Né à Barcelone en 1948, Enrique Vila-Matas commence à écrire en collaborant avec la revue "Fotogramas", où il réalise des fausses interviews qui annoncent son écriture entre réalité et fiction. En 1974, alors que la ville catalane connaît les derniers moments du franquisme, il décide de partir à Paris, où l’écrivaine Marguerite Duras lui loue une chambre dans les combles de son appartement. Cette époque parisienne inspirera plus tard son roman d’apprentissage "Paris no se acaba nunca" (Paris ne finit jamais). Il profite de cette coupure pour écrire son premier roman, "La asesina ilustrada" qui marque le début d’une longue série.
De retour à Barcelone, il participe au courant culturel et social de la "gauche divine", et publie en 1985 son premier véritable succès, "Historia abreviada de la literatura portátil", qui lui vaut une reconnaissance internationale, notamment dans les pays latino-américains. Il y évoque une société secrète fondée dans les années 1920, à laquelle aurait adhéré Federico Garcia Lorca, Jorge Luis Borges ou encore Blaise Cendrars et Marcel Duchamp, dans le but de promouvoir dans la littérature une "conspiration shandy", qui désigne un style littéraire. On retrouve dans ce livre un des grands axes de l’écriture métalittéraire de Vila-Matas, qui apparaît comme une "littérature sur la littérature". Son oeuvre, traduite en 27 langues, se caractérise également par son ironie profondément inspirée de Kafka.
Mais c’est seulement en 2003 que son livre "El mal de Montano" signe sa consécration et en fait un référent de la littérature espagnole, car il reçoit en Espagne le prix "Nacional de Literatura", en France le prix Médicis étranger et en Italie le prix "Internazionale Ennio Flaiano". Un roman qui traite de la maladie de la littérature dont souffrent un père et un fils, et sûrement Vila-Matas lui-même. Pourtant, ironiquement, pour lui, "écrire c’est corriger la vie, c’est la seule chose qui nous protège des blessures et des coups de la vie".