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Défaite de Trump: quel avenir pour Salvini et le populisme en Italie?

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Écrit par Anaïs Lucien-Belliard
Publié le 20 décembre 2020, mis à jour le 20 décembre 2020

En 2016, la victoire de Donald Trump aux États-Unis avait soufflé sur les braises des populismes en Occident, leur conférant de ce fait, vigueur et légitimité.

 

L’Italie, devenue en Europe, l’épicentre, le modèle et la cheffe de file de ces mouvements souverainistes et identitaires, vit l’émergence d’un leader charismatique, Matteo Salvini, bouleversé en quatre ans la politique italienne. Cependant, la défaite, désormais actée de Donald Trump à la présidentielle 2020, semble contraindre le secrétaire fédéral de la Lega Nord à plus de discrétion, et surtout, à repenser sa stratégie politique.

 

« J’espère qu’il va gagner. »

 

Après avoir affiché un soutien inconditionnel au président états-unien Donald Trump, pendant sa campagne, l’ancien ministre de l’Intérieur et vice-président du Conseil (2018-2019), Matteo Salvini fait profil bas depuis quelques semaines. Surnommé sarcastiquement « l'ultimo giapponese di Donald Trump » par le journal Globalist, en référence à l’étrange histoire d’Hirō Onoda, un soldat japonais ayant refusé de capituler, trente ans après la Deuxième Guerre mondiale, Salvini se retrouve aujourd’hui forcé de reconnaître la victoire de Joe Biden – qu’il n’a pas félicité – et de mettre au placard son masque « Trump 2020. »

Mais la défaite du président américain, bien que représentant un coup dure pour les nationalismes identitaires, ne signe pas la fin du « trumpisme » aux États-Unis, et encore moins celle du populisme en Italie. Né de la convergence des crises (économique, politique, migratoire) et des transformations socio-culturelles qu’a subies la botte ces vingt dernières années, le populisme est devenu la réponse providentielle de nombreux Italiens ayant le sentiment d’avoir été abandonné, aussi bien par les partis politiques « traditionnels », que par l’Union Européenne.

La pandémie de Covid-19 qui a ravagé la péninsule d’un point de vue sanitaire, social et économique lors des premières deux vagues, a creusé davantage les inégalités, et alimenté le terreau déjà favorable du nationalisme d’extrême droite. Partout, l’inquiétude et le doute règnent, au point qu’une étude du Pew Research Center a montré que dans la plupart des démocraties occidentales, les citoyens envisageaient leur avenir de manière bien plus pessimiste qu’après la crise de 2008. Ainsi, la dégradation de la situation économique se profilant à l’issue de la crise sanitaire, pourrait bien se révéler être une aubaine pour ceux qui, comme Matteo Salvini et Giorgia Meloni (Fratelli d’Italia), souhaitent revenir en trombe sur le devant de la scène politique italienne. L’aspiration à un leadership fort, le sentiment d’insécurité grandissant, sans parler du ressentiment lié à l’arrivée chaque jour de nouveaux migrants, achèveraient de donner aux leaders populistes, les armes pour attiser l’antiélitisme, la défiance politique et les sentiments eurosceptiques qu’ils avaient réfréné durant les élections européennes de 2019. 

Pour autant, Matteo Salvini est loin de continuer à faire l’unanimité au sein même de son parti et fait face à de nombreuses critiques, notamment en raison de certains de ses choix stratégiques et de plusieurs échecs électoraux. Par ailleurs, la gestion catastrophique de la crise sanitaire de Trump, ainsi que d’autres chefs d’États populistes en Occident, a en partie desservi le politicien originaire de Milan. Il est cependant encore beaucoup trop tôt pour prédire avec certitude la fin de l’ère populiste en Italie, et de son « champion », Matteo Salvini.

Anaïs Lucien-Belliard
Publié le 20 décembre 2020, mis à jour le 20 décembre 2020

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