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La retraite à Berlin : le guide complet

Deux personnes âgées de dos se promènent dans la rue Deux personnes âgées de dos se promènent dans la rue
© Mark Timerblake / Unplash
Écrit par Victor Foussereau
Publié le 19 mars 2024

Le volet financier : financement, montants, investissements…

Le montant maximal de la pension mensuelle, lorsque les cotisations obligatoires et les cotisations complémentaires sont réalisées, correspond à 48% du salaire moyen. Puisque les complémentaires sont facultatives, ce pourcentage peut varier entre 35% et 48%. En 2021, le montant moyen de la pension mensuelle était de 1159€ par mois (brut). A titre de comparaison, ce montant s’élève à 1516€ (brut) en France.

 

Quelles sont ces différentes cotisations ?

Il existe plusieurs canaux de cotisation pour la retraite en Allemagne. Le premier, obligatoire pour tous les salariés, passe par la « Rentenversicherung », la caisse de retraites allemande. Cette cotisation s’élève à 20% du revenu du travailleur, somme répartie à peu près de moitié entre le travailleur et l’entreprise/employeur.

Ensuite, les cotisations complémentaires sont réalisées directement par l’employeur : chaque employeur a la possibilité d'opter pour une cotisation à une caisse de retraite complémentaire au sein de l'entreprise. En conséquence, une fraction du salaire de chaque salarié est déduite en vue de cotiser à une complémentaire qui garantira une pension plus importante au salarié lors de son départ du monde professionnel. Elles sont facultatives.

La Rente Riester est un exemple de complémentaire facultative individuelle : le gouvernement met en place des incitations fiscales à souscrire à ces complémentaires pour que la majorité des retraites commence à se financer par capitalisation. Les salariés allemands sont incités à épargner individuellement pour financer leur propre retraite en versant mensuellement un pourcentage de leur salaire. D'autres complémentaires facultatives individuelles existent, à l’exemple de la Basis-Rente. La Basis-Rente est une forme de retraite privée visant à compléter les prestations de retraite légales en offrant des avantages fiscaux aux souscripteurs. Les cotisations versées sont déductibles d'impôt, mais les paiements de rente ultérieurs sont imposables.

Aujourd'hui, la problématique du vieillissement de la population en Allemagne vient bouleverser cette équilibre : comment maintenir le montant des retraites à son niveau actuel si la quantité et l’importance des cotisations diminuent ? Les deux ministres Christian Lindner et Hubertus Heil ont dévoilé en mars 2024 leur nouveau plan de financement des retraites en Allemagne. 

Que retenir du projet de réforme du système de retraite allemand ?

 

Christian Lindner et Hubertus Heil lors de la conférence de presse d'annonce de la réforme du financement des retraites allemandes.
Lindner et Heil lors de la présentation du plan de financement des retraites ©ZDF (capture d'écran YouTube)

Les objectifs sont les suivants : ne pas passer en dessous du seuil des 48%, et surtout ne pas augmenter l’âge de départ à la retraite. Pour ce faire, une augmentation progressive des cotisations est prévue ainsi qu’un investissement massif de la Rentenversicherung en bourse, afin d’utiliser les profits pour financer les pensions.

 

Comment prendre sa retraite en Allemagne ?

Critères d'éligibilité à la retraite en Allemagne

Pour bénéficier d'une pension à taux plein lors du départ à la retraite, il est nécessaire d'avoir cotisé pendant 45 années fiscales. Pendant cette période, les années consacrées à l'éducation des enfants sont exclues du calcul, afin de ne pas pénaliser les femmes en raison de la maternité. Cependant, les années de chômage ne sont pas exclues du calcul, ce qui pénalise les carrières irrégulières. Pour les Français, il existe des accords bilatéraux franco-allemands pour faire correspondre les années de cotisation (les complémentaires ne sont pas concernées). 

Il existe en Allemagne une possibilité d’anticiper sa retraite : cela entraînera en revanche une déduction mensuelle de 0,3% du montant normal de la pension par mois de travail « manqué ».

