Depuis 2019, plus de 230 000 locataires ont reçu l’ordre de leur propriétaire de quitter leur habitation dans les deux mois suivant cette notification. Un chiffre qui concerne seulement les avis d’expulsion sans motif précis.
Pour Carl Smith, interrogé par Sky News, l’avis d’expulsion est arrivé sous sa porte « sans aucun avertissement, ni préavis ». Dans le courrier, nulle trace d’une raison précise qui expliquerait la demande de son propriétaire. Une situation désarmante pour ce musicien du nord de Londres, qui reste néanmoins courante en Angleterre. L’article 21 du Housing Act de 1988, loi de référence en matière d’immobilier, permet ainsi au détenteur d’un bien immobilier d’expulser son locataire sous deux mois et ce, sans motif précis.
Les associations de locataires, à l’image de Shelter, alertent régulièrement les pouvoirs publics sur un sujet qu’elles considèrent comme « très injuste ». Des appels vraisemblablement entendus par le gouvernement actuel, qui promet de modifier la loi depuis trois ans déjà. Un engagement non tenu pour le moment.
Un quart des locataires concernés par l’instabilité immobilière
Dans ce contexte, près de 2,8 millions d’Anglais ont dû changer de logement trois fois ou plus au cours des cinq dernières années. Une instabilité locative qui fait de la perte d’un bail privé l’une des principales causes de sans-abrisme en Angleterre, selon l’association Shelter. Sa directrice générale, Polly Neate, craint par ailleurs que la hausse du coût de la vie constaté actuellement au Royaume-Uni entraîne une augmentation du nombre de personnes sans domicile dans les prochains mois. « Avec l'inflation et la majoration des factures, les locataires ont désespérément besoin d'un logement sûr, car beaucoup d'entre eux auront du mal à assumer les coûts d'un déménagement inattendu », a-t-elle déclaré.
Face à ces nouveaux chiffres, le gouvernement de Boris Johnson s’est une nouvelle fois engagé à légiférer sur la question. « Notre plan d’action pour le secteur locatif présentera des réformes visant à rendre la location plus équitable pour tous, notamment en interdisant dans les meilleurs délais possibles les expulsions sans motif précis, permis actuellement par l'article 21 », a affirmé l’un de ses porte-paroles. Une modification de la loi qui tend vers une meilleure protection des locataires, à l’image de la législation française. Outre-Manche, une procédure d’expulsion met en moyenne entre dix-huit et vingt-quatre mois à aboutir.