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Covid-19 : Témoignages des situations à Rome et en France

témoignage coronavirustémoignage coronavirus
Écrit par Le Petit Journal de Rome
Publié le 21 mars 2020, mis à jour le 21 mars 2020

Laëtitia et Sandrine résident toutes deux à Rome. Mais alors que Laëtitia a fait le choix de rester en France pendant la période de confinement romaine, Sandrine est restée dans la capitale italienne avec sa famille. Elles ont accepté de rédiger leur témoignage pour Le Petit Journal de Rome.

sandrine témoignage confinement

 

Nous sommes une famille expatriée franco-belge avec deux enfants qui vit depuis deux ans et demi à Rome dans le quartier Salario non loin de Castro Pretorio.

Depuis le confinement, ma fille, âgée de 17 ans qui prépare le bac, est enfermée du matin au soir devant ses bouquins et son ordinateur. Elle cumule les visioconférences, les lectures obligatoires, les révisions, les dissertations dans diverses matières. Elle en a d'ailleurs mal au cou ! Elle est assez soucieuse au sujet de l'organisation de l'examen surtout pour les épreuves anticipées qui approchent à grand pas.

Pour mon fils âgé de 11 ans, l'organisation est assez difficile à gérer seul. Maman assure donc la relève des professeurs pour l'accompagner tout au long de la journée pour faire les devoirs mais aussi apprendre les cours, préparer le programme quotidien. Il gère par contre seul les visioconférences avec ses professeurs. J'essaie aussi de l'aider à trouver des occupations diverses. On fait du dessin, de la peinture, de la pâtisserie un peu de jeux sur écran mais on va aussi sur notre terrasse pour faire de la jongle et quelques exercices physiques. On essaie d'inventer des jeux aussi : on a trouvé des défis qu'on se lance avec un ami de mon fils ; un jour, un défi.

Je suis personnellement à l'affût des choses intéressantes qui sont proposées du point de vue culturel ; je prévois pour ce week-end des visites virtuelles de musées mais aussi de se faire un cinéma à la maison. 

Mon mari assure son travail à distance depuis la maison. Pour ma part, cela n'est pas possible. Travaillant à la tête d'un atelier de couture et à la mise en place d'une école de mode gratuite pour les migrants, réfugiés demandeurs d'asile ou les personnes sans emploi, je ne peux malheureusement rien faire à distance si ce n'est sur l'administratif ou la communication. Mais cela reste très peu. Et très honnêtement, vu le rythme scolaire de mon fils, cela me serait difficile d'assurer un télétravail à part entière.

Je n'ai jamais songé à retourner en France ou en Belgique (pays d'origine de mon époux). Notre lieu de vie se trouve ici et je ne me voyais pas aller vivre dans ma famille ou ma belle-famille pour une période qui reste à ce jour encore indéterminée.

Par rapport aux informations, nous faisons de plus en plus attention aux infos qui circulent. Il y en a à prendre et à laisser. On essaye de croiser les informations. Je pense que nous recevons trop d'informations sur la situation au risque de créer une atmosphère de psychose. Pour notre part, ce qui nous importe aujourd'hui c'est de respecter les autres et pour cela de ne pas entraver les règles qui nous ont été imposées pour le bien de tous.

Mon quartier est en général assez bruyant la journée. Depuis le début du confinement il est incroyablement silencieux. cela fait un bien fou. On entend en pleine journée les oiseaux chanter et c'est très agréable. Nous n'avons pas de flashmob organisé régulièrement comme dans d'autres quartiers de Rome, mais un ou une joueuse de flûte traversière qui nous fait profiter de ses répétitions de grande qualité. 

Je suis en charge de faire les achats de première nécessité et j'essaie de limiter mes déplacements à trois fois par semaine. Je suis très agréablement surprise par la discipline des gens. Je n'aurai pas cru que les romains allaient être aussi disciplinés en matière d'espacement entre les individus mais aussi de respect des files d'attente. Les gens me paraissent plus calmes. Les files d'attente ne les font pas râler, ils semblent en mode pause. 

Notre plus grande inquiétude réside dans la gestion de la propagation du virus et le temps que cela va prendre pour endiguer cette pandémie et nous craignons que ce virus revienne à un autre moment. J'espère que cet épisode va nous permettre de changer notre façon de faire et nous faire voir à quel point il est urgent de prendre soin de notre environnement et de nous-mêmes. Notre société doit changer et revenir à l'essentiel.

 

Sandrine Flament

 

 

témoignage confinement

 

A l’annonce de la fermeture des établissements scolaires italiens jusqu’au 3 avril au moins, mon séjour français devant initialement prendre fin le 9 mars fut prolongé. Je fis face à un dilemme : valait-il mieux rentrer à Rome où la situation semblait prendre des tournures de plus en plus drastiques, ou rester à Paris où la vie continuait plus ou moins son long fleuve tranquille ? Car malgré l’état d’urgence qui se faisait fortement ressentir aux vues des évolutions mondiales, le quotidien de beaucoup de français restait quasi imperturbé. Transports en communs remplis, restaurants et bars ouverts et fréquentés, musées visités, événements maintenus. 

Il est vrai qu’on ressentait une certaine méfiance collective et les gels hydro-alcooliques (denrée nouvellement rare) étaient devenus les acolytes de toute la population. Je décidai toutefois de rester à Paris avec une étrange impression de mise en suspens, comme si ma vie était en pause.

En France, ce n’est que le samedi 14 mars, à l’annonce de la fermeture de tous les commerces n’étant pas d’utilité publique à partir de minuit, que la situation commença véritablement à changer. Même si, malgré cette mesure drastique, une certaine inconscience, que j’ai partagé je l’avoue, persista dimanche 15 mars. Beaucoup de français se rendirent dans des parcs ou des marchés et profitèrent du beau temps avec une certaine insouciance. 

Une véritable prise de conscience collective n’aurait sûrement pas été possible sans l’annonce officielle d’Emmanuel Macron lundi 16 : toute la France était maintenant placée en quarantaine. L'obligation pour tous de rester confinés chez soi, comme cela était déjà le cas pour la population italienne depuis une voire deux semaines, était maintenant instaurée. 

Lundi 16, je me trouvais encore à Paris, les rues étaient pleines, les transports en commun étaient encore utilisés et même si les supermarchés manquaient de papier toilette, de farine, d’oeufs, de pâtes et de boîtes de conserve et qu’il fallait compter 45 minutes de queue, la vie semblait encore suivre son cours plus ou moins normal. Cela aller changer mardi 17 à 12h, aucune sortie ne serait plus possible sans attestation sous peine d’amende. 

J’ai pu quitter la capitale pour la banlieue parisienne pendant la nuit de lundi. Ici la lourdeur du confinement se fait moins ressentir. Les rues sont vides mais cela choque moins que sur les Champs Elysées ou le Champs de Mars. Mais que ce soit à Eaubonne, à Paris, à Rome ou partout dans le monde, je pense que l’imprévisibilité et l’incertitude entretiennent cette lourdeur anxiogène qui teinte notre quotidien. 

 

Laëtitia Caumes

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Publié le 21 mars 2020, mis à jour le 21 mars 2020

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