Il se passe rarement un jour sans qu'une catastrophe naturelle n'affecte un pays : tremblement de terre, tsunami, cyclone, incendie, inondation, éruption volcanique... Mais rien de tel ne semble arriver à Singapour. Cela résulte essentiellement de sa situation géographique.
Trop loin d'une faille tectonique pour être affecté par un tremblement de terre
Les tremblements de terre se produisent sur les jonctions de plaques tectoniques. Or, la plus proche de Singapour se situe au Sud de l'ile de Sumatra, soit à environ 400 km de Singapour. Ils n'ont pas beaucoup d'effet ici. Pourtant, dans les régions centrales et orientales de l'île, reposant sur des sols alluviaux ou argileux, les personnes les plus sensibles habitant les étages élevés peuvent les ressentir et des meubles peuvent bouger. Par exemple, le 25 avril dernier à 4h du matin, un séisme de magnitude 7.3, dont l’épicentre était en Indonésie, a été ressenti dans les quartiers de Boon Keng et de Marine Parade, comme le montre cette vidéo, où on voit des lustres osciller. Mais aucun dégât n'est à craindre. Cependant, la construction des immeubles doit respecter des normes antisismiques.
L'absence de faille tectonique près de Singapour y rend aussi la naissance d'un volcan inimaginable. En revanche, l'Indonésie voisine, bordée par une faille tectonique, a plus d'une centaine de volcans actifs.
Une île entourée de terres la protégeant contre les tsunamis
Une conséquence bien connue des tremblements de terre sont les tsunamis. Le plus dévastateur de ces dernières décennies a eu lieu le 26 décembre 2004 à la suite d'un tremblement de terre dont l'épicentre était situé au nord de l'ile de Sumatra, à un millier de kilomètres de Singapour. Les vagues générées par ce séisme ont touché de nombreuses côtes de l'océan Indien et ont même été observées, certes amorties, dans le Pacifique et dans l'Atlantique. D'où le terrible bilan de 225000 morts ou disparus dans une douzaine de pays. En Somalie, pourtant située à 4500 km de l'épicentre, des vagues de 3 à 9 m ont été mesurées et 300 personnes ont péri ou disparu.
Mais Singapour, pourtant plus proche de l'épicentre, n'a pas été impacté : quelques vaguelettes tout au plus. Cela est dû au fait que ce pays est entouré d'autres terres qui agissent comme barrières contre les tsunamis : Sumatra au sud et à l'ouest, la Malaisie au nord, et l'archipel de Riau à l'est.
Une proximité de l'équateur défavorable à la naissance ou au passage de cyclone.
La localisation de Singapour à 137 km de l'équateur rend le passage d'un cyclone extrêmement improbable. En effet, en plus d'une mer à plus de 26°, le développement d'un cyclone repose sur la force de Coriolis, liée à la rotation de la terre, qui est nulle à l'équateur. C'est pourquoi les cyclones naissent en général à 400 km de l'équateur et se déplacent vers les pôles.
Il y a eu pourtant une exception historique qui a plongé les météorologues dans la perplexité. En décembre 2001, le cyclone Vamei est né à 150 km de l'équateur, dans la mer de Chine, près de Singapour. Avec des vents de 140 km/h, il a causé des inondations dans le sud de la Malaisie et endommagé deux bâtiments de la marine américaine.
Cependant, pour Singapour, cela a été un orage comme ceux qui frappent l'ile régulièrement en période de mousson. Le système de drainage a permis d'absorber les précipitations sans trop de dommages. Seule conséquence notable, le trafic aérien a dû être stoppé pendant quelques heures.
Une autre curiosité météorologique, mais sans gravité, est régulièrement observée sur la mer autour de Singapour. Il s'agit des trombes marines, colonnes d'air et d'eau mélangés en rotation, naissant sous un nuage convectif au-dessus d'une étendue d'eau. Il y a même, mais très rarement, des mini tornades qui naissent sur l’ile.
Une urbanisation et une humidité peu propices aux incendies
Tout d'abord, le niveau d'urbanisation fait qu’aujourd’hui, il n'y a que 20.000 ha de forêt. Ensuite, proche de l'équateur, Singapour bénéficie d'un climat humide : il y pleut fréquemment, parfois violemment. La probabilité d'un feu de forêt y est donc très faible.
En fait, l'incendie le plus important dans les mémoires des singapouriens est celui de Bukit Ho Swee le 25 mai 1961. C'était un village traditionnel avec des maisons en bois et des toits de feuilles de palmier. L'incendie a détruit tout un quartier : 4 personnes y ont péri et 16000 ont perdu leur habitation. Les causes de l'incendie n'ont jamais été élucidées.
Mais aujourd'hui, compte tenu des normes de construction et des progrès des services de lutte contre les incendies, un tel désastre est difficile à imaginer.
Il reste cependant deux risques « naturels » auxquels Singapour est exposé. Tout d’abord, en tant que carrefour de transport, le pays est une cible privilégiée des épidémies ; mais les deux qui l’ont touché récemment (SRAS et COVID 19) ont montré que la réactivité des autorités, la discipline des habitants, et les performances du système de santé permettent d’en limiter les dommages. Ensuite, la faible altitude de l’ile (30% de sa surface est à moins de 5m d’altitude) la rend particulièrement vulnérable à la montée des eaux des océans liée au réchauffement climatique ; mais là aussi, le gouvernement singapourien a planifié des investissements colossaux (100 milliards de SGD) pour maitriser ce risque.