Nabil Karoui, né le 1er août 1963 à Bizerte, est un homme d'affaires et l'un des principaux acteurs du monde de la publicité, à la tête du groupe Karoui & Karoui World et de la chaîne de télévision Nessma.
Issu d'une famille modeste, il part pour des études de commerce à Marseille, après son bac. Formé au marketing et à la vente dans des multinationales, il est approché pour rejoindre la cellule internationale de Canal+ qui entame son implantation en Afrique du Nord. Il y travaille 2 ans, puis crée en 1996 l'agence de communication KNRG avec son frère Ghazi.
Ils fondent en 2002 Karoui & Karoui World. À la tête du groupe, il ouvre des bureaux à Alger, Riyad, Khartoum, Nouakchott et Tripoli. En parallèle, il crée des filiales de production audiovisuelle, d'interactivité digitale, d'affichage urbain et un label musical. En 2009, il prend la direction de la filiale télévision du groupe, Nessma.
Média controversé pendant la révolution
Le 30 décembre 2010, alors que des troubles ébranlent la région de Sidi Bouzid au Centre de la Tunisie et que les médias sont muselés par le régime de Zine el-Abidine Ben Ali, il diffuse sur sa chaîne de divertissement un débat politique où les faits sont dévoilés pour la première fois au public par un média local.
Pendant la révolution de 2011, il transforme la chaîne en un canal d'information qui devient une référence dans le paysage médiatique tunisien, et diffuse l'entretien de Béji Caïd Essebsi, une personnalité absente de la scène politique depuis plus de vingt ans.
Le 9 octobre 2011, sa chaîne diffuse Persepolis. Le film terminé, environ 200 salafistes tentent de brûler l'immeuble de Nessma avant de s'en prendre à son domicile quelques jours plus tard. Il sera poursuivi pour atteinte aux valeurs du sacré lors du « procès Persepolis », et sera condamné le 3 mai 2012 à une amende de 2 400 dinars. Lors du procès, la plaidoirie de Chokri Belaïd, leader de gauche et avocat de Nabil Karoui, fait sensation ; il sera assassiné neuf mois plus tard.
Nidaa Tounes
Après la victoire d'Ennahdha à l'élection de l'assemblée constituante, il initie le parti Nidaa Tounes, avec Béji Caïd Essebsi et un petit groupe de personnalités politiques. Nidaa Tounes tient ses premières réunions, durant des mois, dans les bureaux de Karoui et sa chaîne oeuvrera pour la mobilisation des démocrates.
Élection présidentielle de 2019
En juin 2019, il annonce sa candidature à l'élection présidentielle. Il est rapidement donné en tête par la plupart des sondages. Le 18 juin, des amendements controversés, accusés de barrer la route à Karoui et Olfa Terras (3Aich Tounsi), sont adoptés par l'Assemblée des représentants du peuple. Les amendements interdisent ainsi la candidature de personnes ayant fait des dons à la population, bénéficié de financements étrangers ou de publicité politique au cours des douze mois précédant une élection, ou possédant un casier judiciaire. Le 25 juin, 51 députés de Nidaa Tounes et du Front populaire déposent un recours pour inconstitutionnalité. Le jour même, il devient président d'un parti, Au cœur de la Tunisie, anciennement appelé Parti tunisien de la paix sociale. Il annonce en juillet suivant que son parti présente des candidats aux élections législatives dans 33 circonscriptions électorales.
Epinglé par I WATCH et la HAICA
En 2016, l'ONG I Watch l'accuse de blanchiment d'argent et de détournement de fonds vers l'étranger, via des sociétés-écran.
Le 25 avril 2019, les équipements de Nessma sont saisis à la demande de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (HAICA), qui indique que la chaîne émet sans licence depuis 2014 et ce « après des tentatives multiples pour trouver une solution » précisera la HAICA qui, à l'instar de l'Instance supérieure indépendante pour les élections interdira à Nessma, qui émet sans licence, de couvrir la campagne électorale.
Le 8 juillet, dans le cadre des accusations portées en 2016, il est inculpé pour blanchiment d'argent, de même que son frère Ghazi, ses biens sont gelés et il est interdit de sortie du territoire. Il est arrêté le 23 août, à la suite d'un mandat d'arrêt produit par la chambre d'accusation de la cour d'appel de Tunis. Malgré son arrestation, sa candidature est maintenue, n'ayant pas été à ce jour condamné par la justice, ni privé de ses droits civiques. Le 9 août, il est épinglé par l'ISIE pour avoir débuté sa campagne avant la date officielle. Le 28 août, pour les mêmes raisons, celle-ci ordonne à son équipe de campagne de retirer ses affiches portant le slogan « La prison ne nous arrêtera pas… Rendez-vous le 15 septembre ». Le 3 septembre, une cour d'appel rejette la demande de mise en liberté de Nabil Karoui. L'avocat du candidat, Mohamed Zaanouni, estime alors que son client est un prisonnier politique.
Salwa Smaoui Karoui, son épouse, mènera la campagne présidentielle à sa place.
Le 9 septembre, la mission d'observation électorale de l'Union européenne appelle les autorités tunisiennes « à prendre les mesures nécessaires afin de permettre à tous les candidats, dont M. Karoui, de mener campagne dans le respect du principe d'égalité des chances à l'élection présidentielle ». Le 13 septembre, la Cour de cassation rejette un recours pour sa libération.
Selon les résultats préliminaires du premier tour des élections, le 15 septembre, il arrive en deuxième position derrière Kaïs Saïed, se qualifiant ainsi pour le second tour.