Bien que cela ne saute pas aux yeux de prime abord, la capitale espagnole, pleine de surprises, abrite plusieurs endroits liés à la France et aux Français.
Souvent méconnus, même de nos compatriotes, ils méritent que l’on y prête attention au cours de cette balade dans le Madrid des Français que vous ne connaissez peut être pas (encore).
Commençons notre balade par un bâtiment pour le moins inattendu. Plus exactement, voilà un bâtiment que l’on n’associerait pas spontanément à la France. Il s’agit de la Présidence de la Communauté de Madrid (Puerta del Sol, 7) devant laquelle commencent les routes d’Espagne. L’édifice a en effet été construit par l’architecte français Jacques Marquet entre 1760 et 1768, sous le règne florissant de Charles III. Autre fait peu connu, c’est devant ce même édifice que le soulèvement du Deux Mai (el "Dos de Mayo"), en réaction à l’occupation du royaume par les troupes de Napoléon, commença.
Maintenant, prenez à l’est, en direction de la porte d’Alcala et de ses environs : notre prochain arrêt. En chemin, sur votre gauche, ne manquez pas (mais qui pourrait le faire !) le célébrissime Métropolis, un des symboles de la Gran Via et de la modernité du début du XXe siècle. Eh bien sachez, chers compatriotes, qu’il fut bâti sur les plans des Français Jules et Raymond Février (le père et le fils). De style "Beaux arts", le Métropolis affiche une identité architecturale française et son fameux dôme rappelle tant le casque des soldats du feu, que l’on nomme style "pompier" la partie supérieure.
Continuons et passons devant la magnifique mairie de Madrid (qui n’est malheureusement pas en rapport avec la France). Alors que la porte d’Alcala se dresse, majestueuse, au loin, tournons à gauche et arrêtons-nous au numéro 9 de la rue Salustiano Olózaga. Chers amis, vous vous trouvez, par définition, devant le plus français des lieux madrilènes : l’ambassade de France en Espagne (Salustiano Olózaga, 9).
Nommé aussi "Palais Arenzana", ce bâtiment date de la fin du XIXe siècle et était, par le passé, la résidence des ambassadeurs français. De style néoclassique, il est un monument historique et artistique classé par la municipalité.
A quelques minutes à pieds en remontant la Castellana, nous arrivons à la Plaza Colón, toute à la gloire du navigateur éponyme. De là, on remontera quelque peu la Calle de Génova avant de tourner à gauche pour arriver devant un vaste espace avec, au fond, le Tribunal Suprême (au centre de l’actualité ces derniers temps). Et bien, Françaises, Français, vous vous trouvez sur la Place de la Ville de Paris.
Anciennement "Place du Palais de Justice", cet espace fut rebaptisé "Plaza de la Villa de Paris" au tout début du XXe siècle après une visite du président français Emile Loubet (qui n’est pas resté dans toutes les mémoires, on vous l’accorde). Comme nous l’avons déjà vu avec le Métropolis, la France était très à la mode dans les années 1900 (on n’aurait hélas pas pu en dire autant cent ans auparavant : les temps changent !). Plus récemment, l’Ambassadeur de France en Espagne, Yves Saint-Geours, et la Maire de Madrid, Manuela Carmena, ont inauguré, deux ans après les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, une plaque commémorative dans les jardins de cette place en mémoire des victimes.
Sur un côté de cette place, se dressent le Consulat général de France et l’Institut français (Marqués de la Ensenada, 10). Le premier est destiné aux démarches administratives. L’Institut, lui, est la face culturelle et linguistique de la représentation française en Espagne. Les cours de langue et les activités culturelles variées s’y déroulent quotidiennement. Si vous êtes dans le coin, n’hésitez surtout pas à passer par son Café qui a des horaires d’ouverture assez larges. Si les quiches, croque-monsieurs et viennoiseries vous manquent : arrêtez-vous !
