La question de la scolarisation des enfants est un sujet qui préoccupe tous les parents.
D'autant plus quand ils sont expatriés. Si le choix de l'IFS est une évidence pour beaucoup de francophones, l'école locale peut être une alternative intéressante pour ceux qui ont des enfants jeunes et veulent rester dans la Little red dot quelques années.
L'école locale, une option viable ?
L'éducation locale a quelques atouts non-négligeables :
- Singapour est reconnu mondialement pour son système éducatif performant. La cité-Etat se retrouve souvent dans le trio de tête du classement PISA et sa méthode d'apprentissage des sciences dures en primaire est une référence: Countries' Mathematics & Science Achievement.
- Les coûts de scolarité sont plus faibles que ceux des écoles internationales. En 2022, le coût par mois et par enfant est de :
- Citoyens singapouriens : entre $6.50 et $13 par mois
- Résidents permanents : entre $230 et $268 par mois
- Étudiants originaires de l'ASEAN : entre $490 et $528 par mois
- Étudiants internationaux : entre $825 et $888 par mois.
Le gouvernement a un site pour évaluer les coûts de scolarité très bien fait : Check your child's school fees .
- Les enfants sont complètement immergés dans la culture et dans le rythme de vie de son nouveau pays. En prime, ils ont l'option d'apprendre une langue maternelle locale pour commander leurs plats préférés au kopitiam du coin.
Qui peut y rentrer ?
Le système de choix des écoles se fait par tirage au sort suivant un système d'évaluation à trois niveaux. Les demandes d'inscriptions se font début juin.
L'éducation étant obligatoire pour tous les Singapouriens au niveau du primaire, la priorité leur est naturellement accordée, avec une préférence pour les enfants vivant près de l'école. Les enfants Résidents permanents suivent, avec une assurance d'avoir une place, mais un choix plus tard qui limite le nombre d'écoles ayant encore des places de libre. Enfin, les expatriés peuvent faire une demande en fin d'évaluation, sans assurance d'obtenir une place.
Dans une bonne année, la moitié des enfants internationaux qui font une demande d’inscription en P1 obtiennent une place. Pour les années avec plus d'enfants locaux (ceux nés une année du Dragon par exemple), ce ratio peut descendre jusqu'à un sur trois.
Il est important de noter que si votre enfant n'est pas Singapourien ou PR, vous ne pouvez pas choisir dans quelle école postuler. Le gouvernement choisira pour vous. Si vous êtes chanceux par deux fois, l'école sera près de votre lieu d'habitation. Si vous êtes juste assez chanceux pour obtenir une place mais pas suffisamment pour que votre école soit proche de chez vous, le trajet scolaire peut se faire long et être trop loin pour le bus scolaire organisé par l'école.
Pour les enfants postulant pour une place en P2 et après, il faut passer un examen AEIS et espérer qu'une place soit libre. La date limite pour les inscriptions en 2023 est début juillet.
Tous les détails sur les critères de sélection et admissions en primaire pour les étudiants internationaux, sont trouvables sur l'excellent site du Ministry of Education : Admissions process for international students.
Quel Curriculum
La primaire singapourienne dure six ans. Le cursus commun est en anglais. Parfait pour faciliter l'intégration des élèves parlant bien la langue de Hugh Grant. Cependant, attendez-vous à ce que leur accent soit plus Singlish que Etonian.
Les principales disciplines enseignées dès le P1 sont l'anglais, la langue maternelle (MTL), et les mathématiques. Les enfants reçoivent aussi des cours d'humanisme avec des leçons de musique, d’activités artistiques, d'observation de la nature et des cours de citoyenneté.
À partir du P3, les sciences deviennent une matière à part, avec pour objectif principal de susciter la curiosité. De plus, les enfants peuvent choisir de rejoindre des activités extra-scolaires (CCA). Les CCA sont organisées par l'école, souvent gratuites, et la plupart du temps en après-midi. Elles vont des classiques footballs et violons, au Tchoukball, Sepak takraw et Scouts.
À partir du P5, les élèves se préparent pour le fameux PSLE (Primary School Leaving Examination), qui va déterminer le choix d'école secondaire. Le programme est très dense et introduit de nombreux concepts. Cela permet aux écoles et aux élèves de se concentrer sur la préparation au PSLE en P6 avec beaucoup de révisions. Vu l'importance de cet examen dans le système local, le MOE accepte très rarement de nouveaux élèves en P5 et presque jamais en P6.
