La mosquée Zitouna, ou mosquée de l'olivier, deuxième plus grande mosquée de Tunisie après la Grande Mosquée de Kairouan, est située au coeur de la Medina de Tunis
La Grande Mosquée occupe le coeur de la cité à partir duquel rayonnent les grandes artères pour aboutir aux fameuses portes de la Medina.
On y célèbre de nombreuses cérémonies en présence des autorités religieuses (mufti et imams) et des notables de la capitale. Parmi celles-ci figure le Mouled, jadis fêté dans les zaouïas tunisoises puis dans le palais beylical. C'est à l'initiative de Sidi Brahim Riahi que les souverains acceptent de se déplacer à la mosquée pour fêter le Mouled avec leurs sujets.
Rattachée au malékisme, elle est le sanctuaire le plus ancien et le plus vaste de la capitale de la Tunisie. Érigée sur une superficie de quelque 5 000 m2, la mosquée est dotée de neuf entrées et possède 184 colonnes antiques provenant essentiellement du site de Carthage.
Elle a longtemps constitué un poste défensif tourné vers la mer, deux tours de contrôle subsistant dans les angles nord-est et sud-est du bâtiment.
Fondation et aménagements
Sa fondation remonte au gouverneur Abdallah Ibn el-Habhab (732 de l'ère chrétienne) selon certaines sources ou à Hassan Ibn Noomane selon d'autres.
Elle a en tout cas été érigée dans le contexte de la conquête musulmane du Maghreb, sur les vestiges d'une basilique chrétienne, ce qui conforte la légende rapportée par Ibn Abi Dinar sur la présence du tombeau de sainte Olive (martyrisée sous Hadrien en 138) à l'emplacement de la mosquée.
De la mosquée édifiée sous le règne des Omeyyades, il ne reste presque rien car l'édifice est reconstruit en totalité en 864 sous le règne de l'émir Aghlabide Aboul Ibrahim et sur ordre du calife abbasside de Bagdad Al-Musta`in.
En 990, le souverain ziride Mansour ibn Bologhine fait construire la coupole bichrome du bahou, au-dessus de l'entrée de la salle de prière donnant sur la cour.
Par la suite, en 1250, le sultan hafside Abû `Abd Allah Muhammad al-Mustansir y fait ajouter d'imposantes citernes.
La mosquée connaîtra d'importantes restaurations en 1316 grâce à Abu Yahya Abu Bakr al-Mutawakkil : il y fait remplacer des poutres et ouvrager les portes qui ferment la salle de prière et les dépendances.
Une bibliothèque de style turc est financée par le sultan ottoman Murad II en 1450. Après l'occupation espagnole, l'imam d'une mosquée voisine restaure le monument, embellit la zone du mihrab et construit la galerie orientale en 1637.
Enfin, un minaret de style almohade, ?uvre des amines Tahar Ben Saber et Sliman Ennigrou, est ajouté à la mosquée en 1894 à la place du minaret construit sous Hammouda Pacha en 1652.
Après l'indépendance en 1956, les présidents Habib Bourguiba et Zine el-Abidine Ben Ali ordonneront de grands travaux de restauration et de remise en état, notamment durant les années 1960 et 1990.
Architecture
La mosquée Zitouna reprend la typologie des mosquées de Cordoue et Kairouan avec sa cour trapézoïdale encadrée par une galerie du Xe siècle.
La galerie servant de narthex repose sur des colonnes et des chapiteaux antiques, les trois autres galeries reposant sur des colonnes à chapiteaux en marbre blanc importés d'Italie au milieu du XIXe siècle3. Au milieu de la cour se trouve un cadran solaire qui aidait à fixer les horaires des prières.
La coupole du narthex située à l'entrée de la salle de prière, dite du bahou, dispose d'un décor de pierre ocre et brique rouge. Les nombreuses niches couvrant la base carrée et le tambour octogonal la rattache à l'art fatimide.
La salle de prière hypostyle de forme rectangulaire (56 mètres sur 24) couvre pour sa part 1 344 m² alors que près de 160 colonnes et chapiteaux antiques délimitent 15 nefs et 6 travées. La nef médiane et la nef transversale du transept, plus larges que les autres (4,80 mètres au lieu de 3 mètres), se croisent devant le mihrab qui est lui-même précédé d'une coupole portant une inscription l'attribuant au calife abbasside Al-Musta`in.
Le minaret carré, à l'angle nord-ouest de la cour, haut de 43 mètres, reprend la décoration du minaret almohade de la mosquée de la Kasbah faite d'entrelacs en calcaire sur un fond en grès ocre.
La façade orientale a été complétée par une cour ornée d'une colonnade de style hafside.
L'université
La mosquée abrita une grande université islamique et un centre politico-religieux où se négociaient accords commerciaux et autres transactions marchandes avant que le caractère sacré du lieu ne délocalise cette dernière activité dans les souks voisins.
Dans les siècles suivants, les savants y dispensent leurs enseignements religieux, littéraires et scientifiques. Chaque cheïkh s'adossait à une colonne autour de laquelle il disposait sa halqa, ses étudiants rassemblés autour de lui en petits cercles concentriques, jambes croisées ou agenouillés.
L'institution a formé de nombreux imams comme Ibn Arafa, un contemporain d'Ibn Khaldoun, et de nombreux promoteurs d'une renaissance arabo-musulmane. En 1830, les muftis de la mosquée promulguent une fatwa reconnaissant la validité de la théorie héliocentrique de Galilée.
À la suite de l'indépendance du pays, le 20 mars 1956, le président Habib Bourguiba met fin au lien entre l'université et la mosquée. Une université moderne est établie le 26 avril de la même année puis remplacée par une faculté de charia et théologie, le 1er mars 1961, devenant ainsi une composante de l'Université de Tunis.
En 1987, sous l'impulsion du président Zine el-Abidine Ben Ali attentif aux revendications des islamistes, trois instituts sont créés et associés pour former la nouvelle Université Zitouna : l'Institut supérieur de théologie qui débute ses activités en 1988, l'Institut supérieur de la civilisation islamique qui abrite quelque 300 étudiants et 40 chercheurs, et le Centre d'études islamiques de Kairouan.
Bibliographie
Mohamed El Aziz Ben Achour, La mosquée Zitouna. Le monument et les hommes, éd. Cérès, Tunis, 1991
Abdelaziz Daoulatli, La Mosquée Zitouna, éd. du Patrimoine, Tunis, 2010