Un arrêté royal datant de 1933 interdisait jusque-là aux étudiants de s’inscrire à deux diplômes simultanément. Avec l’approbation d’une nouvelle loi, le Parlement italien ouvre la voie à l’interdisciplinarité.
L’abrogation à large majorité d’une loi archaïque
Née sur initiative parlementaire en 2020, et approuvée par la chambre des députés en octobre 2021, la loi vient d’être adoptée par le sénat italien frôlant l’unanimité (178 oui, 4 abstentions et 5 non). Ainsi est abrogée la loi de 1933 née sur arrêté royal, qui paraissait aujourd’hui archaïque.
Il sera donc possible pour les étudiants italiens de suivre simultanément deux cursus maximum, que ce soit dans la même université ou dans deux universités (ou écoles) différentes, à partir de l’année académique 2022-2023. La loi concerne aussi bien la laurea triennale (équivalent de la licence) que la laurea magistrale (master). Néanmoins, le même cursus (par exemple droit) ne pourra être suivi dans deux universités différentes, et il restera impossible de s’inscrire à deux doctorats à la fois.
Un règlement pour encadrer les demandes de doubles-diplômes est en cours d’élaboration, en collaboration avec les universités et des conseils étudiants, et devrait être rendu public par décret d’ici deux mois.
Promouvoir l’interdisciplinarité
Maria Cristina Messa, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, affirme qu’il s’agit d’un « grand résultat qui permet à notre pays de faire un pas en avant dans la formation universitaire, en accord avec le contexte international ». Le programme ministériel met en effet en valeur l’interdisciplinarité, pour façonner des profils variés, alors que ses voisins européens offraient déjà cette possibilité de combiner les diplômes simultanément.
Interrogations autour des inégalités
Trois ans après l’entrée en vigueur de la loi, la ministre devra présenter au Parlement un rapport sur l’impact de la loi, avec le nombre d’étudiants ayant choisi de s’inscrire à deux cursus, et ses effets dans la recherche d’emploi. L’impact sur les inégalités sera également scruté. En effet, la loi prévoit pour l’instant que ceux étant exonérés d’impôts pour un diplôme le soient également pour le deuxième, une mesure qui ne semble pas suffisante pour garantir un accès égal aux doubles-cursus.
Eléné Pluvinage