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Kahchun Wong, la musique en partage

Kahchun Wong @Voilah2020Kahchun Wong @Voilah2020
Kahchun Wong dirigeant l’Orchestre National d’Île-de-France à l’occasion du festival vOilah! 2020
Écrit par Angela Quero
Publié le 22 décembre 2020, mis à jour le 25 décembre 2020

L’Orchestre National d’Île-de-France dirigé par le chef d’orchestre singapourien Kahchun Wong a été l’un des temps forts de la clôture du festival vOilah! 2020. Cette collaboration artistique d’envergure a bénéficié de technologies innovantes de la startup française de musique classique NomadPlay  permettant aux musiciens singapouriens de jouer virtuellement aux côtés de l’Orchestre National d’Île-de-France des classiques français tels que Prélude à l’Après-midi d’un Faune de Claude Debussy et Symphonie en ré mineur de César Franck.

A cette occasion, Lepetitjournal.com a eu l’opportunité d’interviewer Kahchun Wong, cornettiste, compositeur, premier Singapourien et asiatique à remporter le 1er prix du concours international de direction Gustav Mahler et actuellement chef principal de l'Orchestre Symphonique de Nuremberg depuis 2018 à seulement 34 ans.

 

Votre parcours est une inspiration pour tout musicien à Singapour ! Comment le vivez-vous au quotidien ?

En tant que musicien, j’ai le privilège de vivre une expérience intime et être en communion avec ce bel art qu’est la musique. Lors des répétitions ou des concerts, il y a des moments où on peut être profondément ému par la musique.
La musique connecte les gens ensemble. C’est un langage universel qui ne nécessite pas de mots pour communiquer.

 

Ce pouvoir de la musique que chacun d’entre nous peut ressentir reste cependant considéré comme réservé à l’élite lorsqu’il s’agit de musique classique. Vous avez co-fondé le projet Infinitude avec Marina Mahler, arrière-petite-fille du compositeur Gustav Mahler dans l’intention d’apporter la musique classique à tous. Dans ce cadre vous avez collaboré avec Child at Street 11 une association pour l’éducation d’enfants défavorisés. Comment cela s’est-il déroulé ? Qu’avez-vous appris d’eux ?

Depuis 2017, je suis volontaire à Child at Street 11. La fondatrice et responsable Nirmala Murugaian est devenue une très bonne amie, mentor et conseillère. Cette femme visionnaire et son équipe éducative m’ont encouragé à explorer et créer des projets musicaux innovants avec les enfants. Ces dernières années j’ai eu l’opportunité de faire plusieurs passages à Singapour entre mes concerts en Europe et Asie, me permettant souvent de passer des journées entières au centre, avec les enfants. L’année dernière j’ai fait au moins 8 voyages à Singapour pour un projet d’écriture de chansons avec eux. C’était avant le Covid. Tant de choses ont changé depuis Mars 2021.

Les enfants ont pris part à une grande diversité d’expériences musicales : ils ont assisté à des opéras présentés à l’Esplanade, ont enregistré la chanson populaire Dayung Sampan qui a été retransmise à un public de 65 000 personnes en Allemagne, ont organisé leur propre concert inclusif et sensoriel, Red Bean Concert, à Kebun Baru Community Club et ont également composé leur propre chanson.

J’ai toujours ressenti, et ressent encore, que j’ai été le plus chanceux. En tant que musicien nomade, il est facile de passer des heures à étudier ou répéter seul le prochain concert. Mes contacts fréquents avec Nirmala, son équipe éducative et les enfants m’ont permis de garder les pieds sur terre et m’ont inspiré. J’arrivais souvent au centre en plein décalage horaire et vraiment fatigué. Je le quittais regénéré par l’enthousiasme et la créativité des enfants. Cette curiosité enfantine est exactement ce que les artistes aimeraient avoir. Ils m’ont aidé à devenir meilleur.

 

Kahchun Wong @Voilah2020
Kahchun Wong au centre Child at Street 11

 

La musique est un média parfait pour les jeunes enfants, elle accélère l’apprentissage et peut également les aider à comprendre mieux leurs émotions et à être plus à l’écoute des autres.
La musique classique tiendrait une grande partie de ses racines de la culture occidentale mais a également bénéficié de beaucoup d’influences asiatiques dès la fin du 18e siècle : Giacomo Puccini  utilisa l’air d’une chanson traditionnelle chinoise, Mo Li Hua (Fleur de jasmin), dans son opéra Turandot et reproduit l’exercice pour Madame Butterfly avec la chanson grivoise chinoise Shi Ba Mo (18 caresses)

Oui et l’un de mes compositeurs préféré, Claude Debussy, a entendu pour la première fois le gamelan, un ensemble instrumental traditionnel caractéristique des musiques javanaise et sundanaise, durant l’exposition universelle de Paris en 1889. Cela l’a fortement influencé pour la suite de ses œuvres.

 

Vous avez eu l’opportunité d’entrer dans le monde de la musique et d’apprendre le cornet à pistons à 7 ans (Primary 1) grâce au programme d’activités extra-scolaires (Co-Curricular Activities). De nos jours, les enfants ne commencent ce programme qu’à partir de 9 ans (Primary 3).
L’apprentissage de la musique a plus d’impact lorsqu’il débute à un jeune âge, aimeriez-vous créer un curriculum musical en partenariat avec des écoles maternelles ou l’ECDA (Early Childhood Development Agency) ?

A mon époque le CCA était encore connu sous le nom ECA (Extra-Curricular Activities). Je n’étais pas au courant du fait que les enfants n’y ont désormais plus accès avant Primary 3. J’avais l’impression que nous avions plus de temps libre durant les premières années de primaire. Je me souviens que j’ai dû étudier à un rythme beaucoup plus soutenu dès Primary 4 pour les examens.
Je n’ai absolument aucune qualification en pédagogie musicale et je n’oserai pas construire seul un curriculum cependant je vois vraiment les avantages pour les jeunes enfants d’un environnement créatif basé sur les arts. Je continuerai à aider mes collègues en éducation artistique dès que l’opportunité se présentera.

 

Kahchun Wong @Voilah2020
Kahchun Wong par Angie Kremer

 

Vous n’êtes pas étranger aux performances digitales :

 

C‘est un outil merveilleux pour connecter les gens entre eux. Pensez-vous que cela puisse aider à rendre la musique classique moins intimidante et plus accessible ?

Etant de la génération jeux vidéos et médias sociaux, j’ai une grande curiosité à expérimenter tout support digital me permettant de partager mon amour pour la musique au plus grand nombre.
Dans tous ces projets, j’ai été extrêmement chanceux d’avoir le support d’excellents partenaires permettant d’en faire une réalité. L’accès à la musique est un droit, pas un privilège.

 

Du groupe de métal progressif Dream Theater en passant par Queen et l’artiste local JJ Lin, vous avez un goût musical assez éclectique ! Y’a-t-il une chance un jour d’entendre un concert symphonique Kahchun Wong x Dream Theater ?

Durant mes années de service militaire j’ai écouté en boucle Dream Theater. Mon album préféré est Six Degrees of Inner Turbulence qui suit le même schéma qu’une musique symphonique. Il était également sur ma playlist durant le Circuit Breaker à Singapour. Je faisais de longues marches autour de mon quartier avec cette musique aux oreilles. Si DT vient à Singapour, j’en suis !

 

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