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Lucas Lamah, conseiller des Français au Liban: “Sollicitez-nous face aux difficultés"

Dans un contexte particulièrement tendu, où la communauté française au Liban et en Syrie est confrontée à des défis sécuritaires importants, Lucas Lamah, Conseiller des Français de l’étranger, revient sur son rôle d’intermédiaire entre le consulat et ses compatriotes. De la gestion des crises aux projets d’initiatives communautaires, il évoque son engagement, sa vision pour l’avenir et les enjeux auxquels il fait face pour servir au mieux les Français résidant dans cette région.

lucas lamahlucas lamah
Lucas Lamah, conseiller des Français au Liban
Écrit par Léa Degay
Publié le 2 janvier 2025, mis à jour le 9 janvier 2025

 

Pouvez-vous expliquer le rôle d’un Conseiller des Français de l’étranger et les missions spécifiques que vous menez pour les Français résidant au Liban et en Syrie ?

Le Conseiller des Français de l’étranger joue le rôle d’intermédiaire entre le consulat d’un pays et la communauté française qui y réside. Ces conseillers sont élus par circonscription. Pour le Liban, la circonscription inclut également la Syrie. Cependant, 95 % de la communauté française de cette zone se trouve au Liban, ce qui justifie que la majeure partie de notre activité soit concentrée sur ce territoire.

Notre mission principale consiste à répondre à toutes les préoccupations des Français de la région. Nous participons notamment aux commissions des affaires sociales, qui incluent les dossiers de bourses scolaires et les allocations de solidarité. La sécurité de nos concitoyens est également au cœur de nos priorités, et ces derniers mois ont été particulièrement exigeants dans ce domaine.

Sur le plan sécuritaire, les tensions récentes ont nécessité une mobilisation permanente, particulièrement depuis les événements marquants de septembre à novembre 2024. Nous avons notamment aidé les Français déplacés ou de passage à réserver des billets sur Middle East Airlines, la seule compagnie encore opérationnelle durant cette période, pour faciliter leur retour en France ou leur départ vers d’autres destinations. Nous étions sur tous les fronts.

Enfin, un autre volet essentiel de notre rôle est la communication. Nous veillons à informer nos compatriotes de toutes les décisions prises par le Consulat de France et des évolutions les concernant.

 

Comment maintenez-vous le lien avec la communauté française? Vous avez des bureaux ou il y a des permanences ? 

Parmi les cinq conseillers des Français de l’étranger, deux d’entre nous n’ont pas quitté le Liban pendant les récents événements. J’assurais et j’assure toujours mes permanences depuis Beyrouth, tous les vendredis matins. À cette occasion, nos compatriotes peuvent venir me rencontrer directement, ou alors me joindre par téléphone, WhatsApp, ou Instagram. Tous les moyens de communication sont utilisés, mais la permanence et WhatsApp sont les plus pratiques pour établir un contact direct. Je m'efforce également de répondre rapidement à leurs messages pour les accompagner au mieux dans leurs démarches.

 

Beaucoup de personnes ont-elles quitté le Liban suite aux récents événements ?

Environ 3.000 personnes ont quitté le Liban au cours des derniers mois, mais la majorité est déjà revenue. Parmi ce grand nombre, il faut également prendre en compte les Français de passage, venus pendant l’été, notamment pour des vacances ou pour rendre visite à leurs proches. Ils ont dû quitter le pays ou ont souvent été contraints de modifier leurs plans en raison de la suspension des vols par la plupart des compagnies aériennes.

L’une de nos missions principales a été de les aider à trouver une solution pour rentrer en France. Nous avons collaboré étroitement avec le consulat, notamment pour organiser des vols affrétés et accorder la priorité aux Français de passage. Ces personnes avaient souvent des impératifs, comme la rentrée scolaire de leurs enfants en septembre ou des obligations professionnelles, qui rendaient leur retour en France urgent.

 

Quels projets ou initiatives avez-vous récemment lancés ou soutenus pour améliorer les conditions de vie ou renforcer la communauté française dans cette région ?

J’ai mis en place une communauté française sur les réseaux électroniques afin de maintenir un lien direct avec un maximum de nos compatriotes. Actuellement, je suis en contact avec plus de 4.000 d’entre eux grâce aux différentes infrastructures digitales.

Un des défis majeurs auxquels nous faisons face est lié à l’inscription consulaire, qui n’est ni automatique ni renouvelée de manière systématique. Si un compatriote ne prend pas l’initiative de renouveler son inscription consulaire, il est radié des registres du consulat au bout d’un an, conformément aux règles de la CNIL. Cette situation pose des problèmes importants, notamment au Liban et dans d’autres pays de la région confrontés à des enjeux sécuritaires similaires, comme la Syrie ou l’Irak.