Ensuite, notre balade se poursuit vers le nord de Madrid. Vous pouvez suivre la Castellana, l’artère verte de la ville, ou bien emprunter le métro et descendre à l’arrêt Gregorio Marañón (ligne 7 et 10). Marchez en direction de la rue de Serrano et approchez vous du numéro 124. Bienvenue à la Résidence de France (Serrano, 124). La villa et le terrain attenant, représentant près de 20.000 m², appartiennent à la France depuis la Seconde Guerre mondiale. Le domaine sert aujourd’hui bien entendu de résidence à l’Ambassadeur mais aussi de lieu pour accueillir les invités de notre pays dans diverses circonstances.
Pour la suite de notre balade, il faudra, cette fois-ci pour sûr, emprunter le métro (ligne 6 et descendre à Ciudad Universitaria) et marcher un peu. Vous arriverez sous peu dans la rue Paul Guinard où est sise la Casa de Velázquez (Paul Guinard, 3). Il s’agit d’une école française à l’étranger, comme la Villa Médicis de Rome. La "Casa" est un lieu dédié à la création artistique et à la recherche (histoire, linguistique…).
L’important terrain sur lequel elle est établie fut cédé à la France un peu avant la Première Guerre mondiale par le roi d’Espagne Alphonse XIII. Inaugurée en 1929, elle est prise dans la tourmente de la guerre civile espagnole et subira de considérables dommages. La Casa de Velázquez sera finalement reconstruite à la fin des années 1950.
Continuons. Notre excursion nous ramène vers le centre touristique. Direction la très célèbre "Plaza de la Villa" pour évoquer un épisode de la vie du non moins célèbre roi de France François Ier. En effet, cette ravissante petite place est bien plus liée à la France qu’elle n’y parait au premier coup d’œil.
Si vous faites face à la statue centrale, qui représente un amiral de l’Invincible Armada, regardez à gauche et vous verrez la Tour de los Lujanes. Ce fut le lieu de détention provisoire de François Ier au début du XVIe. Diantre ! Comment notre bon roi, initiateur de la Renaissance et ami des arts, s’est-il retrouvé dans cette galère ?
Le protecteur de Léonard de Vinci était aussi un infatigable roi de guerre et l’un de ses grands adversaires était l’empereur Charles Quint (connu en Espagne comme le roi Charles Ier). Lors des guerres d’Italie entre la France et l’Espagne, François Ier fut défait à Pavie en 1525 et capturé par le monarque espagnol. Compte tenu de son rang, le roi français devait être retenu captif à l’Alcazar, le château de Madrid, la ville en passe de devenir officiellement la capitale du royaume. Toutefois, en raison de travaux, François Ier fut d’abord envoyé à la Tour de los Lujanes en résidence surveillée (comme on dirait aujourd’hui) avant de regagner son royaume quelques mois plus tard, après avoir signé un traité de paix.
Pour la dernière partie de notre promenade dans le Madrid français, nous allons faire un bond en avant de quelques siècles et ainsi revenir à notre XXIe siècle. Pour ce faire, reprenons le métro, ligne 5, et arrêtons nous à Pirámides. De là, dirigeons nous en direction de la rivière Manzanares (ou "Madrid Rio" comme on dit dans la capitale espagnole).
Impossible de le manquer ; c’est un des emblèmes contemporains du sud du centre-ville. Voici le pont de Arganzuela. Son architecture très moderne au sein d’un environnement naturel, ses près de 300m et le soleil madrilène qui le fait briller attirent le regard. Cocorico ! Ce pont, inauguré en 2011, est l’œuvre de l’architecte français Dominique Perrault de renommée mondiale. Précisons en passant (sans verser dans le chauvinisme, on vous promet !) que Perrault est aussi l’architecte de la Caja Magica, centre olympique de tennis de Madrid mais aussi lieu de concerts.
Enfin, un autre pont nous intéresse pour notre recensement du Madrid français : le bien nommé "Puente de los Franceses", œuvre du XIXe siècle. Pourquoi cette appellation ? Les ingénieurs à l’origine de la construction de ce viaduc qui enjambe la rivière Manzanares étaient français.