Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

David Picard, ou le mariage de la médecine occidentale et de la médecine chinoise

David PicardDavid Picard
@ Moleac
Écrit par Jean-Michel Bardin
Publié le 29 juin 2022, mis à jour le 11 août 2022

En 2003, après dix ans passés au Boston Consulting Group (BCG), ce polytechnicien a monté à Singapour une société pharmaceutique, Moleac, avec un produit utilisant des composants de la médecine chinoise traditionnelle (TCM) pour aider les personnes ayant subi un accident vasculaire cérébral (AVC) à récupérer leur indépendance.

 

David, qu’est-ce qui vous a amené à Singapour ?
Après avoir terminé mes études, je suis entré au BCG, ce grand groupe international de conseil en stratégie, où j’ai passé dix ans, dont une partie dans le domaine de la santé. Dans ce cadre, j’ai eu l’occasion de travailler en Chine, où j’ai rencontré mon épouse, Sud-coréenne. En 2003, avec l'un de mes clients, j’ai alors décidé d’explorer le potentiel de la connaissance empirique de la médecine chinoise pour développer de nouveaux médicaments en Occident. C’est ainsi qu’est né en 2003 Moleac, dont je suis le CEO. Nous avons choisi de la localiser à Singapour pour diverses raisons : accès à la médecine asiatique, expérience de mon partenaire, rigueur de la propriété intellectuelle, incitations financières de l’EDB (Economic Development Board), et diffusion de la TCM. Ma famille
m’y a rejoint en 2005.


Que pouvez-vous dire sur votre société et sur son produit ?
Pour le moment, nous ne fabriquons et ne commercialisons qu’un seul produit : NeuroAiD. C’est un produit naturel combinant plusieurs composants actifs, dont neuf extraits d’herbes, sous forme de capsules. Il vise à une récupération plus complète et plus rapide pour les personnes ayant souffert d’un AVC ou d’un traumatisme cérébral. Il a été démontré que les composants du produit favorisent la capacité du cerveau à se réparer par lui-même, en stimulant la neuroplasticité (les fonctions reposant sur la zone du cerveau affectée peuvent ainsi être relocalisées ailleurs), la neurogenèse (régénérescence des cellules nerveuses), et l’angiogenèse (développement de nouveaux vaisseaux capillaires à partir de capillaires préexistants). Ce produit, qui a fait l’objet d’essais cliniques probants, est aujourd’hui disponible dans 35 pays, notamment en Asie du Sud-Est, au Moyen-Orient, et en Europe de l’Est. Il est fabriqué à Singapour et en Chine. La société a une quarantaine de collaborateurs, dont une dizaine de professionnels de santé (médecins et pharmaciens). Notre recherche a débouché sur une cinquantaine de publications scientifiques depuis 2009 et nous avons reçu l’année dernière la National Business Award de la Singapore Business Review pour le secteur pharmaceutique.


Que faites-vous en dehors des activités professionnelles liées à votre société?
Le métier de CEO d’une entreprise internationale ne laisse que peu de loisirs. Je consacre du temps à ma famille (j’ai trois enfants, dont deux encore à Singapour), et me dépense en faisant du vélo et de la natation. Par ailleurs, j’apporte mon expérience d’entrepreneur au conseil d’administration d’une société de transport maritime, une société basée à Singapour, qui possède et opère des bateaux économes en carburant et respectueux de l’environnement, transportant notamment du gaz de schiste entre les Etats-Unis et l’Europe. Enfin, je suis membre de la section locale de la Confrérie des Chevaliers du Tastevin, qui organise régulièrement des réunions de dégustation de vins.


Comment avez-vous vécu la pandémie ?
Les restrictions de voyage ont transformé la manière dont on travaillait, notamment en limitant les rencontres avec nos partenaires à l’international. Ces mêmes restrictions m’ont par ailleurs permis de passer plus de temps en famille. La pandémie n’a eu que peu d’impact sur notre développement et sur nos essais cliniques. Elle a en revanche poussé à une transformation de notre mode de travail. Nous avons aussi porté une attention particulière au bien-être de nos employés. Par ailleurs, nos équipes se sont efforcées d’apporter leur soutien et contribution aux hôpitaux et professionnels de santé qui étaient en première ligne pendant la crise sanitaire.


Comment voyez-vous votre avenir ? A Singapour ? Ailleurs ?
J’apprécie beaucoup la vie à Singapour. Les choses y sont plus simples et plus flexibles, notamment au niveau des procédures administratives. C’est un pays neuf et dynamique, où les gens sont positifs. Et puis c’est le meilleur aéroport du monde, ce qui est important tant sur le plan professionnel que personnel. Mon épouse et moi-même, qui sommes PR, n’envisageons pas de partir à horizon prévisible.

 

 

polytechnique
Singapour représente moins de 0,2 % de la population de l’Asie. Ce pays n’en regroupe cependant pas moins de 25% de la population polytechnicienne résidant sur ce continent, soit plus d’une centaine d’entre eux. Beaucoup sont de jeunes entrepreneur(se)s attiré(e)s par le dynamisme et la qualité de vie de la cité-Etat.

Sujets du moment

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions

    © lepetitjournal.com 2024