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5 raisons de découvrir Fuchu, la "ville mystère" à l'ouest de Tokyo

Fuchu JaponFuchu Japon
Écrit par Julien Loock
Publié le 11 janvier 2019, mis à jour le 31 juillet 2023

Il est des villes au Japon qui gagnent à être reconnues bien au-delà des quelques lignes que les guides généralistes leur accordent. Située à seulement vingt minutes de train de la bouillante Shinjuku, la ville de Fuchu, à l'ouest de l'agglomération de Tokyo, est une pépite cachée dans un écrin d'urbanisme cher à l'Archipel. Non avare en plaisirs touristiques qui raviront les plus endurcis des explorateurs, Fuchu s'offre aux visiteurs qui arpentent ses rues ombragées vers des trésors historiques et architecturaux, au gré des quatre saisons japonaises. Cerise sur le gâteau, Fuchu retiendra bientôt l'attention des amoureux français de l'ovalie, la ville accueillant le camp de l'équipe de France pour les entraînements pré-compétition de la Coupe du Monde de Rugby à XV, en 2019, au Japon. 

 


Que l'on soit expatrié au Japon, simple aventurier d'un voyage d'une vie ou abonné aux séjours dans l'Archipel, la recherche constante de l'émerveillement fait partie de l'essence même de ce qui nous lie à ce pays. Le Japon regorge de lieux mondialement célèbres qui trustent, sans discontinuité, les tops des sites de voyage. Mais résumer le pays du Soleil Levant à une poignée de pôles touristiques  incontournables serait une erreur colossale, car le Japon aime garder ses secrets, égoïstement, pour celles et ceux qui prennent le temps de s'y aventurer dans l'espoir de bénéficier d'un moment unique, en tête à tête, avec des bijoux de la culture japonaise. Elégamment surnommée "The Mistery City" (la ville mystère), Fuchu fait partie de cette grande famille de lieux, empreints de richesse culturelle, historique et architecturale, qui vivent à l'ombre des mastodontes touristiques des quatre coins du pays. Lieu idéal de découverte pour une excursion d'une journée ou deux, depuis le centre de Tokyo, l'attendrissante et saisissante Fuchu n'attend plus que vous. 

 

fuchu tokyo


Babadaimon no Keyaki Namiki, la rue aux arbres japonais zelkova


Le train de la ligne Keio s'arrête sur le quai de la gare de Fuchu, après un court voyage depuis Shinjuku. L'aventure dans la ville mystère peut être entamée avec envie. Accueilli par une gare moderne où se côtoient grands magasins, résidences de standing et entremêlement de passerelles piétonnières, le voyageur devra patienter quelques mètres afin de fouler le pavé de la rue la plus célèbre de la ville. Le tunnel, créé par les soixante arbres zelkova, impressionne au premier regard. Le visiteur est happé par le désir de crapahuter du nord au sud, tout au long de la rue Babadaimon no Keyaki Namiki. Bordée par de nombreux magasins et restaurants, elle offre un cadre de balade idéal pour ses premiers pas dans la ville, tout au long des six-cents mètres qui la composent. 


Bien au-delà du simple fait que cette avenue est considérée, aujourd'hui, comme un havre de paix et de plaisir hédoniste, son caractère historique est lui aussi des plus intéressants. Son statut de second monument naturel historique du Japon, obtenu en 1924, lui confère instantanément un caractère fort et inestimable pour la ville et ses habitants. Une statue de Minamoto-no Yoshiie se dresse fièrement, depuis 1992, au milieu de la rue, en hommage à ce samouraï du clan Minamoto qui planta, le premier, un arbre zelkova in situ. Riche en symbolique, ce geste souligne alors sa propre victoire dans la bataille Zenkunen-no-eki, en pleine période Heian. De nos jours, Babadaimon no Keyaki Namiki permet une balade platonique sous l'ombre bienveillante des arbres, de la gare de Fuchu jusqu'au trésor inestimable de la ville : Okunitama Jinja.

 

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Le sanctuaire Okunitama, au cœur de Fuchu


Empreint d'histoire et de culture, le sanctuaire Okunitama est, sans conteste, la pièce maîtresse de la ville de Fuchu, qui fera succomber bon nombre de visiteurs émerveillés par le lieu. Jonchée d'arbres et de sanctuaires secondaires, la marche vers le hall principal est un appel à la contemplation et à l'introspection. Erigé le 5 mai de la quarante et unième années de l'Empereur Keiko (111), Okunitama est considéré comme l'un des plus anciens sanctuaires du pays. Dédié au culte du dieu éponyme, Okunitama fait partie du patrimoine matériel inestimable du Japon depuis 1667, suite à la reconstruction du bâtiment principal après un puissant incendie en 1646. Ce statut actuel lui assure une place bien méritée auprès des sanctuaires Meiji Jingu, Yasukuni, Hie et Mie dont leur importance n'a d'égale que leur richesse historique. 


La visite du sanctuaire Okunitama est un incontournable pour tous les amoureux de la culture nippone, à la recherche d'un moment de communion avec le Japon, loin de la basique carte postale. Rester insensible à l'atmosphère unique du lieu semble appartenir au domaine de l'impossible. Bien que seuls les groupes puissent en profiter, l'un des bâtiments annexes du sanctuaire héberge de véritables trésors en lien avec les matsuri qui régissent ponctuellement la vie de l'endroit, au fil des saisons. Les mikoshi (châsses portables transportées par les fidèles) et les taiko s'alignent pour offrir un émerveillement instantané à chaque personne qui passe le seuil de la porte. De par son côté monumental et titanesque, l'un des taiko retient l'attention de tous. Dans les temps anciens, chaque coup porté sur le cuir résonnait à plus de cent kilomètres à la ronde. 

