Trois guerres puniques ont marqué l’histoire de la Tunisie : elles ont opposé sur près d’un siècle la Rome antique et la civilisation carthaginoise. C'est la Sicile, convoitée par Rome et Carthage, qui fut la cause des affrontements initiaux
Au début de la première guerre punique (264 av. J.C.), Carthage est un vaste empire maritime, puissance dominante de la mer Méditerranée alors que Rome est la puissance montante en Italie.
Carthage est une cité-Etat au commerce portuaire florissant, fondée par la Reine Didon et les Phéniciens à la fin du IXe siècle. Seule Rome constitue alors une rivale en matière de puissance, richesse et population, sur l'ensemble de la Méditerranée.
Alors que la flotte de Carthage est la plus développée à cette époque, la cité ne possède pas une véritable armée terrestre. Pour mener ses guerres, elle compte plutôt sur des mercenaires engagés grâce à son immense fortune. Cependant, la plupart des officiers qui commandent les armées sont des citoyens carthaginois réputés pour leur habileté à la navigation et, contrairement à leurs armées, beaucoup de Carthaginois de rangs inférieurs servent dans la marine, qui leur procure un revenu et une carrière stable.
En 264 av. J.-C., la République romaine prend le contrôle de la péninsule italienne au sud du Pô. Contrairement à Carthage, Rome possède de grandes armées terrestres composées presque exclusivement de citoyens romains et alliés. Les plébéiens, classe inférieure de la société, servent habituellement comme fantassins dans les légions romaines alors que la classe supérieure des patriciens fournit le corps des officiers. Mais les Romains ne possèdent pas de grande flotte et sont donc désavantagés jusqu’à ce qu’ils commencent à développer leur propre force navale pendant la première guerre punique.
Première guerre punique (264/241 av. J.C.)
Tout commence lorsque des Italiotes, appelés Mamertins (mercenaires de Campanie) alliés de Rome, s'emparent de Messine, ville qui contrôlait le détroit du même nom entre la Sicile et la pointe de l'Italie.
Les Carthaginois assiègent Messine, ce qui provoque l’inquiétude des Romains en raison de la position de la ville à proximité des villes grecques d’Italie qui viennent de tomber sous leur domination.
Le Sénat romain ne souhaite pas ouvrir les hostilités avec Carthage mais la population demande d’intervenir, poussée par les propriétaires terriens de Campanie qui veulent contrôler le passage maritime entre la Sicile et l’Italie. Appius Claudius Caudex prend alors par surprise la garnison punique de Messine, déclenchant le début de la guerre. Suite à ce revers, le gouvernement de Carthage commence à regrouper ses troupes à Agrigente, mais les Romains prennent les villes de Ségeste et d’Agrigente après un siège de sept mois.
Il s’ensuit vingt ans de guerres avec des fortunes diverses : les premières victoires sont remportées par l’armée romaine face à des troupes puniques hétérogènes. Le roi de Syracuse change de camp à la suite des premiers revers puniques et contribue par sa flotte à ravitailler les troupes romaines de Sicile. Par ailleurs, l’armée romaine s’est déjà victorieusement battue dans le sud de l’Italie et a intégré par la suite les techniques de guerres grecques utilisées par les troupes puniques. Ainsi, les Carthaginois perdent une grande partie des terres siciliennes reconquises sur les Grecs.
Suite à cette défaite, le nouveau chef des armées en Sicile redresse la situation en menant une stratégie de raids et de guérilla, sur terre comme sur mer, en Sicile comme en Italie, tenant les positions siciliennes par des forteresses inexpugnables. L’armée punique a, en effet, une meilleure technique des sièges et des fortifications apprise auprès des Grecs que celle des Romains. De ce fait, les troupes romaines n’arrivent plus à avancer dans l’ouest sicilien. Par ailleurs, l’armée romaine débarquée au cap Bon est défaite aux abords de Tunis. Un autre désastre naval causé par une tempête détruit la deuxième flotte romaine au large de la Sicile.
Les Romains étaient de grands spécialistes des batailles terrestres, mais faibles en matière de navigation. Le consul Caius Duilius, commandant de la flotte, donne l'ordre de construire sur chaque bateau une sorte de pont-levis muni aux extrémités d'un crochet de fer (Corvus).Lorsque coques ennemies se trouvaient proches, les soldats romains laissaient tomber leur pont-levis dans le pont adverse. Les navires carthaginois se trouvèrent ainsi immobilisés. Les soldats romains pouvaient alors donner l'abordage.
Grâce à cette stratégie 45 navires carthaginois furent envoyés par le fond et les Romains remportèrent leur première grande victoire navale.
Les romains auront ensuite une éclatante victoire sur mer : Ecnome en 256 avant JC, considérée comme l'une des plus grandes batailles de l'antiquité. Ils perdent 24 navires et aucun n'est capturé alors que 64 navires carthaginois tombent entre les mains des Romains.
La bataille décisive sera navale, prenant place au large de la principale citadelle carthaginoise en Sicile : Lilybée. Les Romains, toujours en privilégiant l’abordage, en sortent victorieux et deviennent maîtres de la Méditerranée occidentale.
Le chef carthaginois des armées de Sicile, Hamilcar Barca, qui est isolé et sans espoir de ravitaillement notable en hommes et en armes, propose alors la paix à Rome avec l’accord du gouvernement carthaginois. Il recevra les honneurs de ses adversaires qui reconnaissent en lui et en ses troupes de valeureux adversaires.
La fin de cette première guerre marque donc le déclin naval de Carthage qui n’est plus maîtresse des mers, au contraire de Rome.