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USA - Baisse historique du taux directeur de la Fed

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Face à la détérioration sévère du climat économique, la banque centrale américaine a opté pour un signal radical en ramenant son taux directeur dans une fourchette de 0 à 0,25 %. Il s'agit de son plus bas niveau historique

A périodes exceptionnelles, remèdes exceptionnels. Face à la menace d'une récession prolongée de dix-huit mois, - la plus longue de l'après-guerre -, la banque centrale américaine a abaissé radicalement hier son taux directeur, de 1 % à une fourchette de 0 à 0,25 %, son plus bas niveau historique depuis 1954, année où le Comité monétaire a adopté son rythme de réunions actuel. La plupart des analystes tablaient plutôt sur une baisse de cinquante points de base à 0,5 %. Bien que le président de la Fed, Ben Bernanke, ait lui-même reconnu les limites intrinsèques de cette politique de réduction des taux, ce nouveau signal vise à rassurer les marchés au moment où la production industrielle est tombée à son plus bas niveau depuis dix-huit ans. Il marque aussi un tournant dans la stratégie de la Fed qui envisage désormais de nouvelles mesures « non conventionnelles » pour lutter contre la crise du crédit.
« Les Etats-Unis vont devoir faire face à la plus longue récession de l'après-guerre. La crise des marchés financiers, la paralysie du marché du crédit et la contraction économique ont frappé la croissance dans une période d'incertitude », estime Kyle Brandon, directeur de la recherche de l'association des investisseurs Sifma (Securities Industry and Financial Markets Association). Selon les prévisions de la Sifma, la récession américaine devrait durer dix-huit mois, contre une période de seize mois lors des deux précédentes récessions les plus importantes (1973-75 et 1981-82). Cela rejoint les prévisions du consensus des économistes qui tablent sur un début de reprise au troisième trimestre 2009, après quatre trimestres de croissance négative (avec une chute du PIB de 4,5 % au quatrième trimestre 2008). Selon les dernières données publiées le 15 décembre, la production industrielle a reculé de 0,6 % en novembre, pour la troisième fois en quatre mois, en raison notamment du recul de la demande intérieure et de l'effondrement de la production automobile.
A l'appui de sa décision de ramener le taux directeur à un niveau proche de zéro, la Fed invoque la détérioration du marché de l'emploi avec un taux de chômage de 6,7 % en novembre, le plus haut depuis 1993, la chute de la croissance (- 0,5 % au troisième trimestre selon la dernière estimation du Bureau d'analyse économique), et le ralentissement persistant de la consommation. Certains économistes mettent toutefois en doute l'efficacité de cette politique monétaire traditionnelle face à la menace de déflation qui semble se préciser, eu égard à certains signaux sur le marché obligataire.

« Effet limité »
Dans sa dernière intervention du 1er décembre, le patron de la Fed, Ben Bernanke, a lui-même reconnu que la baisse des taux a un « effet évidemment limité ». Malgré les efforts considérables déjà fournis par le Trésor américain et la Fed (avec 2.200 milliards de dollars d'engagements) pour renflouer les banques et ranimer le marché du crédit, il a indiqué être prêt à utiliser des instruments « non conventionnels ». Dans son communiqué d'hier, le comité de politique monétaire de la Fed indique son intention de continuer à « racheter de larges quantités de dette des agences (Fannie Mae, Freddie Mac...) et de titres adossés à des crédits immobiliers pour soutenir le marché immobilier ». Mais il évoque aussi la possibilité d'achats de bons du Trésor à long terme en vue d'agir sur la courbe des taux d'intérêt à long terme qui restent relativement élevés, tout en continuant à utiliser ses réserves pour soutenir les marchés du crédit.
Parmi les « mesures non conventionnelles », certains observateurs ont évoqué la possibilité que la Fed puisse émettre sa propre dette pour contrebalancer l'excès de liquidités fournies aux banques commerciales face à la crise du crédit. Mais cela impliquerait une modification législative de ses statuts.
Pierre de Gasquet. De notre partenaire
www.lesechos.fr (www.lepetitjournal.com) jeudi 18 décembre 2008


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