Si l’on en croit les mots d’André Breton, il n’y aurait que deux choses à faire avec un drapeau ; le brandir à bout de bras ou le serrer avec passion contre son cœur. Chargé de mystères et d’émotions parfois contradictoires, le drapeau d’une nation est le porte étendard de ses valeurs, de son histoire et de son folklore.
L’esthétique de la « Bandiera a tre colori italiana » est définie par l’article 12 de la Constitution de la République Italienne, publiée dans une édition extraordinaire de la Gazzetta Ufficiale n°298 du 27 décembre 1947. Témoignage vibrant de la longue et ardue unification de la péninsule italienne, la Bandiera ornée de ses bandes verticales verte, blanche et rouge fut interdite pendant trente ans par le traité de Vienne. En 1848, Charles Albert, souverain de Sardaigne demanda que l’on y ajoute les armoiries de Savoie. Mais ce n’est qu’à partir du 19 juin 1946 que le drapeau adoptera sa forme définitive, devenant ainsi la bannière officielle de la République Italienne.
Il existe différents mythes quant à l’origine du drapeau italien et à la signification de ses couleurs. Or, si certaines semblent tout à fait réalistes, d’autres au contraire apparaissent quelque peu farfelues. À l’école, les petits italiens apprennent que la bande verte habillant le drapeau symbolise les collines des Monts Apennins, le blanc la neige des Alpes et le rouge le sang des martyrs qui tombèrent au cours des trois guerres d’Indépendance contre la domination autrichienne, au XIXème siècle.
En raison de sa physionomie, certains adressent la paternité du drapeau italien au drapeau français. Il serait une variante du drapeau révolutionnaire de 1790. L’inspiration de la Bandiera serait venue des troupes napoléoniennes, tandis qu’elles traversaient l’Italie en arborant fièrement la bannière tricolore bleu, blanc et rouge. La couleur verte qui le différencie du drapeau français aurait trois sources : l’uniforme de la garde civile milanaise, un symbole maçonnique de liberté et d’égalité, ou l’inclination de Napoléon pour la couleur verte. Ces couleurs furent utilisées sur le drapeau italien pour la première fois le 7 janvier 1797, lors de la proclamation de la République Cispadine par Napoléon Bonaparte.
Une autre théorie, plus poétique et religieuse, suggère que la Bandiera italienne serait une référence au 18ème chant du « Purgatoire » issu de La Divine Comédie de Dante Alighieri. L’auteur y décrit sa muse Beatrice Portinari en usant des couleurs des trois vertus théologales, à savoir le vert pour l’espoir, la félicité et la connaissance, le blanc pour la foi et le rouge pour la charité, ou plus précisément l’Amour divin.
Il est possible que la dernière théorie vous surprenne, et pourtant il s’agit d’une idée relativement rependue. Le drapeau tricolore italien serait en fait un clin d’œil culinaire faisant référence, aussi bien à la « pasta bianca con sugo e basilico » qu’à la « pizza margherita ».
Cela peut paraître complètement fantaisiste et pourtant lorsqu’on regarde bien, il y a comme un air de famille entre le drapeau et ces deux symboles de la cuisine italienne.