 

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Les matsuri du sanctuaire Okunitama, une ambiance à la japonaise


Bien que le sanctuaire vaille le détour tous les jours de l'année, ce dernier accueille également de nombreux matsuri. Okunitama devient alors un incontournable des festivités locales, voire plus. Les festivals estampillés Okunitama sont de véritables moments de liesse communicative pour la population de Fuchu mais également pour les nombreux touristes qui n'hésitent pas à avaler les kilomètres pour faire l'expérience de ces matsuri, connus et reconnus. Le plus important d'entre eux, le festival Kurayami, s'empare de la nuit du 5 mai, chaque année, pour un instant de transe et de joie intense. Les mikoshi sont alors transportés de l'extérieur du sanctuaire jusqu'au bâtiment principal au milieu d'une foule compacte et endiablée. Originalité particulière de l'époque, la procession se faisait dans le noir complet, aux alentours de minuit (kurayami se traduisant par obscurité). Depuis 1959, cette coutume ancestrale a été abandonnée pour une procession en milieu d'après-midi. 


Le matsuri est à son apogée lorsque les huit mikoshi et les six gigantesques taiko rejoignent le sanctuaire. Il y règne alors une atmosphère indescriptible qui marque durablement chaque participant à cette liesse populaire. Le festival Kurayami fait aujourd'hui partie du patrimoine immatériel de Tokyo et cette reconnaissance attire chaque année toujours plus de monde. Autre saison, autre ambiance, le 20 juillet est l'occasion pour le sanctuaire d'accueillir le sumomo matsuri (un type de prune japonaise), alors que des dizaines d'échoppes jalonnent les devants du bâtiment principal. Les enfants se pressent pour jouer aux jeux, les adultes se régalent avec les kakigori spécialement imaginés avec la fameuse prune et différents spectacles et attractions ponctuent cette journée de fête si chère aux habitants de la ville de Fuchu. 

 

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Le temple Koan-ji


Non loin du sanctuaire Okunitama se cache, littéralement, le temple Koan-ji, petite merveille architecturale d'où émane une sensation de spiritualité et de paix. Eclipsé par l'urbanisme galopant, Koan-ji permet un recueillement instantané grâce au calme qui s'en dégage. Seuls quelques locaux, venus prier, brisent avec délicatesse un silence exquis. Etabli au douzième siècle, le temple de la ville de Fuchu possède plusieurs bâtiments en bois dont une somptueuse et impressionnante porte à deux étages, protégée par deux Nio, les célèbres divinités gardiennes japonaises des temples bouddhiques. Bien que la symbolique soit lourde de sens (la protection des âmes des enfants décédés trop tôt), une partie du temple attire immédiatement l'œil et suspend le temps pour une parenthèse de poésie visuelle. Des centaines de statues jizo jonchent l'allée principale du temple dans un tourbillon de couleurs, accentué par les nombreux petits moulins à vent, les bonnets de laine et les bavoirs d'un rouge intense. 


Non loin de l'entrée, épargnée par l'environnement urbanisé extérieur, se trouve une annexe du temple Koan-ji. Lorsqu'elle est ouverte, une sensation de merveilleux aparté cinématographique en émane, ce qui ne peut qu'affoler les âmes rêveuses et artistiques. Une lanterne rouge sang orne le centre de la pièce en bois, ce qui offre une atmosphère mystique et saisissante pour le voyageur chanceux qui en passera le seuil. Le doux et chaud tatami sous la plante des pieds, on peut se laisser aller à la rêverie, parmi toutes les lanternes éclairées avec volupté, sous l'œil bienveillant de la divinité. Extrêmement photogénique, ce lieu est une pépite unique de la ville mystère de Fuchu. L'imaginaire qui s'en dégage marque les esprits et l'on regrette instantanément de devoir se rechausser pour partir vers d'autres horizons.

 

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Le musée Fuchu Kyodo-no-Mori 


Ce musée en plein-air mêle avec brio la nature et l'architecture, l'histoire et les traditions. Inspiré du folklore local, des habitudes de vie et des anciennes habitations japonaises, Fuchu Kyodo-no-Mori propose une véritable expérience culturelle et sensorielle pour les visiteurs, que l'on soit adulte ou enfant. Tokyo s'urbanisant toujours plus vite, à en perdre la raison, ce musée est une vitrine inestimable sur l'architecture évolutive des derniers siècles et les habitudes de la population de l'époque. Pensé comme un musée ouvert au cœur d'un parc, trois fois plus grand que la superficie du Tokyo Dome, Fuchu Kyodo-no-Mori se vit comme bon nous semble, sans ligne directive démotivante ou frustrante.


 Le visiteur peut déambuler selon son inspiration du moment à travers les différents chemins du parc, à la recherche des nombreux vestiges architecturaux japonais, passant d'une ancienne pharmacie à une ferme, puis d'une maison de thé intimiste à une poste reconstituée. Se perdre n'est alors que plaisir et la nature environnante berce les visiteurs en leur offrant un cadre qui aime évoluer selon les saisons. Pruniers et érables du Japon composent, principalement, la flore locale pour le plus grand plaisir des yeux, en hiver et en automne. Pour une somme dérisoire de 300 yens, cette visite mérite toute l'attention des amoureux du patrimoine matériel et immatériel du Japon. Dans un cadre bucolique comme celui-ci, l'expérience devient alors enchanteresse. 
 

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