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ELECTIONS LEGISLATIVES 2024 - Karim Ben Cheikh, candidat du Nouveau Front Populaire

A l'occasion de sa tournée électorale à Tunis, nous avons rencontré Karim Ben Cheikh, candidat Nouveau Front Populaire de la 9ème circonscription des Français.es établi.es hors de France, pour les élections législatives 2024, et député sortant de la même circonscription. 

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Écrit par Lepetitjournal Tunis
Publié le 20 juin 2024, mis à jour le 21 juin 2024

Lepetitjournal.com édition Tunisie :

Le président Emmanuel Macron a décidé de dissoudre l'Assemblée nationale après un échec électoral aux européennes. Êtes-vous surpris ? Etes-vous inquiet face à la perspective d’une victoire possible du Rassemblement national ?

Karim Ben Cheikh :

La dissolution est une décision immature et irresponsable, dans le contexte politique actuel. Passé la sidération, l'ensemble des observateurs, en France comme à l'étranger, juge d’ailleurs sévèrement ce président qui joue aux dés les institutions de notre République. Depuis 2022, je suis élu et je siège au sein du groupe écologiste, où nous nous opposons aux politiques antisociales, brutales et méprisantes de M. Macron. J’ai participé à bâtir, dans notre circonscription, l’union des forces de la gauche et de l’écologie. Aujourd’hui, avec le Nouveau Front populaire, je constate la mobilisation de la société civile, des syndicats, et de tous nos compatriotes qui refusent la perspective d’une arrivée au pouvoir de l’extrême droite. Nous sommes prêts à l’alternance et nous portons  un programme de gouvernement qui redonne des moyens à nos services publics et replace l’humain et le vivant au cœur de l’action politique.

Élu en juin 2022, réélu en avril 2023, c’est la troisième fois en deux ans que vous êtes candidat. Comment comptez-vous convaincre les électeurs de la 9ème circonscription de voter pour vous, encore une fois ? 

Ma candidature m’est apparue comme une évidence, parce que la dissolution ne peut pas décider de la fin de mon engagement. Je ne me suis pas engagé en politique par confort ou par caprice. Pendant 16 ans de carrière de diplomate, j’ai pu mesurer les conséquences des décisions prises à Paris, lesquelles se répercutent sur la vie de de nos compatriotes vivant à l’étranger. Ayant servi comme consul général à Beyrouth, j’ai vécu les difficultés de nos compatriotes en temps de crise. Lors de la catastrophe du port de Beyrouth, j'ai vu comment la communauté française, déjà affectée par la crise économique et la pandémie, était laissée pour compte. Les budgets sociaux sont insuffisants pour soutenir les Français en détresse. Mon engagement politique, c'est de corriger ces injustices et de renforcer les services publics pour nos compatriotes à l'étranger. Je pense que cet engagement a convaincu une majorité d’électeurs en 2022 et en 2023. C’est fidèle à cet engagement que j’ai mené notamment la bataille budgétaire à l’Assemblée nationale ces deux dernières années, en imposant le thème des Français de l’étranger et des moyens qui leur sont alloués. Je leur demande, aujourd’hui, de me renouveler leur confiance, pour poursuivre mon action. 

Quels sont les principaux défis auxquels sont confrontés les Français établis au Maghreb et en Afrique de l’Ouest ?

L'accès aux services publics est le défi majeur pour nos compatriotes. Par exemple, les frais de scolarité dans les établissements français à l'étranger augmentent constamment, ce qui pèse lourdement sur les familles. Lors de mes visites à Tunis, à Casablanca ou à Abidjan, j'ai rencontré des parents inquiets de ne plus pouvoir financer l'éducation de leurs enfants. Nos aînés n’ont souvent plus les moyens de se payer une assurance maladie qui les couvre correctement et la Caisse des français de l’étranger n’est pas soutenue par l’Etat. Partout, les services consulaires, dont je salue l’engagement et le dévouement, sont privés des personnels et des moyens d’assurer leurs missions essentielles. Par ailleurs, la sécurité est une préoccupation constante, notamment dans les pays du Sahel, où la France s’est coupée des populations à cause de postures diplomatiques hasardeuses, ces dernières années. 

Comment évaluez-vous la mobilisation des Français de votre circonscription lors de ces élections anticipées ?

