économique avec lesquels la ville ne dispose pas d’accord.
Les 15 pays du RCEP sont déjà tous des partenaires commerciaux majeurs de Hong Kong et représentent plus de 70 % de son commerce total de marchandises. Le partenariat, qui couvre près d'un tiers de la population mondiale et environ 30 % du produit intérieur brut mondial, vise à éliminer jusqu'à 90 % des droits de douane sur les importations entre les signataires en 20 ans. Une aubaine pour Hong Kong, permettant de coupler de nouveaux investissements à l’actuelle relance par la consommation (tournée vers l’intérieur).
L’ASEAN et la Greater Bay Area
Afin de s’assurer de ce renforcement des relations, John Lee s’est engagé en 2022 à ce que la ville aide l'ASEAN à saisir des opportunités de grande envergure dans la Greater Bay Area. Hong Kong reste donc un partenaire essentiel pour l'organisation, alors que cette dernière souhaite multiplier les investissements dans le Guangdong.
La Greater Bay Area est devenue un enjeu essentiel pour la Chine, qui prévoit au fil des prochaines années une « intégration financière, technologique et culturelle » et un alignement de ses politiques dans 11 autres villes du sud du pays.
Ainsi, Hong Kong est avant tout plébiscitée pour son caractère hybride. La ville peut apporter une valeur ajoutée non négligeable au RCEP en tant que passerelle commerciale avec le continent.
Un rôle stratégique à jouer pour Hong Kong
Hong Kong est ainsi vouée à devenir le principal facilitateur des relations entre la Chine et le reste de l’Asie, et tout particulièrement avec l’ASEAN, marché à la croissance la plus rapide du monde. La ville peut ainsi être au cœur des fluctuations des chaînes d’approvisionnement et utiliser à son avantage la tectonique géopolitique des plaques à l’échelle régionale, toujours au nom de son environnement unique et de ses technologies de pointe.
Au niveau macroéconomique, Hong Kong est bien placée pour faciliter les échanges de capitaux du fait du nouveau corridor commercial de l'initiative "Belt and Road" et de l'internationalisation du yuan.
La population de l’ASEAN, de plus en plus instruite et adepte du numérique, représente également pour Hong Kong un terreau de futurs talents qui devraient rapidement intéresser les entreprises de la ville. La Fondation Hong Kong-Asean, plateforme de promotion des liens entre Hong Kong et l'Asean, a justement vocation à favoriser des programmes d'échange et des stages en soutenant au moins 500 étudiants dans les trois prochaines années.