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Ces mystérieux trésors capitolins

Rome Trésor Philippe TroncinRome Trésor Philippe Troncin
Écrit par Karine Gauthey
Publié le 4 mars 2019, mis à jour le 4 mars 2019

Rome est un véritable foyer de recherche en tout genre et s’il vous prend l’envie de voguer un peu entre les différentes propositions pour y entendre gloser sur les myriades de découvertes qui forment cette majestueuse constellation qu’est la ville éternelle, vous y trouverez toujours votre pesant d’or !

C’est la besace prête à être remplie que nous avons assisté à la conférence de Philippe Troncin, archéologue et président de l’association Londras, qui s’intéressait à la genèse d’un bâtiment de l’époque impériale coincé entre le capitole et le Circo Massimo.

Philippe Troncin a évoqué durant près de deux heures le Spetizodium, édifice unique et perdu dans les méandres de l’histoire, construit par l’empereur Septime Sévère, qui a conquis le pouvoir à Rome à la fin du IIe siècle après Jésus-Christ après la chute des Antonins. L’histoire de ce bâtiment recoupe la longue histoire de divinisation des empereurs, qui forme le culte le plus officiel à Rome depuis Auguste dans l’antiquité.

En effet, ce monument, dont on peut retrouver des mentions chez quelques auteurs antiques et dans des documents du Moyen Âge, a été de nombreuses fois dessiné à la Renaissance, parfois avant sa destruction (selon le conférencier, en 1589 lors des travaux menés par Sixte V) ou après ; jusqu’à figurer de manière fantasmée sur le plafond de la chapelle Sixtine, en arrière-plan de la scène la « punition des rebelles ».

Histoire mouvementée

Le Spetizodium eut une histoire pour le moins mouvementée, comme c’est bien souvent le cas des vieilles pierres à Rome, notamment pour ses voisins comme le Colisée. Ce bâtiment n’est aujourd’hui plus visible, malgré une empreinte au sol qui peut encore apparaître sous la rangée de cyprès qui figure au coin septentrional du Palatin.

L’édifice, réputé fastueux aux dires des sources historiques, se présentait comme la porte d’entrée des africains arrivant à Rome (Septime sévère étant d’origine punique). Il comportait trois niches au milieu des trois étages de colonnades, il était parsemé de statues et les niches semblaient accueillir des fontaines.

On pourrait dire qu’il s’agit là d’un beau palimpseste à l’histoire de Rome. En effet, la bâtisse a été progressivement détruite par des causes naturelles (dès 443 comme le Colisée qui a été abandonné par les empereurs ostrogothiques suite à un tremblement de terre retentissant en méditerranée, puis une deuxième fois en 1349 ; là encore, le Colisée aurait subi des dégradations tout comme le phare d’Alexandre qui s’est écroulé à cette époque), mais aussi des causes humaines, telle que la destruction et la réutilisation des pierres par Sixte V.

De surcroît, deux sièges l’ont passablement abîmé : en 1084, et en 1257 sous les coups des principaux conflits secouant l’Italie pendant des siècles ; en 1084 par l’empereur Henri IV venu chercher sa couronne, et au cours de la lutte entre guelfes et gibelins.

Divinisation et célébration

Le Spetizodium a été d’abord un instrument de divinisation et de célébration ainsi que de commémoration de la famille impériale des Sévères avant de traverser l’histoire tel un météore perdant peu à peu sa forme originelle pour ne laisser aujourd’hui qu’une trace au sol. D’ailleurs, l’on remerciera Philippe Troncin pour le nombre important de témoignages picturaux exceptionnels en gravure ou en peinture.

Que l’on s’en amuse ou que l’on ressente une certaine mélancolie à voir ainsi de tels édifices se détériorer, on reconnaît que le plaisir est immense, comme toujours, à imaginer ce qui n’est plus, surtout avec l’aide de tant de documents que l’histoire et les hommes produisent.

S’il faut peut-être avoir des notions d’histoire pour s’y intéresser, il faut reconnaître que pour les amateurs, il y a un plaisir non feint à voir la ville que l’on traverse au quotidien s’orner de récits éructant de terres.

Nous remercions évidemment l’Union Française de Rome pour ce beau projet et ce beau morceau d’Histoire.

Karine Gauthey
Publié le 4 mars 2019, mis à jour le 4 mars 2019

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