Récemment, la chanteuse Marta Sánchez a proposé des paroles pour accompagner l’hymne national. La Marcha Real est restée muette depuis 250 ans, un sujet qui a agité l’opinion publique plusieurs fois dans l’histoire.
Les origines de la mélodie restent encore aujourd’hui inconnues. Plusieurs suppositions ont déjà été émises, certains pensent qu’elle aurait été composée à la fin du XIe ou début du XIIe siècle, par le philosophe et musicien arabe Ibn Bayyah. D’autres placent sa composition au XVIe siècle, une musique qui rappellerait les chants militaires sous Charles Quint.
Quoi qu’il en soit, l’hymne a été posé sur papier en 1761 dans un recueil intitulé "Le livre des sonneries de l'infanterie espagnole" par Manuel de Espinosa. Il est adopté officiellement par le Roi Charles III en 1770, ce qui en fait le plus vieil hymne national d’Europe. La Marcha Granadera est alors jouée pour les cérémonies officielles marquées par la présence de la famille royale. Peu à peu les Espagnols l’ont adoptée et l’ont rebaptisée Marcha Real.
Évolution à travers le temps
Peu de temps après la révolution de 1868, le général catalan Joan Prim ouvre un concours pour inscrire des paroles. Échec cuisant pour le général, moins de 500 propositions sont faites, le jury décide de jeter l’éponge sur ce projet.
Durant la Seconde République, un nouvel hymne est instauré en 1931 : Himno de Riego. Cela laisse place à la nouveauté et balaye le passé monarchiste de l’Espagne devenu alors une République.
Néanmoins, lorsque le Général Franco récupère le pouvoir après la guerre civile, la Marcha Real est de nouveau officialisée, et reprend son nom d’origine Marcha Granadera. Durant les années franquistes, l’hymne est parfois accompagné des vers du poète José María Pernan, écrits en 1928.
À l’aube de la démocratie, l’hymne officiel reste inchangé et n’a toujours pas trouvé de paroles. Plusieurs tentatives sont proposées, notamment lors des différents jeux olympiques, comme en 2008 : le Comité espagnol suggère de lancer un concours pour adopter un texte officiel, l’idée est rejetée et attise l’ardeur de l’opinion publique.
En février 2018, la chanteuse Marta Sánchez propose des paroles, neutres, mais qui soulèvent encore de nombreux débats. Des pétitions sont levées pour que ces paroles soient adoptées, en vain. Cette suggestion arrivée peu de temps après la crise catalane n’a pas aidé la chanteuse dans sa cause patriotique, dans un pays où tout ce qui touche à l’identité nationale créée des polémiques.
Rivera presenta en un acto de Ciudadanos a Marta Sánchez, quien ha interpretado su versión del himno y se ha emocionado https://t.co/4tgIyPRtKL pic.twitter.com/Jba3TPQ2c5
— EL PAÍS (@el_pais) 20 mai 2018