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BIOGRAPHIE - Le Baron d'Erlanger

BARONBARON
Écrit par Lepetitjournal Tunis
Publié le 4 juin 2019, mis à jour le 23 avril 2024

On ne peut pas évoquer Sidi Bou Saïd sans prononcer le nom du Baron Rodolphe d'Erlanger, ou de sa célèbre demeure : Ennejma Ezzahra. Mélomane, érudit en musique arabe, mécène, collectionneur, grand passionné de l'Orient et de la civilisation islamique, peintre, Rodolphe François d'Erlanger a laissé ici une trace inoubliable

Né à Boulogne sur Seine le 7 juin 1872, il est le plus jeune des trois fils du baron Frédéric Emile d'Erlanger et de la baronne Marguerite Mathilde d'Erlanger, née Slidell , de nationalité américaine. D'origine allemande et natif de Francfort, mais ayant adopté la nationalité britannique, le père de Rodolphe s'installe à Paris en 1858. Après des débuts difficiles, la Banque Erlanger réalise de grosses affaires grâce aux fameux emprunts tunisiens de 1863 et 1865 lancés, inconsidérément, par le gouvernement tunisien, sous la direction du Premier ministre du Bey, Mustapha Khaznadar, ce qui contribua à la ruine des finances tunisiennes et hâtent l'instauration du régime du Protectorat français.
Contrairement à ses frères qui ont suivi les pas de leur père en travaillant  à la banque familiale, Rodolphe manifeste une inclination pour  la peinture, reçoit une formation artistique à l'Académie Julian à Paris et commence une carrière de peintre oscillant entre les thèmes orientalistes et le paysage.

Le 19 juin 1897, Rodolphe épouse à Londres Elisabetta Mattilda Maria Scolastica Cleofee (Bettina). Le jeune couple partage son temps entre une résidence au Middlesex  en Angleterre, et la fastueuse demeure de la famille à Paris.

De santé fragile (troubles bronchiques et pulmonaires), Rodolphe  eut un traitement particulier de la part de la famille ; c'est ainsi que son père décida à l'occasion de son mariage avec  Elisabetta Barbellini de transférer à son profit quand il aura atteint l'âge de trente ans , ses propriétés en Tunisie , constitués de biens immeubles et de terres agricoles. En juillet 1898 naquit Léo, qui allait être le fils unique du  jeune couple.

Après s'être rendu en Tunisie pour affaires vers 1903, Rodolphe emmène sa famille en Egypte pour un séjour qui allait durer six mois et qu'il consacra à la peinture. 

Lors d'un séjour avec sa femme en avril 1909 à Tunis, Rodolphe décide d'acheter un terrain à Sidi Bou Saïd, sur lequel le Palais Ennjema Ezzahra allait être construit. En septembre 1910 le couple d'Erlanger quitte sa résidence  pour venir s'installer à Koubba Beidha, une petite maison à coupole blanche qui s'élevait sur un terrain acquis en 1909, lors de l'un de ses voyages en Tunisie. C'est ici que commence l'histoire du Palais.

Le Palais    
Le Palais Ennejma Ezzahra (Etoile de Venus) est considéré à juste titre comme un joyau de l'architecture arabo-islamique en Tunisie. C'est d'ailleurs le premier monument historique classé après l'indépendance.
Grande ?uvre à jamais liée au destin du Baron, qui l'a conçue puis réalisée. En 1911, il entame la construction de sa demeure, assisté dans les premiers mois par un architecte. Le chantier va durer un peu plus de dix ans (1912/1922), voyant oeuvrer les meilleurs artisans de Tunisie, mais aussi du Maroc et d'Egypte pour le travail du marbre, du stuc ciselé, du bois sculpté, gravé ou peint. Pour les installations techniques, Rodolphe d'Erlanger fera venir des spécialistes de France et d'Italie.

L'implantation du Palais Ennejma Ezzahra est, à elle seule, une leçon d'architecture. Le promontoire de Cap Carthage, en forte pente, domine la baie de Tunis mais la maison s'adosse discrètement à la colline et ses terrasses supérieures  s'inscrivent dans la continuité du jardin. Depuis le village, on ne voit donc que le  jardin et les terrasses blanches, mais vue de la mer la façade haute, longue et blanche adoucie de moucharabiehs bleus, impose sa majesté. Les préférences du baron d'Erlanger vont de toute évidence aux traditions andalouses maghrébines et l'ensemble dégage une impression de pureté des formes.

De la peinture à la musique

Les années dix et vingt furent, pour Rodolphe d'Erlanger, marquées par une intense activité artistique et intellectuelle. Tout en continuant à peindre et à exposer, il dirige les travaux de composition de son ?uvre monumentale ayant pour thème  la musique arabe et participe activement, pendant plus de trois ans, à la préparation du Congrès International de Musique Arabe, qui se tiendra au Caire en avril 1932 à l'instigation du Roi Foued Ier d'Egypte. Nommé vice-président technique de ce congrès par ce dernier, Rodolphe d'Erlanger sera empêché de s'y rendre en raison de sa santé fragile.

Le 29 octobre 1932 Rodolphe succombe à sa maladie à Sidi Bou Saïd à l'âge de 60 ans. Selon ses voeux, le baron fut inhumé dans son jardin à Sidi Bou Saïd, sous la voûte d'un petit mausolée.

 

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