La langue maternelle
Les trois langues maternelles enseignées à Singapour sont le malais, le mandarin et le tamoul, comme très bien expliqué par Karine Lespinasse dans son article Quelles langues les Singapouriens parlent-ils à l’école ?
Si vous souhaitez que votre enfant apprenne une langue locale, il est préférable qu'il en ait des notions. Pour les petites sections, les professeurs prennent le temps de mettre à niveau les élèves dont les parents ne parlent pas la MTL choisie. À partir du P3, la séparation en groupe de niveau commence, au sein de la même classe. Cette séparation s’accentue en P5 avec l’introduction de classes dites “fondation” pour offrir un cursus moins dense et plus accès oral pour les élèves qui en ont besoin.
Il est possible de demander une exemption pour étudier une langue non-officielle telle que le français, l'allemand ou le japonais « comme langue maternelle ». Libre à vous de lui donner des cours ou de lui payer des leçons à l'Alliance Française.
Il faut savoir cependant que seules les MTL de Singapour sont notées avec un barème complet pour le PSLE. Le choix d’opter pour une MTL locale ou une exemption n’est donc pas anodin si vous et votre enfant souhaitez continuer dans le système local pour son secondaire.
Quel rythme scolaire ?
L'année scolaire démarre début janvier et se termine vers la mi-novembre. L'année se répartit en deux semestres, avec un mois de vacances en juin. Les enfants ont aussi une semaine de vacances au milieu de chaque semestre, en mars et en septembre.
La journée commence vers 7h30 par un moment de lecture silencieuse dans le hall pour tout le monde, avant d'écouter le Majulah Singapura et prêter allégeance au drapeau. Les classes se dirigent ensuite vers leur salle respective.
Vers 10h00, les enfants ont une pause “brunch”, suivi d’une période de récréation d’une quinzaine de minutes. Chaque école a son mini food court ou les enfants peuvent acheter leur repas si vous ne leur en avez pas préparé un. La journée se termine vers 13h00. Les CCA ont lieu après.
Une vidéo du MOE sur le déroulement d’une journée en P4 :
Qualité de vie ? Kiasu much ?
Un des avantages du système de choix des écoles lors de l'entrée en primaire est que les enfants résidents permanents et internationaux se retrouvent dans des écoles dites “de quartier” moins prisées. Cela permet d'éviter les institutions réputées où les parents poussent leur progéniture à performer dès leur entrée en P1 à coups de cours de soutien et d’ « enrichment » personnel.
Les programmes sont les mêmes, les livres sont les mêmes, les professeurs ont les mêmes qualifications et le MOE choisit leur affectation. La qualité de l'enseignement est donc le même et beaucoup d'efforts ont été faits ces dernières années pour offrir une éducation plus holistique.
À noter toutefois quelques points qui peuvent en rebuter certains :
- Les classes sont de 30 à 40 élèves pour un professeur et un assistant.
- La question de l’uniforme est prise très au sérieux, pour les filles comme pour les garçons. L'uniforme doit être réglementaire jusqu'à la couleur des semelles de chaussures. De même pour les coupes de cheveux : pas de cheveux longs pour les garçons, ou de barrettes bariolées pour les cheveux des filles.
- Si elle se fait de plus en plus rare, la punition corporelle est encore une possibilité pour les infractions très sérieuses.
- La vaccination est obligatoire. Si votre enfant n'est pas vacciné contre la rougeole et la diphtérie, il le sera d'office dès que l'école s'en sera rendu compte, sans vous en demander permission.
En conclusion
Si l’école locale n’est pas recommandée pour les expatriés qui transitent par Singapour, elle peut être une option intéressante pour ceux qui veulent se poser plus longtemps dans la cité-Etat. Surtout que les écoles “de quartier" qui ont de la place pour les étudiants internationaux se retrouvent avec des classes plus multiculturelles et moins de parents « hélicoptères » ou « tigre ».
Cela rend les journées d’harmonies raciales organisées par les écoles, où les enfants peuvent venir en habits traditionnels et partager sur leurs us et coutumes, plus diverses et internationales. Même dans ses écoles locales, Singapour est très internationale et ouverte sur le monde.
Pour le plus grand plaisir de nos garnements qui vont à l'école le pas léger, impatients d'y retrouver leurs copains et professeurs.