Tous les 15 jours, découvrez un article consacré à l'architecture des maisons indonésiennes. Cette semaine, nous avons rendez vous avec les Minangkabau, peuple des hauts plateaux de Sumatra.
La société Minangkabau a pour particularité d’être matrilinéaire, ce qui signifie que la propriété de la terre et des biens comme la maison se transmet de mère en fille. Les hommes sont en charge des affaires politiques et religieuses.
Une société matrilinéaire
Les Minangkabau sont à grande majorité de confession musulmane, mais les traditions animistes préexistantes à l’arrivée de l’islam sur l’île de Sumatra vers le 14ème siècle sont encore bien présentes. Cette société très particulière dite matrilinéaire a un impact fort sur l’habitat puisque seules les femmes sont propriétaires des maisons et se les transmettent de génération en génération.
Les époux ne sont acceptés dans les maisons qu’à certains moments de la journée et doivent dormir chez leurs sœurs ou à la mosquée. C’est l’oncle qui sera en charge de l’éducation des enfants de sa sœur et non le père. A ce style de vie de la population Minangkabau on peut y ajouter la nécessité pour les jeunes hommes de faire le Merantau, c'est-à-dire partir dans les autres îles acquérir connaissances et expériences. L’argent gagné reviendra aux villages pour aider à la construction et à l’entretien des maisons, les très belles Rumah Gadang.
La maison Minangkabau : la Rumah Gadang
Comme sur toutes les îles, l’architecture, la construction, la décoration et les fonctions de la maison reflètent le style de vie, la culture et les valeurs des Minangkabau.
Le toit est un des éléments typiques de ces maisons, leurs formes arrondies ressemblent aux cornes des buffles, animaux importants dans cette société agricole. Il peut se décliner en trois niveaux. Le toit est recouvert de fibres de palmier à sucre ijuk et fixé sur des piliers pouvant atteindre 3 mètres de haut.
La ventilation intégrée : afin de se protéger des animaux et des insectes, les maisons sont construites sur pilotis. Le sol fait de lattes de bois avec un léger espacement permet à l’air de circuler tout comme la façade arrière des maisons constituée de bambous tressés.
La vie sociale à l’intérieur : la maison est divisée en deux parties ; à l’avant, les parties communes avec la cuisine et à l’arrière, chaque femme qui habite la maison dispose d’une chambre séparée des autres par des cloisons en bambou tressé ou en bois. Il est de la responsabilité de l’oncle maternel de faire en sorte que chaque jeune femme dispose d’une chambre. Les maisons peuvent être agrandies, des toits ajoutés et si nécessaire une maison peut être construite à côté. On dit qu’en regardant les toits de la maison, on peut deviner combien de filles y habitent.
La décoration extérieure est faite de panneaux sculptés et colorés qui rappellent les motifs des tissus locaux les songkets. Les Minangkabau recensent plus de 90 modèles de sculptures florales ou géométriques, tous représentant des symboles de protection pour la famille.
Le stockage des outils agricoles, des animaux et des récoltes se fait soit sous la maison soit dans des petits greniers construits à coté des maisons.
La renaissance des Rumah Gadang
La période coloniale a mis à mal la construction de ces maisons, les toits en ijuk ont été remplacés par de tôles, les sous-bassement par du béton. Les matières premières nécessaires à la construction des maisons qui étaient disponibles et en abondance sont devenues des produits chers.
Néanmoins, on voit aujourd’hui dans de nombreux villages autour de la ville de Bukittinggi des maisons se rénover et où la fierté de posséder de telles bâtisses est ancrée dans la culture locale. L’impact du tourisme dans cette région permet également aux villageois de restaurer leur maison.