A Jakarta comme dans beaucoup d'autres pays chauds, on se méfie de l'eau et de la nourriture, qui peuvent être porteurs de germes. En effet, les bactéries, virus, et autres champignons... se développent très vite à la faveur d'un climat chaud et humide. La plupart de ces germes pouvant être transmis d'un individu à un autre, la promiscuité et le manque de mesures d'hygiène favorisent ensuite les contaminations digestives. Comment faire la part des choses lorsque l'on a attrapé une infection digestive ?
Ces différentes maladies, qui ont en commun d'être transmises par l'eau ou la nourriture, se traduisent par des symptômes communs : diarrhée, maux de ventre, vomissements, fièvre... C'est en détaillant ces signes que l'on peut savoir la conduite à tenir. En effet, en fonction du "syndrome" présenté, on est orienté pour le choix du traitement et les analyses à faire. Voici donc les 3 principaux cas de figure.
Syndrome cholériforme
Les selles sont comme de l'eau, très fréquentes et abondantes, il peut y avoir des vomissements, il n'y a pas de fièvre. L'agent responsable est une toxine sécrétée par des bactéries comme dans le choléra, la turista... Il n'y a pas besoin d'antibiotiques mais d'un traitement symptomatique : réhydratation, anti-diarrhéique, anti douleur.
Si les symptômes persistent plus de 3 jours, il faudra faire une analyse des selles (coproculture) à la recherche du germe responsable.
Syndrome dysentérique
Les bactéries pénètrent et se multiplient dans la paroi intestinale, ainsi, les selles sont glaireuses, il y a du sang dedans, le ventre est douloureux, il y a de la fièvre (sauf dans le cas des amibes !). Les germes responsables sont des bactéries comme salmonelle, shigelle, E.Coli, ... Les antibiotiques sont nécessaires ; éviter les anti-diarrhéiques comme le Lopéramide qui, en bloquant le transit, favorisent le développement des bactéries.
Syndrome de gastro entérite aigüe
Les selles sont liquides, il y a des douleurs abdominales, des vomissements, de la fièvre. Les germes responsables peuvent être des virus ou des bactéries : campylobacter, yersinia, ... Les antibiotiques sont justifiés si les signes persistent plusieurs jours.
En dehors de l'inconfort de ces épisodes infectieux, il y a deux risques à prendre en compte : la déshydratation et le sepsis (l'infection généralisée). C'est pourquoi, devant une infection qui dure plusieurs jours, il faut surveiller les signes de gravité (soif intense, accélération du pouls, fièvre persistante, ...) et identifier le germe responsable. Pour cela, des examens seront nécessaires : analyse des selles et en fonction des cas, prise de sang.
En parallèle, il faut lutter activement contre la déshydratation à l'aide de perfusions, solutés oraux... Les sujets les plus fragiles (enfants, personnes âgées, personnes immuno-déprimées) devront être hospitalisées rapidement.
Comment faire pour ne pas se retrouver dans cette situation?
Même s'il est impossible d'éliminer tous les risques, on peut tout de même les limiter. La viande ou les oeufs pouvant être contaminés (par exemple par la salmonelle), il faut les consommer cuits. Les fruits de mer peuvent être porteurs d'hépatite ou de typhoïde, vérifier leur fraîcheur et leur source et ne pas les consommer crus ou froids. De même pour les produits laitiers (risque de brucellose), à éviter si la chaîne du froid a pu être interrompue. Les légumes et les fruits doivent être pelés.
De façon générale, il faut manger là où il y a du débit (les germes n'auront pas le temps de se développer dans la nourriture), où il n'y a pas de mouches (elles contaminent les aliments) et où visiblement, les aliments sont lavés avant d'être préparés. Les plats consommés doivent être cuits et servis chauds. Et bien sûr, il faut se laver les mains avant de passer à table !
Les vaccinations contre la typhoïde et l'hépatite A préviennent un grand nombre d'infections, mais ne protègent pas à 100% donc il faut rester vigilant.
Docteur Amélie Renaud (www.lepetitjournal.com/jakarta)