Je pense qu’il est impératif de trouver une solution pour automatiser le renouvellement de l’inscription consulaire, pour des raisons sécuritaires, notamment. Ce système, tel qu’il existe aujourd’hui, peut mettre nos compatriotes en difficulté et mérite une réforme pour mieux répondre aux réalités locales.

 

L’inscription consulaire est valable cinq ans, mais au-delà de cette période, doit être renouvelée par l’intéressé sous peine de radiation. Elle n’est d'ailleurs pas obligatoire mais fortement conseillée. Elle permet de faciliter les démarches à l’étranger et aussi d'aider les autorités françaises à vous aider et à vous protéger.

 

Pourquoi faut-il absolument vous inscrire sur le registre des Français de l'étranger?

 

Qu’est-ce qui vous a motivé à prendre ce rôle, et quels sont les défis ou satisfactions que vous avez rencontrés dans cette mission ?

Tout d’abord, je suis membre d’un parti politique et délégué des Républicains au Liban. Il m’a semblé naturel de me présenter aux élections dans ce cadre. Ensuite, j’éprouve un réel plaisir à être aux côtés des gens. Avant même d’être élu, j’étais toujours attentif aux besoins de mes compatriotes, cherchant à résoudre leurs problèmes. Lorsque l’occasion s’est présentée en mai 2021, il m’a paru logique de me présenter. J’ai obtenu la première place lors de ce scrutin. 

Néanmoins, il faut reconnaître que ce rôle comporte des contraintes importantes, notamment en termes de gestion du temps. En effet, lorsque quelqu’un nous contacte, c’est généralement parce qu’il rencontre un problème, et il est nécessaire de trouver une solution rapidement. Cela peut devenir pesant, car il faut être constamment disponible et réactif. 

Ceux qui n’aiment pas servir ou ne sont pas réellement à l’écoute des autres risquent de ne pas réussir dans cette mission. L’un des aspects essentiels de ce rôle est de répondre systématiquement aux demandes, parfois même à des heures tardives. Par exemple, certains me contactent à minuit, et je m’efforce toujours de répondre immédiatement ou le lendemain. L’écoute et la disponibilité sont cruciales pour remplir cette fonction.

 

Quelle est votre vision pour l’avenir de la communauté française dans cette région ? Y a t il une volonté de continuer à servir les Français sur place lors des prochaines élections ? 

Oui, bien sûr. Sans cette motivation, il n’aurait pas été possible de tenir pendant ces quatre années. J’éprouve un réel attachement à cette mission, d’autant plus que nos compatriotes m’ont contacté de manière régulière, particulièrement en période de crise, comme ces derniers mois. J’ai été sollicité pour des raisons humanitaires, mais aussi pour des questions de sécurité, afin d’aider nos concitoyens à trouver refuge dans des zones plus sûres ou un logement pour fuir les zones de conflit.

Quant aux prochaines élections, prévues probablement pour mai 2026, je serai bien sûr candidat à ma réélection. Mon engagement à servir nos compatriotes se poursuivra, comme je l’ai fait depuis mon élection en 2021.

 

Avez-vous un message à transmettre aux lecteurs de l’édition de Beyrouth ?

Rester solidaire est une nécessité, même si la situation des Français de l’étranger peut parfois être complexe. Nos compatriotes doivent avoir conscience qu’ils disposent de représentants sur place, une opportunité que peu de nations offrent à leurs ressortissants. En tant que Conseillers des Français de l’étranger, nous sommes présents pour écouter et accompagner dans tous les domaines : difficultés personnelles, professionnelles ou plus spécifiquement dans la région Liban/Syrie avec des enjeux liés à la sécurité. 

Nous sommes vraiment des intermédiaires. Nous travaillons beaucoup avec le consulat pour identifier et trouver des solutions aux problèmes rencontrés. En cas de besoin, il est essentiel de nous contacter.

Lors des élections législatives anticipées de juin 2024, j’ai été candidat dans la dixième circonscription des Français de l’étranger, couvrant 49 pays. Le temps de campagne limité, à peine deux semaines, ne m’a pas permis de visiter chaque territoire. Malgré la défaite, j’ai obtenu le meilleur score au Liban, ce qui reflète la reconnaissance de nos compatriotes pour le travail accompli. J’invite chacun à nous solliciter face à toute difficulté. Avec l’appui du consulat ou de nos représentants en France, nous mettons tout en œuvre pour apporter des réponses adaptées.

 

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