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Maman, je ne peux plus nager ! - L’exposition écologique à Shibuya

exposition écologique à Shibuyaexposition écologique à Shibuya
Écrit par Steen
Publié le 4 mars 2021, mis à jour le 5 mars 2021

En plein cœur de Shibuya, entre le bâtiment Hikarie et la banque Risono, une vitrine bleu attire l’œil. C’est la devanture du magasin Uematsu, transformée en œuvre d’art déconcertante.
« 
ママ泳げない » (Maman, je ne peux plus nager) est le titre de l’exposition créée par Catherine Jane Fisher pour alerter le grand public sur la consommation excessive de plastique dans le monde.

Au Japon le suremballage est partout. Un véritable culte qui concerne aussi bien les produits alimentaires que les produits d’hygiène par exemple.
Le
konbini, ce convinient store cher au cœur des habitants, reste le roi de la production d’emballage plastique. Entre barquettes, sachets, emballage des onigiri ou pâtisseries, le mode de vie « konbini » et ses récipients individuels contribuent fortement aux plus de 9,4 millions de tonnes de déchets produits chaque année sur l’archipel.

 

L’initiative de Catherine Jane Fisher

Née en Australie, l’artiste Catherine Jane Fisher vit au Japon depuis 40 ans. Art-thérapeute depuis 2002, elle utilise l’art pour s’exprimer sur des sujets difficiles tels que l’injustice sociale, la santé mentale ou encore l’écologie. En 2020, elle a été nominée pour le prix Nobel de la paix. 
Avec Maman, je ne peux plus nager, c’est à la surconsommation alarmante de plastique qu’elle s’attaque.
Malgré les récents efforts faits pour monétiser les sacs fournis en caisse au supermarché, les Japonais semblent peu conscients du problème.
Malheureusement, c'est le monde entier qui est concerné. Catherine nous rapporte des chiffres qui parlent d’eux-mêmes :

— Un million de bouteilles en plastique sont vendues chaque minute.

— Le temps d’usage moyen d’un sac plastique est de 12 minutes, il sera ensuite jeté.

— 90 % des oiseaux de mer vivant aujourd’hui ont ingéré une forme de plastique.

— Certains oiseaux de mer se retrouvent avec plus de 257 morceaux de plastique dans leur estomac.

« Tant que les gens ne sont pas impactés directement, difficile de leur faire prendre conscience de ce qui ne va pas » s’attriste l'australienne.
Au Japon l’absence de poubelles dans les lieux publics a un véritable impact négatif sur l’écologie.
Autre fait moins connu et plus surprenant, malgré le tri effectué en amont par chaque habitant, au centre de tri, les déchets se mélangent. Il y a donc un énorme travail à faire pour changer les habitudes de consommations, mais également le traitement de nos détritus.

Les origines du projet

Alors qu’elle commence des recherches pour un projet, Catherine Jane tombe sur une interview télévisée qui l’interpelle. L’interviewé, un fabriquant de mannequins plastiques pour vitrines de magasins, raconte avoir vu la tête d’une poupée dans l’océan et avoir réalisé l’impact de son business sur l’environnement. 
Catherine Jane contacte aussitôt l’entreprise japonaise qui accepte de l’aider sur son projet en lui fournissant des mannequins destinés au rebut. 
Très vite une idée s’impose à l’artiste australienne : que deviendra la vie des enfants à l’avenir, si personne n’agit pour freiner cet usage immodéré du plastique ? L’image est toute trouvée : deux enfants ne pouvant plus nager, pataugeant dans les déchets. C'est le point de départ de l'oeuvre.

mama oyoganai

 

C’est très surréaliste de voir les gens et de nombreux bâtiments dans le reflet de mon installation artistique, nous explique Catherine. En voyant les piétons marcher comme s’ils faisaient parti de mon art océanique, j’ai eu le sentiment très fort que nous pouvons tous, en tant que communauté, faire un effort pour arrêter le plastique à usage unique. Même simplement en changeant notre propre comportement, nous pouvons faire une différence. Cela dépend de nous tous et j’espère que mes œuvres d’art pourront être une source d’inspiration et un catalyseur de changement. 

 

Collaboration avec Mode Kohgei

Nous avons profité de l’occasion pour poser nos questions à Monsieur OSATO Yoshio, représentant de Mode Kohgei, le fabricant de mannequins qui a collaboré avec Catherine Jane Fisher.

Pourquoi avez-vous accepté de collaborer avec Catherine ? Quelle est l’origine de votre intérêt pour ce projet ?

Catherine nous a découverts dans une émission sur NHK. Elle nous a alors contactés et elle est venue visiter l’usine. J’apprécie fortement son attitude envers l’art et l’environnement.
J’ai tenu à l’aider, car je pense que ses initiatives vont dans un sens positif, vers un « mieux vivre » global de l’humanité.


Pensez-vous que le Japon prend peu à peu conscience de sa consommation massive de plastique ?

Bien sûr, au Japon aussi, nous encourageons activement des initiatives telles que « Éliminons les débris marins » pour lutter contre la consommation massive de plastique. Cependant, bien que le pays tente de faire prendre conscience aux gens de cette réalité, il n’existe pas vraiment de politique quantitative pour traiter le problème.
Malheureusement, le Japon ne semble pas vouloir changer son mode de fonctionnement et tient à ses activités économiques traditionnelles basées sur la consommation en masse de plastique.
Je pense que seule la pression étrangère est capable de changer le Japon. Voilà pourquoi cette exposition est une vraie opportunité.


Que peuvent faire les entreprises japonaises pour aider à lutter contre le problème des déchets plastiques ?

Le Japon ne peut pas être un leader d’opinion politique, mais les entreprises japonaises ont la capacité de développer des technologies qui peuvent contribuer à améliorer la situation mondiale.
En tant qu’alternative aux plastiques existants, nous essayons d’agir à notre niveau en développant des matériaux respectueux de l’environnement tels que les plastiques biodégradables et les nanofibres.


L’écologie est un sujet important pour vous, quels sont vos projets en la matière ?

Pour MODE-KOHGEI co.ltd, le projet est le suivant  :
Développer des mannequins et des torses en papier à partir de fils de coton résiduels de vêtements.
Développer de mannequins et des torses en plastique biodégradable.
Développer de petits produits autres que les mannequins en utilisant des matériaux respectueux de l’environnement.
Réduire l’utilisation des solvants organiques volatils lors du développement de produits.
Pousser le recyclage et la réutilisation permanente grâce au traitement et à la réparation des mannequins en plastique classiques.



Merci à Monsieur OSATO Yoshio et à Catherine Jane d’avoir pris de leur temps de nous répondre et de partager leurs projets.
 

expo écologique
mama oyoganai, expo


L’exposition « maman, je ne peux plus nager ! » sera visible jusqu’en avril 2021. N’hésitez pas à aller y jeter un œil en passant par Shibuya !
#mamaicantswim

Localisation : dans la vitrine du magasin d’art Uematsu situé à côté du bâtiment Hikarie et entre Hikarie et la banque Risono.


 


 


 

I.Steen
Publié le 4 mars 2021, mis à jour le 5 mars 2021

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