 

Démarches administratives

Pour les expatriés qui restent en Allemagne

Il faut « simplement » faire une demande auprès de la caisse de retraites publique (Rentenversicherung). Pour cela, il faudra fournir quelques papiers :

  • Le numéro d’assurance vieillesse (Rentenversicherungsnummer)
  • Documents personnels : passeport/carte d’identité ; justificatif de naissance ; registre familial
  • Mentionner les types d’assurance maladie/santé auxquels vous avez souscrits
  • Le numéro d’identification d’impôt
  • IBAN / BIC
  • Les justificatifs de périodes qui n’apparaissent pas sur le registre d’assurance : périodes de formations, de chômage, d’apprentissage…

 

Pour ceux qui repartent en France

Pour les expatriés qui veulent passer leur retraite après avoir travaillé (donc cotisé) en Allemagne, il est possible de demander sa retraite en France : comme mentionné plus haut, il existe un accord permettant une équivalence des mois de cotisation. La procédure à suivre est la procédure française.

 

Pour ceux qui viennent en Allemagne pour prendre leur retraite

Si vous êtes un retraité du régime français de sécurité sociale et que vous envisagez de passer votre retraite en Allemagne, il est important de noter que vous pouvez continuer à percevoir votre pension française légitime. Pour ce faire, veuillez informer votre caisse d'Assurance maladie et votre caisse de retraite de votre départ ainsi que de votre nouvelle adresse à l'étranger. Avant de quitter la France, demandez le formulaire E 121/S1 à votre caisse de retraite. À votre arrivée en Allemagne, ce document facilitera votre inscription auprès de l'organisme de sécurité sociale local. Avant votre départ, n'oubliez pas d'obtenir la Carte européenne d'assurance maladie, qui atteste de vos droits à l'assurance maladie en Union Européenne (tél. : 36 46).

Il faudra, à l’arrivée en Allemagne et dès que vous avez une adresse et que vous l’avez signalée à votre caisse de retraite, faire réaliser dans une mairie ou n’importe quel bâtiment officiel de l’Etat allemand un certificat de vie, valable un an, et le fournir à votre caisse de retraite. 

 

Les impôts en Allemagne pour un retraité français

Il n’y a pas de différence entre l’imposition des pensions pour un Français ou un Allemand : tant que l’on perçoit une pension de la DRV, au moins une partie de celle-ci est imposable.

Le montant de l'impôt sur les pensions dépend de divers facteurs, notamment du revenu individuel et du montant de la pension. En outre, l’année de la retraite détermine quelle partie de la pension est imposable. Entre 2005 et 2020, la part imposable augmente de 2,00 % chaque année. Entre 2020 et 2040, la part augmente d’1% par année, jusqu’à à arriver à 100% en 2040. Cela montre l’évolution future de l’importance de l’allocation retraite (part de la pension qui n’est pas imposable). Par exemple, toute personne qui prendra sa retraite en 2024 devra payer des impôts sur 84 % de sa pension : les 16% restants sont exonérés d’impôts. En revanche, un travailleur prenant sa retraite en 2040 verra l’entièreté de sa pension être imposable.  

Une convention franco-allemande permet aux Français voulant passer leur retraite en Allemagne de ne pas payer de double imposition. En effet, depuis 2017, les retraites publiques sont déclarables et imposables uniquement dans l’Etat de résidence, comme les retraites privées. Mais attention, il existe une différence de taxation entre la retraite de base (taxée à 7 %) et la complémentaire (taxée à 14 %). 

 

Vue aérienne de la ville thermale de Bad Kissingen, en Bavière
Bad Kissigen ©Wikimedia commons

 

Où habiter pour sa retraite ?

Une étude de Kommunal.de a déterminé les meilleures villes pour les seniors en Allemagne : le top 3 est occupé par Bad Kissingen (Bavière) ; Günzburg (Baden-Wurtemberg) et Bad Neuenahr-Ahrweiler (Rheinland-Pfalz).

