Où que l’on pose le regard à Valencia, on trouve toujours un bâtiment qui se démarque par son architecture. On s’arrête, on le photographie, on admire ses détails. Mais souvent, le nom de son créateur reste dans l'ombre. Aujourd'hui, Lepetitjournal.com vous fait visiter la ville autrement et vous emmène à la découverte des architectes valenciens et de leur héritage.
Demetrio Ribes Marco : le modernisme au cœur de Valencia
Architecte engagé dans les controverses de son temps, Demetrio Ribes naît en 1875 à Valencia. Figure du modernisme valencien, il fait des études à Barcelone et Madrid. De retour à Valencia en 1902, il y reste jusqu’à sa mort en 1921.
Demetrio Ribes transforme la ville grâce à des projets d’envergure. Son œuvre principale s’érige au cœur de Valencia et accueille chaque jour des milliers de voyageurs. Il s'agit de la Estacion del Norte. Ce monument décrit à lui seul le travail de l’architecte. Moderne, industriel, mêlant les styles et les matériaux, son architecture est un art total et fonctionnel. La prochaine fois que vous prendrez votre train, arrêtez- vous un instant et admirez les détails de céramique. Vous vous souviendrez de l'architecte qui a façonné cet édifice.
Rafael Guastavino : l’architecte de New York
Rafael Guastavino est peut-être le plus célèbre des architectes valenciens à l'international, bien que sa ville natale soit éclipsée par ses réalisations à l'étranger.
Né à Valencia en 1842, Guastavino étudie l’architecture à Barcelone avant de signer quelques projets en Espagne, comme l’usine textile Batlló. Le jeune architecte s’exile aux Etats-Unis, mais traverse une période difficile avant de réaliser son rêve américain. La chance lui sourit finalement. Le secret de son succès ? La voûte catalane. Une technique incombustible précieuse dans une Amérique marquée par l’incendie de Chicago en 1871.
De Grand Central Terminal à l’hôtel de ville de New York, la ville s'orne de son génie. À sa mort en 1908, le New York Times le consacre architecte de la ville. Rien que cela ! Une statue sur la plaza de la Reina à Valencia, à deux pas de sa maison de naissance, rappelle fièrement ses origines.
Rafael Guastavino, l’architecte valencien qui a bâti New York
Lourdes Garcia Sogo : une approche humaine de l’architecture
Architecte contemporaine, Lourdes Garcia Sogo naît à Valencia en 1959. Diplômée en architecture et beaux-arts de sa ville natale, Lourdes commence sa carrière au début des années 1980. Elle se distingue rapidement en réhabilitant des monuments emblématiques de Valencia, comme le Musée des Beaux-Arts San Pio V. En 1992, elle fonde son propre cabinet, Sogo Arquitectos. Sa vision : lier architecture, ingénierie et urbanisme et proposer un service de qualité.
Lourdes Garcia Sogo se concentre sur des projets qui améliorent la vie quotidienne des Valenciens. En 1994, elle supervise la construction du Centre d'Information du Métro de Valence et conçoit trois stations des lignes 3 et 9. Peut-être prenez-vous les transports chaque matin aux stations de Machado, de Benimaclet ou de Facultats ? Si c’est le cas, vous connaissez sûrement leurs bandes de marbres colorées et les expositions d'œuvres d’artistes valenciens qui s’y tiennent.
Lourdes s’implique également dans des projets sociaux comme celui de Sociópolis, Proyecto Avanzado de Ciudad Social, qui n’a malheureusement pas été mené à bout. Lourdes Garcia Sogo jouit d'une reconnaissance internationale pour son approche innovante et humaine de l’architecture.
Francisco Mora Berenguer : le maître du Mercado de Colón
Francisco Mora Berenguer, né en 1875 à Sagunto, est un autre architecte phare du modernisme valencien.
Après des études dans sa ville natale puis à Barcelone où il fréquente Gaudi, Francisco Mora s’installe à Valencia en 1901. Parmi ses œuvres les plus remarquables, le Mercado de Colón se distingue par son style néo-mudéjar exceptionnel. Architecte prolifique, Mora Berenguer a également participé activement aux forums d’architecture et fut membre de l’académie des Beaux-Arts de San Carlos. Il meurt en 1961 d’un accident de la route.
Enrique Viedma Vidal : le visionnaire de la Finca Roja
En passant dans le district de Extramurs, vous avez forcément remarqué un grand immeuble de briques rouges. C’est la Finca Roja. Ses tours circulaires et son toit bleu clair se démarquent du reste du quartier, et l’on ne peut faire autrement que de s’arrêter pour l’admirer. Ce bâtiment est l'œuvre de l’architecte Enrique Viedma Vidal.
Né en 1889 à Valencia, Enrique suit le parcours traditionnel des architectes de son époque : il étudie à Barcelone, puis revient dans sa ville natale. Projet après projet, des douanes du port au Paseo d’Alameda, il redessine les rues de Valencia. En 1928, il inaugure le Mercado Central avec l’architecte Angel Romani Verdeguer. C’est, avec la Finca Roja en 1933, sa réalisation la plus connue dans la ville. Il meurt en 1959.
Dans les coulisses du Mercado Central de Valencia
Santiago Calatrava : une vision futuriste de Valencia
Santiago Calatrava naît en 1951 à Valencia où il fait une partie de son cursus universitaire. Ingénieur, plasticien et architecte, à la fois espagnol et suisse, il gagne rapidement une reconnaissance internationale.
Il n’oublie cependant pas la ville qui l’a vu grandir et ses travaux contribuent à faire de Valencia ce qu’elle est aujourd’hui. On lui doit notamment le pont de l’Alameda qui s’élève vers le ciel, défiant les lois de la nature. Mais le plus grand cadeau fait à sa ville de naissance reste la Cité des Arts et des Sciences. Ce complexe futuriste, composé de béton, d'acier et de verre, est une merveille architecturale qui attire des visiteurs du monde entier.
Vous pouvez admirer l’architecture du lieu en vous promenant parmi les bâtiments : l'Hemisferic en forme d'œil, l’Umbracle pour un peu d’ombre, ou encore l’Oceanografic. Calatrava a réussi à créer un espace qui marie parfaitement la nature et le futur. Ses constructions, avec leurs formes organiques et leurs matériaux modernes, donnent l'impression d'évoluer dans un monde de science-fiction !
Carmen Jorda Such : la gardienne de l'héritage valencien
Carmen Jorda Such est une figure singulière parmi les architectes de Valencia. Contrairement à ses collègues bâtisseurs, elle réinvente sa ville à travers la recherche et l’écriture. Architecte et chercheuse de renom, elle explore en profondeur l’histoire et la structure des bâtiments de sa ville. Vous pourrez ainsi revisiter la Ciutat Vella à travers son livre Valencia centro histórico : guia urbana y de arquitectura. Ses écrits lui ont valu de nombreux prix d’architecture.
Son travail consiste à rédiger des textes spécialisés, mais elle s’occupe aussi de l’organisation d’événements et du poste de commissaire d’expositions.Très impliquée dans le fonctionnement de la ville de Valencia et son patrimoine, elle fait partie de la Fondation Docomomo Ibérico qui catalogue des œuvres architecturales dans la Communauté valencienne. A sa manière, elle nous permet de découvrir à nouveau les bâtiments valenciens et de protéger l’identité si particulière de cette ville.