Quand l’imagination devient réalité dans un monde en passe de s’écrouler, la magie se fait salvatrice. Nous sommes en 1943, Rome accueille un cirque un peu particulier où se produisent Matilde, Cencio, Fulvio et Mario, quatre jeunes « monstres humains » à l’amitié fraternelle inébranlable. Mais quand le drame de la Seconde Guerre mondiale s’empare de la Cité Éternelle, nombreux sont ceux qui pensent à échapper aux Nazis par l’océan Atlantique ; parmi eux, Israel. Malheureusement, dans sa tentative de fuite vers l’Amérique avec sa troupe, il disparaît brutalement. Livrés à eux-mêmes, les quatre amis se retrouvent alors exposés à la cruauté d’un monde en guerre dominé par le Mal.
Présenté à l’occasion de la 78eMostra de Venise, Freaks Out, le nouveau long-métrage de Gabriele Mainetti est une œuvre visuelle nous promettant humour, féérie et action. Placé au cœur d’une Rome assujettie par les Nazis, ce drame historique à la fois sombre et coloré nous replonge au cœur de l’univers complexe des cirques des années 1940.
Un titre à la double signification
Le point de départ esthétique de Freaks Out est sans aucun doute le néoréalisme italien, un mouvement cinématographique ayant justement fait son apparition au cours de la Seconde Guerre mondiale. Entre cynisme et sarcasme, son titre fait aussi bien référence à la condition naturelle des protagonistes – phénomènes de foire, condamnés à monétiser l’objet de leur ostracisation sociale – qu’à l’expression familière « to freak out », en français, « péter un câble » ou « devenir dingue ».
Admirablement réalisé, le long-métrage de Mainetti a nécessité pas moins de deux ans de post-production avant d’être enfin présenté au public. Et si quelques critiques ont relevé une certaine légèreté, fainéantise, voire même du mauvais goût dans l’« invocation de invocation de l’Holocauste comme raccourci narratif », d’autres, en revanche, ont su apprécier la sincérité de l’approche du réalisateur de On l'appelle Jeeg Robot (2015) dans son exploration de ce pan parfois négligé de l’Histoire contemporaine italienne.
Transporté dans un monde où les paillettes et les bombes tombent ensemble, le souvenir cuisant d’un fascisme s’habillant d’antisémitisme ne peut qu’émouvoir et troubler, à l’image de La Vie devant soi d’Edoardo Ponti.