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AGIRabcd : quand la retraite rime avec solidarité

AGIRabcd retraités bénévolesAGIRabcd retraités bénévoles
Brigitte Euverte à Bujumbura, aux côtés des stagiaires fiers d'arborer les sacs qu'ils ont cousus @AGIRabcd
Écrit par Justine Hugues
Publié le 27 février 2018, mis à jour le 3 décembre 2020

AGIRabcd permet aux retraités français souhaitant rester actifs de se rendre utiles, essentiellement en France, mais aussi un peu partout dans le monde.  Avec un palmarès de 9000 missions déjà accomplies, l’association reste à l’affût de nouveaux projets.  

Qui dit que la retraite sonne le glas de la vie professionnelle et de l’apprentissage ? Association Générale des Intervenants Retraités, Actions de Bénévolat pour la Coopération et le Développement : un sigle efficace, à l’image des 3000 séniors au cœur de l’organisation. Parmi eux, Brigitte Euverte. A 75 ans, cette couturière retraitée fait régulièrement ses bagages pour le Vietnam, l’Inde, le Burundi ou encore Haïti. 

 

Une association couteau suisse

Le leitmotiv des bénévoles d’AGIRabcd est d’offrir des compétences professionnelles à ceux qui en ont le plus besoin. L’offre, variée (enseignement, médecine, cuisine, artisanat, ingénierie, conseil en gestion..) répond à des besoins ciblés et exprimés par différentes organisations sur le terrain. Tandis qu’au Vietnam, le ministère du travail a mandaté l’association pour transcrire les programmes de cinq filières de BTS dans le curriculum vietnamien, en France et au Maroc, les bénévoles du programme « Agiroute » aident les séniors qui n’ont pas conduit depuis longtemps à reprendre la route. 

« C’est l’expérience humaine et professionnelle de toute une vie que nos bénévoles mettent à disposition » souligne Dominique Epstein, responsable du département Asie. Au Vietnam, pays aux milliers de tailleurs, beaucoup n’ont pourtant aucune expérience en matière de design. C’est ainsi que Brigitte a aidé, à Hanoi, une centaine d’entre eux à créer une collection. « Ils n’avaient jamais été encouragés à imaginer quelque chose », raconte Brigitte. « Ensemble, on a créé et fabriqué une collection, puis organisé un défilé ». 

 

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Mission de formation dans une école hôtelière à Bengalore en Inde

 

Si les retraités ne reçoivent pas de salaire, une double collaboration est demandée au bénéficiaire : le voyage de l’intervenant (billets d’avion, hébergement) et une participation aux frais administratifs de l’association. Ces derniers sont modulables en fonction des moyens du demandeur.

Dans tous les cas, on n’intervient que lorsque l’organisation n’a ni les compétences en interne, ni les moyens d’employer quelqu’un. On n’a absolument pas vocation à prendre le travail des gens sur place.

Bien que certaines missions durent plusieurs mois, la majorité sont de courte durée, 38 jours en moyenne. Aussi, une grande partie du temps sur place est dédié à la formation de formateurs qui pourront répliquer les enseignements, une fois les bénévoles repartis. Pour Brigitte, « l’important, c’est qu’on ne devienne pas indispensable ». 

 

Les trois clés du bénévolat

« Les bénévoles viennent chez nous pour trois choses », explique Dominique. « L’envie d’être utile, de se faire plaisir mais aussi de créer du lien social. Ici, on travaille avec des personnes qu’on n’aurait jamais croisé dans notre vie professionnelle ». 

Les membres les plus jeunes ont 65 ans. La durée d’investissement dans l’association est en général assez longue. « On a des bénévoles de 80 ans qui ont encore une agilité intellectuelle incroyable », explique fièrement notre interlocuteur.  Une agilité maintenue par un engagement sans faille : en plus de réaliser différentes missions en France ou à l’étranger, les bénévoles ont d’autres casquettes, dans la formation et la gestion de l’association notamment.   

 

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L'adhérent Jean-Michel Oelhoffen remplaçant un professeur titulaire du Lycée Français International de Tokyo

 

La solidarité internationale à l’épreuve des restrictions sécuritaires et budgétaires

« Nos pères fondateurs ont eu une très belle idée. Aujourd’hui, c’est toujours une merveilleuse aventure, mais plus difficile » explique Dominique. 

Dans un contexte global de restriction des subventions et de concurrence accrue entre associations, les missions internationales d’AGIRabcd se raréfient. «  Depuis 2012, le nombre de missions au Vietnam a baissé de 40% » déplore Brigitte. « Il y  a aussi des raisons de sécurité » renchérit Dominique « On a plus de 50% de nos activités en Afrique, mais il est devenu difficile, voire impossible de se rendre dans certains pays comme le Mali ». 

« Notre force, c’est d’être la seule organisation de séniors reconnue pour le volontariat de compétences en solidarité internationale. Notre faiblesse, c’est que nous ne sommes pas spécialisés. Nous aussi on a des médecins, des avocats, mais dans cet environnement très compétitif, les gens ont parfois du mal à comprendre qui nous sommes et ce que nous pouvons apporter », conclut Dominique. 

Si vous connaissez des organisations locales pouvant être intéressées par le travail d’AGIRabcd, n’hésitez pas à les mettre en contact avec l'association 

Justine Hugues
Publié le 27 février 2018, mis à jour le 3 décembre 2020