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Adam Mickiewicz, la figure de proue du romantisme polonais

Adam Mickiewicz est un monument des lettres polonaises mais pas seulement. Exilé en France, il participe à la naissance d’un romantisme polonais qu’il mêle à un combat patriotique pour l’indépendance de son pays. Portrait d’un intellectuel méconnu en France. 

From old book Poezye ADAMA MICKIEWICZA. Warszawa. Ksiegarnia Gebethnera i Wolfa. 1888From old book Poezye ADAMA MICKIEWICZA. Warszawa. Ksiegarnia Gebethnera i Wolfa. 1888
Extrait de Poezye ADAMA MICKIEWICZA, Warszawa - Ksiegarnia Gebethnera i Wolfa, 1888
Écrit par Marie-Line Naves
Publié le 29 octobre 2023, mis à jour le 30 octobre 2023

La formation intellectuelle d'Adam Mickiewicz

Adam Mickiewicz est né en 1798 dans une ville de Biélorussie, alors sur le territoire de l’union de la Pologne-Lituanie, annexée par la Russie lors du précédent partage de la Pologne en 1795. Même s’il naît et grandi dans un espace multiculturel et multilinguistique, Mickiewicz est culturellement principalement polonais et écrit dans cette langue (parfois, aussi en français).

Il fait ses études à l’université de Vilnius, en mathématiques et physique. Il fonde avec des amis la fondation patriotique secrète « Société des Philomaths », ce qui lui vaut d’être arrêté et emprisonné à Vilnius.

Il séjourne pendant une partie des années 1820 en Russie centrale comme membre d’une élite progressiste de l’intelligentsia russe. Il entame son grand tour d’Europe en 1829, passant en Allemagne, Italie et Suisse, y tissant des liens avec les communautés intellectuelles et artistiques locales. 

 

La vie parisienne et l’engagement politique

Il s’installe finalement à Paris en 1832 où il donne des cours de littérature latine. La vie n’y est pas évidente, faute de revenus réguliers. Il travaille avec des organisations polonaises en France telle que « la Société littéraire » ou encore « la Société nationale polonaise ». Il édite le magazine « Le pèlerin polonais », dans lequel il travaille en tant que chroniqueur. 

Choisi pour prendre la tête de la toute nouvelle faculté des lettres slaves au Collège de France, il se retire de la vie publique jusqu’en 1840. Il forme avec Quinnet et Michelet l’opposition démocratique à la monarchie de juillet (1830-1848).

Son combat ne laisse pas de côté son pays. En 1848, il se rend à Rome afin d’obtenir le soutien du pape Pie IX pour les mouvements de libérations des peuples en Europe, que l’on appelle plus communément, pour les désigner collectivement, « le Printemps des Peuples ». 

A l’occasion de ce voyage, il crée la légion polonaise qui s’engage notamment en Lombardie dans la lutte pour son indépendance. Il en définit les buts et le programme. Avec un groupe d’émigrés et de collègues, il fonde en 1849 en France « La tribune des peuples » qui défend un programme social radical. Ce périodique est suspendu suite à la plainte de l’ambassade de Russie et lui vaut d’être placé sous surveillance policière suite au coup d’Etat de 1851.

Lorsque la France s’engage dans la guerre de Crimée contre la Russie, Mickiewicz veut participer au combat et essaie de former une nouvelle légion en organisant la communauté polonaise émigrée à Istanbul. Il y arrive en 1855 et y meurt rapidement, probablement du choléra.

 

L’héritage d’un homme de lettres et intellectuel

Il laisse derrière lui une littérature très variée et très vaste. Le premier volume de ses poèmes publié en 1822 signe la naissance du romantisme polonais. Sa plus grande œuvre est probablement Pan Tadeusz, adaptée en film en 2000. Il consiste en un ouvrage national épique qui n’a pas d’équivalent en littérature. Il y recrée le monde de la bourgeoisie lituanienne à la veille des armées napoléoniennes, mélangeant roman historique, roman poétique, poème épique et poème descriptif. Ses œuvres sont traduites dans plus de vingt langues.

Il impacte profondément la langue et l’imaginaire polonais. Il inspire de nombreux artistes (Tchaikovski, Chopin), écrivains ou poètes ; Delacroix a même fait son portrait ! Sa statue trône à Varsovie, sur Krakowskie Przedmieście et même à Paris.

Il reste aujourd’hui un pionnier de la vision de la fédération des nations libres et des citoyens, à l’avant-garde du concept de la patrie comme une richesse commune, basée sur des liens culturels et un système de valeurs partagées.

 

Article initialement publié le 12/05/21

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