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Londres sous l'invasion des vélos électriques : entre mobilité verte et chaos urbain

Londres est en pleine révolution électrique, mais ce ne sont ni les voitures ni les bus qui font parler d’eux. Les vélos électriques envahissent les rues, les trottoirs… et le quotidien des Londoniens. Alors que la ville tente de répondre aux défis climatiques, ces deux-roues en libre-service posent de sérieux problèmes, provoquant des tensions avec les autorités locales. Retour sur un chaos urbain à la sauce britannique.

Londres sous l'invasion des vélos électriques : entre mobilité verte et chaos urbainLondres sous l'invasion des vélos électriques : entre mobilité verte et chaos urbain
Londres sous l'invasion des vélos électriques : entre mobilité verte et chaos urbain / © Amer Ghazzal/Alamy
Écrit par Aldric Meeschaert
Publié le 9 septembre 2024, mis à jour le 10 septembre 2024

Les vélos électriques : entre greenwashing et chaos généralisé

Les vélos électriques, incarnés par des marques comme Lime ou Forest, ont conquis Londres avec des promesses alléchantes : réduire les embouteillages, lutter contre la pollution, et encourager une mobilité douce. Sur le papier, tout semble parfait. Mais dans les faits, ces vélos en libre-service sont souvent abandonnés là où le cœur (ou la fatigue) de leurs utilisateurs les dépose. Trottoirs, entrées de stations de métro, passages pour piétons : aucun espace n'est épargné. Muhammed Butt, le leader du conseil de Brent, parle d’un véritable “chaos” provoqué par les vélos Lime “laissés en vrac” dans les rues. Et il n’est pas le seul à tirer la sonnette d’alarme. Avec 30 000 vélos Lime déployés dans la capitale, la question de leur gestion devient cruciale.

 

"Les vélos sont garés dans des endroits incroyablement stupides"

L'une des principales sources de tension avec les conseils municipaux est sans aucun doute le stationnement sauvage. Si vous avez déjà tenté de pousser une poussette ou de manœuvrer une valise dans certaines rues de Londres, vous avez sûrement rencontré ces vélos en travers de votre chemin. Le problème est que ces vélos, contrairement aux fameux "Boris Bikes" (les vélos de location de TfL), sont dockless, c’est-à-dire sans bornes de stationnement fixes. Les utilisateurs peuvent les déposer pratiquement n’importe où – et ils le font avec un talent désinvolte qui frôle parfois l’absurde. Paul Dimoldenberg, conseiller de Westminster, ne mâche pas ses mots selon les propos rapportés par le Financial Times : “Les vélos sont garés dans des endroits incroyablement stupides”. Le conseil de Brent, quant à lui, a même menacé Lime de retirer tous ses vélos s’ils ne trouvent pas de solution à ce désordre d’ici la fin octobre.

La société a annoncé qu’elle travaillait à la réduction du problème en introduisant des pénalités pour stationnement gênant et en améliorant la sécurité de ses vélos pour éviter qu'ils ne soient "piratés". Mais est-ce suffisant ?

La rébellion des conseils municipaux

Ainsi, les conseils de Londres commencent à en avoir assez. Brent, Camden, et même Hammersmith et Fulham ont pris des mesures drastiques, saisissant parfois les vélos abandonnés ou menaçant de les interdire purement et simplement. Pourtant, les opérateurs comme Lime ne sont pas restés les bras croisés. La société a annoncé qu’elle travaillait à la réduction du problème en introduisant des pénalités pour stationnement gênant et en améliorant la sécurité de ses vélos pour éviter qu'ils ne soient "piratés". Mais est-ce suffisant ?

Certains arrondissements, comme celui de Wandsworth, tentent de trouver un compromis. Ils ont commencé à installer des zones de stationnement dédiées aux vélos électriques pour canaliser un peu ce chaos. Pourtant, la densité de ces zones reste bien en deçà des besoins, surtout si l’on compare aux recommandations d’experts en urbanisme, qui suggèrent une multiplication des espaces de stationnement.

La fin des vélos électriques à Londres ?

Alors, devons-nous dire adieu à Lime et consorts ? Pas encore. Malgré les plaintes et les tensions, ces vélos électriques restent populaires. Ils permettent à des milliers de Londoniens de se déplacer sans émettre de CO2, un argument de taille à l’heure où les villes cherchent à atteindre la neutralité carbone.

Mais pour cela, il faudra trouver un équilibre. Installer plus d’espaces de stationnement, sensibiliser les utilisateurs, et peut-être aussi, comme l’ont souligné certains habitants, appliquer les mêmes règles aux voitures qui encombrent les trottoirs. Car, après tout, la mobilité verte ne devrait pas être synonyme de chaos urbain.

 

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