La mobilisation est toujours un défi dans une circonscription aussi vaste, avec de vraies problématiques d’accès aux bureaux de vote dans certains pays. Parfois la participation est faible, en partie à cause de la déconnexion ressentie par nos compatriotes vis-à-vis de la politique nationale. Cependant, la dissolution et l’enjeu de ces élections anticipées suscitent un intérêt certain : au-delà de la lutte contre l'extrême droite, la dynamique d’union à gauche est susceptible de provoquer un sursaut citoyen. Je me félicite que le  vote électronique facilite l’acte de vote pour nos compatriotes. 

Quelles sont vos propositions concrètes pour améliorer la situation des Français vivant dans votre circonscription ?

Pour rendre les consulats plus accessibles, je souhaite renforcer les services consulaires en augmentant le nombre de personnels qualifiés. Dématérialiser des démarches, oui. Mais cela doit accompagner le renforcement humain des consulats, y compris en augmentant le nombre de consulats itinérants, qui se déplacent régulièrement dans les zones éloignées. Je reste convaincu que nous sous-estimons le nombre de nos compatriotes non inscrits sur les registres consulaires. Sur l’école, je propose d'augmenter les subventions pour les établissements français à l'étranger afin de maintenir des frais de scolarité abordables, de maintenir les filières professionnelles, les internats et d'accompagner les élèves en situation de handicap. Et je suis favorable à des exonérations pour les familles les plus modestes ainsi qu’un bouclier tarifaire pour que la scolarité ne coûte pas plus de 20% du budget d’une famille. J’ai été un élève boursier au lycée de La Marsa et je sais l’importance de cet investissement sur l’avenir. La France peut aussi développer des partenariats écologiques, comme au Maroc, où je défends des initiatives de gestion de l'eau pour faire face à la rareté des ressources hydriques. Des projets de rénovation thermique des bâtiments français à l’étranger, que ce soit les écoles ou les emprises diplomatiques, sont urgents aujourd'hui. Sur la santé, il faut recapitaliser la CFE et permettre enfin un financement décent de l’Etat. Je veux instaurer un droit à la connexion avec le territoire national. Cela signifie offrir la même fiscalité de la résidence principale en France pour nos compatriotes souhaitant garder un domicile en France, et je souhaite que l’on puisse mettre à disposition des billets d’avion à tarif réduit pour les familles modestes souhaitant retourner en France pendant les vacances. Ces mesures visent à maintenir un lien fort entre les expatriés et leur pays d’origine.

Lors des élections européennes 55 % des électeurs français de Tunisie ont voté pour la liste de Manon Aubry de la France Insoumise. Certains observateurs ont parlé d’un « effet Gaza ». Qu’en pensez et quelles sont vos positions sur cette question palestinienne ?

La question palestinienne marque le glissement irréversible de la droite identitaire et du camp macroniste vers un soutien inconditionnel à Israël, en dépit de la gravité des crimes de guerre commis. C’est une position irresponsable, déséquilibrée dans le contexte que nous connaissons à la suite des attaques terroristes du 7 octobre qui ont suscité une réplique israélienne provoquant des dizaines de milliers de victimes civiles palestiniennes et une crise humanitaire dramatique à Gaza. Nous avons subi, aux côtés de la France Insoumise, un torrent d’invectives et d’injures, jusqu’à ce qu’on nous qualifie d’antisémites pour avoir exigé en même temps un cessez le feu immédiat et la libération inconditionnelle des otages par le Hamas. J’ai souvenir de débats particulièrement acrimonieux notamment lorsque le député Habib Meyer s’écrie « et ce n’est pas fini ! » alors que les groupes de gauche demandaient à l’Assemblée d’honorer d’une minute de silence la mémoire de nos personnels diplomatiques français morts sous des bombardements israéliens. Tout cela sans sanction. J’ai interpelé plusieurs fois le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères sur la question de l’évacuation de nos ressortissants et de leurs proches, sur l’évacuation des personnes qui avaient des liens familiaux ou professionnels avec la France, sans réponse. Nous avons également, avec tous les groupes de gauche, collectivement défendu la reconnaissance unilatérale de l’Etat palestinien sans préalable ni conditions. La gauche a été au rendez-vous de l’histoire sur Gaza. On ne peut pas en dire autant du reste de l’hémicycle. 

Consulter la circulaire de Karim Ben Cheikh sur le site France Diplomatie et son site officiel

 

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