Sur quels critères sont retenues ces villes ?  

Tout d’abord, le prix est évidemment un facteur important : la pension retraite moyenne n’est pas particulièrement haute, et il n’est pas possible à partir de sa seule retraite d’habiter dans une grande ville du fait de l’importance des loyers. Ensuite, l’environnement : idéalement pour les seniors, une ville doit être facilement traversée par les voitures, et être située près d’une autoroute. La question de la sécurité est également importante : les personnes âgées sont régulièrement victimes de vols ou de cambriolages. Un faible taux de criminalité est donc bien évidemment préférable. Ensuite, la possibilité d’échange social (cafés, restaurants…) est également vue comme déterminante par l’étude. La solitude chez les personnes âgées étant un problème reconnu : la possibilité pour eux de voir facilement du monde est un atout notable. Enfin, le plus important des critères : le nombre d’infrastructures de la santé et d’emplois dans ce domaine.

En général, les villes de taille moyenne sont privilégiées par les seniors, qui fuient les grandes villes. Dans l’étude, certains Länder se démarquent clairement : en Saxe, 73% des villes analysées sont décrites comme idéales pour les seniors, et c’est 68% des villes en Thuringe.

Existe-t-il des résidences ou des maisons de retraite en Allemagne pour les Français ?

Il n’existe pas de résidences/EHPAD spécialement pour français en Allemagne. En revanche, il existe deux types d'infrastructures pour personnes âgées : les Altenheim et les Pflegeheim. Si les premiers sont des résidences mettant l'accent sur l'intégration et le lien social des clients, les Pflegeheim se rapprochent de nos EHPAD par leur côté médicalisé. 

 

Être retraité français à Berlin

Berlin est une ville majoritairement jeune, avec un âge moyen de 41 ans. Alors, où vivent les seniors dans cette capitale caractérisée par sa jeunesse ? Dans les quartiers comme Berlin Mitte ou Kreuzberg, seulement 12,9% et 10% (respectivement) des habitants sont des personnes âgées. La majorité des personnes âgées à Berlin vivent dans les quartiers Steglitz-Zehlendorf (25,7%) et de Reinickendorf (23,7%). Dans les quartiers de l’Est, c’est Treptow-Köpenick qui arrive en tête avec 22,5%. Cela reste une partie infime de la population de Berlin : 56% de la population a moins de 45 ans, et 19% seulement on plus de 65 ans. Les trois quartiers mentionnés plus haut sont donc les lieux de résidence à privilégier pour les seniors

Il existe en revanche de très nombreux dispositifs d’accueils des personnes âgées dans la capitale, même s'ils ne sont pas spécialement pour Français : la majorité sont proches du centre-ville. Une liste de ces établissements est disponible ici.

 

Médecin
© Unplash 

 

Assurances, mutuelles, médecins… comment prendre soin de sa santé à Berlin ?

Dès que l’on a une adresse permanente, il est obligatoire en Allemagne de souscrire à une assurance maladie. En principe, la compagnie d'assurance maladie couvre les coûts de consultation des médecins, de l'hospitalisation et de quelques médicaments. Dans certains cas, l’assurance maladie peut prendre en charge la totalité des frais de médicaments. 

L'assurance santé peut être privée ou publique en Allemagne, le choix entre les deux systèmes doit se faire sur la base d'un conseil personnalisé. Le système public peut être complété par une complémentaire santé qui sera utile surtout pour trois domaines : les médecines « douces » telles que l’acupuncture ou l’ostéopathie, les frais dentaires, et le renouvellement des lunettes. Les consultations de médecins sont remboursées entièrement : ce droit est garanti par l’UE à travers la Carte Européenne d’Assurance Maladie.

Il y a de nombreux professionnels de santé francophones à Berlin, pour tous les domaines de la santé. Ils sont référencés sur le site de l'Ambassade de France à Berlin.

 

 

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victor
Publié le 8 mars 2024, mis à jour le 19 mars 2024

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